« La prochaine saison de pêche à la ouananiche s’annonce plutôt moyenne en regard de la faible abondance de l’éperlan en 2021. » Voilà ce qu’on peut lire dans le rapport annuel de la Corporation LACtivité pêche (CLAP), qui gère les activités de pêche sur le lac Saint-Jean, publié dernièrement et qui fait état des activités dans l’Aire faunique communautaire.
Après une récolte record de plus de 12 000 ouananiches par les pêcheurs sportifs dans le lac Saint-Jean en 2020 (la meilleure saison des 25 dernières années), le succès de pêche a planté de plus de la moitié, la saison dernière, en 2021, passant à 6400 captures, dont plus de 1000 ont été remises à l’eau.
On constate le même genre de baisse pour ce qui est des remontées des géniteurs en rivière. Après la remontée record de 1642 ouananiches dans la rivière Mistassini en 2017, la montaison est passée à 577 en 2018 pour atteindre 1400 en 2019. Ce chiffre a atteint 1358 en 2020 pour chuter à 291 ouananiches en 2021. Il s’agit du cycle normal de la pêche à la ouananiche, qui connaît des périodes d’abondance et de rareté. Un cycle de relation proie-prédateur qui se répète plus ou moins aux dix ans.
La prochaine saison de pêche à la ouananiche s’annonce plutôt moyenne en regard de la faible abondance de l’éperlan en 2021.
Quand il y a beaucoup de ouananiches dans le lac, elles bouffent tous les éperlans. Quand il n’y a plus d’éperlans, les ouananiches meurent de faim, c’est probablement ce qui s’est passé l’été dernier. Quand il ne reste pas beaucoup de ouananiches dans le lac, l’éperlan en profite pour se reproduire et croître sans se faire bouffer, et le cycle recommence.
Les montaisons de 2022 seront un bon indicateur pour savoir si les modes de gestion des 20 dernières années et l’aménagement de frayères à éperlans pourront contrecarrer la chute drastique des populations aux dix ans, comme ce fut le cas il y a une décennie. Rappelons que la saison 2022 débute le 15 mai.
Le suivi triennal des 25 frayères pour l’éperlan aménagées dans le lac Saint-Jean durant l’hiver 2017 a révélé des résultats satisfaisants. La CLAP prévoyait en aménager 42 autres durant l’hiver 2022, mais une semaine avant le début du projet, Rio Tinto a informé la CLAP que le niveau du lac serait plus élevé qu’à l’habitude. Les aménagements ont dû être reportés à 2023.
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Retour sur 2021
Outre la baisse de récolte de la ouananiche, le président de la CLAP, Marc-André Gagnon, rappelle, dans le rapport annuel, comment l’été dernier a connu des journées chaudes, le qualifiant de caniculaire, avec des niveaux d’eau très bas dans les rivières.
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Espèce menaçante
Le président Gagnon a aussi profité du rapport annuel pour attirer l’attention des pêcheurs sur les menaces qui planent sur l’écosystème du lac Saint-Jean.
« L’achigan à petite bouche, introduit de main d’homme au lac des Habitants à Lamarche vers 2015, est maintenant rendu dans la Grande-Décharge et la Petite-Décharge, au pied ou presque des barrages de Rio Tinto. On doit éviter à tout prix l’introduction de ce prédateur piscivore vorace et prolifique dans le lac Saint-Jean, car il pourrait s’y accaparer une grande partie des poissons-fourrages, au plus grand détriment de la ouananiche, du doré et de la pêche sportive telle que nous la connaissons. Il est donc essentiel de se sensibiliser et se discipliner en conséquence, tant individuellement que collectivement », met en garde Marc-André Gagnon dans son mot du président.
L’auteur du rapport rappelle l’ouverture de la saison moins fructueuse qu’habituellement en raison du départ des glaces à la mi-avril, du jamais-vu depuis 1945. « La pêche fut passablement prolifique en mai-juin dans les secteurs habituels. Elle a ensuite décliné radicalement à compter de la Saint-Jean-Baptiste, l’éperlan et la ouananiche se faisant alors beaucoup plus rares et plus dispersés, au point où les bancs de poissons des deux espèces ont disparu des sonars », peut-on lire dans le rapport de la CLAP.
En 2021, plus de 16 400 unités de droits de pêche, soit 200 de plus qu’en 2020, ont été vendues. La pêche à la ouananiche a aussi profité de l’engouement des Québécois pour les activités de plein air.
Pour ce qui est de la pêche au doré, la CLAP estime qu’il s’est capturé près de 114 000 dorés, l’an dernier, dans le lac Saint-Jean, dont plus de 7600 durant l’hiver. La meilleure saison depuis 2013, selon la CLAP.