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Les spectateurs au rendez-vous

Lundi soir, lors de la finale du March Madness, il y avait plus de 70 000 spectateurs, en Nouvelle-Orléans, pour assister à l’ultime rencontre visant à sacrer les grands champions du basketball universitaire américain.

CHRONIQUE / Après deux ans de pandémie, les images des stades remplis qui nous arrivent des quatre coins du continent depuis quelques semaines nous permettent d’espérer que le pire soit bel et bien derrière nous.


Il est encore trop tôt pour faire un bilan, mais il semble que les amateurs se soient ennuyés des grands rassemblements sportifs. C’est une très bonne nouvelle, même si la COVID-19 n'a pas fini d'avoir des conséquences sur les équipes sportives dans les prochains mois et prochaines années. 

Lundi soir, lors de la finale du March Madness, il y avait plus de 70 000 spectateurs, en Nouvelle-Orléans, pour assister à l’ultime rencontre visant à sacrer les grands champions du basketball universitaire américain. Les assistances des deux premiers tours du tournoi féminin ont battu un record vieux de 2004, un autre signe qui montre que les gens veulent encore se déplacer pour assister à des événements.

Au hockey, la Ligue nationale réussit à éviter le pire en 2021-2022, saison marquée par la cinquième vague de COVID-19. À la vue des rapports d’assistances, on peut conclure que le report de plusieurs dizaines de matchs et l’imposition de restrictions sanitaires n’ont pas trop ébranlé la ferveur des partisans. 

Le Canada et les États-Unis, deux mondes

Il y a toutefois un fossé énorme qui sépare les équipes canadiennes et de l’ouest américain puis celles du Sud. On parle de deux mondes.

Prenons les Sharks de San Jose, dont les assistances sont en baisse de 30 % en comparaison avec la dernière saison «normale», celle de 2018-19. Il y a un mois à peine, le président du club, Jonathan Becher, mettait la forte diminution des foules au SAP Center sur le compte de la COVID.

La baisse aux guichets n’épargne pas les autres formations de la Californie, les Ducks d’Anaheim et les Kings de Los Angeles, même si cette dernière tire pourtant son épingle du jeu sur la patinoire. 

Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que tous les clubs canadiens sont dans le rouge dans la colonne des assistances. Ça peut bien sûr s’expliquer en raison des nombreux matchs présentés à huis clos ou avec des limitations de capacités d’accueil. Dans les circonstances, les baisses ne sont pas dramatiques.

La bonne fin de saison du Canadien sauve la mise à Montréal, mais les multiples restrictions sanitaires imposées par la Santé publique au Centre Bell auront tout de même eu d’énormes conséquences financières pour le CH. 

Les pertes de la saison en cours se chiffreront en millions de dollars et pour la première fois depuis longtemps, le Canadien ne figurera pas parmi le peloton de tête des équipes les plus populaires de la LNH. 

Le portrait des assistances de la LNH en sol canadien tranche avec les performances des formations du Sud des États-Unis, comme les Panthers de la Floride, les Hurricanes de la Caroline et le Lightning de Tampa Bay, qui affichent à peu près toutes un bilan à la hausse.

Et la LHJMQ?

Chez nous, au Québec, les lendemains semblent difficiles dans quelques marchés de hockey junior. Plusieurs équipes s’inquiètent du nombre de sièges vides dans les amphithéâtres de la LHJMQ.

Dans les dernières semaines, le président des Foreurs de Val-d’Or, Dany Marchand a même signé une lettre ouverte sur les réseaux sociaux pour lancer un cri du cœur aux partisans de l’équipe implantée en Abitibi depuis 1993.

«Au départ, il y avait le passeport vaccinal, la distanciation, le masque, bien des facteurs qui pouvaient expliquer certains chiffres, a-t-il dit à mon collègue Steve Turcotte du Nouvelliste. Mais ces mesures disparaissent une par une, et on ne voyait pas beaucoup d’amélioration, alors on a décidé de poser un geste.»

Les chiffres d’achalandage au Centre Agnico Eagle n’ont effectivement rien d’impressionnants. Pour la cinquième année d’affilée, les Foreurs termineront parmi les deux équipes les moins suivies de tout le circuit. La moyenne actuelle de 1173 spectateurs est inquiétante.

«Avec l’inflation, on va payer plus en équipement, en transport. C’est plus 2000 billets [vendus] dont on a besoin pour arriver…» a-t-il ajouté. 

Les Remparts de Québec, équipe la plus populaire de la LHJMQ avec une moyenne d’assistance de 6432 spectateurs par rencontre, trônent au sommet du circuit pour la 16année de suite si on exclut la campagne 2020-21 où il n’y avait pas eu de spectateurs dans les gradins des amphithéâtres québécois.

Voici quelques autres tendances depuis 10 ans dans le circuit de Gilles Courteau:

Titan d’Acadie-Bathurst: au 14e rang des assistances du circuit, l’équipe de la région Chaleur est en voie de connaître sa meilleure saison aux guichets en plus de 10 ans. 

Drakkar de Baie-Comeau: la formation de la Côte-Nord arrive bonne dernière du palmarès pour la première fois en une décennie. Baie-Comeau arrivait à attirer bien plus de gens dans le passé : au 11e échelon en 2013-14 et 13de 2011 à 2013.

Armada de Blainville-Boisbriand: Au 15e rang des assistances, l’équipe de la couronne nord de Montréal est en voie de connaître sa pire saison aux guichets en 10 ans. En une décennie, elle a perdu huit rangs.

Islanders de Charlottetown: Comme son rendement sur la glace, l’équipe de l’Île-du-Prince-Édouard a le vent dans les voiles. Avant-dernière du classement des meilleures assistances il y a 10 ans, Charlottetown se classe en milieu de peloton cette année, au 9e rang.

Olympiques de Gatineau: L’ouverture du Centre Slush Puppie a donné un second souffle aux Olympiques, la quatrième franchise la plus populaire cette année dans la LHJMQ. Au plus creux de leur descente dans le palmarès des assistances, les Olympiques ont descendu jusqu’en 15e place sur 18 (2018-19 et 2016-17). Leur dernière place dans le top-5 remontait à la saison 1996-97, année de leur conquête de la coupe Memorial.

Sea Dogs de Saint-Jean: La venue de la Coupe Memorial n’a pas eu d’effets majeurs sur la popularité des Sea Dogs, champions de trois coupes du Président depuis leur création en 2005. Depuis le début de la saison, le TD Station de Saint-Jean est le cinquième amphithéâtre le plus achalandé du circuit, sa moyenne des 10 dernières années.