Le Soleil vous résume les principaux éléments de ce plan dévoilé à six mois de la tenue d’élections générales au Québec.
Accès des patients
Tout part par le guichet unique d’accès à la première ligne. Ou GAP, pour ceux qui affectionnent les acronymes. Le réseau de la santé en est rempli.
L’idée est de n’avoir qu’une seule porte d’entrée pour le million ou presque de Québécois qui n’ont pas de médecin de famille.
Plus qu’une téléphoniste qui vous recommandera la plupart du temps de ne pas prendre de risque et d’aller à l’urgence, une infirmière pourra vous rediriger vers «le bon professionnel», infirmière, pharmacien, médecin ou autre, dans «un délai raisonnable». Selon le problème de santé et les soins requis.
Cela permettrait en plus de soulager les salles d’urgence.
On accédera à ce guichet par téléphone ou par le web.
Finie la promesse que chaque Québécois pourra voir un médecin à l’intérieur de 36 heures.
Le ministre Dubé promet que «la majorité» des Québécois qui n’ont toujours pas accès à un médecin de famille, donc plus de la moitié, soit environ 500 000, auront accès à ce guichet d’ici la fin de l’été. Quelques projets pilotes sont déjà en place dans certaines régions.
Organisation du travail
On compte réduire au minimum le temps supplémentaire obligatoire (TSO) tant décrié par les infirmières dans les dernières années, mais sans pouvoir l’éliminer complètement.
Le recours aux agences privées de placement de personnel nécessite aussi «un meilleur encadrement», dit le gouvernement. Mais pas aboli non plus.
La gestion locale des horaires devrait aider à résorber ces deux problèmes majeurs. «L’implication du personnel dans l’autogestion des horaires, par les personnes qui sont proches de l’action, fait partie intégrante de la solution», lit-on dans le document de 90 pages.
Alors que plusieurs intervenants et représentants du milieu de la santé ont assisté à la conférence de presse des ministres Dubé et Carmant mardi, à Montréal, soulignons l’absence de la Fédération interprofessionnelle du Québec, la FIQ, principal syndicat d’infirmières au Québec.
Recrutement de personnel
Les opérations de recrutement massif doublé de primes de rétention ont prouvé leur efficacité durant la pandémie. Reste à voir si ces ajouts vont rester à plus long terme.
«Il est clair qu’un effort soutenu de recrutement et de rétention du personnel sera nécessaire au cours des prochaines années afin d’améliorer l’accès aux services, tout en dégageant la marge de manœuvre requise pour offrir un environnement de travail attrayant et facilitant la gestion des situations de crise», indique le plan.
Plus de personnel rendra de plus la vie de celui qui est déjà en place plus facile et permettra d’augmenter la capacité hospitalière, problème criant mis en lumière par les vagues subséquentes de COVID-19 au cours des deux dernières années.
Soins à domicile
Le plan fait mention d’un «virage massif vers les soins à domicile». Virage déjà amorcé, dit le gouvernement, et qui va s’accélérer.
Au fil des décennies, les experts et les rapports qui recommandaient d’axer davantage les soins aux aînés sur les soins à domicile ont été légion.
Ici, on fait exemple d’un programme de soins palliatifs à domicile établi depuis plusieurs années à Verdun et qui «montre qu’il est possible de pouvoir être soigné et accompagné chez soi, dans la dignité, jusqu’à son dernier souffle. En lien étroit avec le CLSC, une équipe multidisciplinaire répond aux besoins des patients en fin de vie à leur domicile. Cette approche beaucoup plus humaine est appelée à se généraliser partout au Québec, notamment grâce à l’essor de la télémédecine».
Améliorations technologiques
Si la pandémie a forcé l’utilisation accrue des technologies dans le milieu de la santé, ne serait-ce que pour limiter les contacts physiques entre les personnes, beaucoup de chemin reste encore à parcourir dans ce domaine.
«Se déplacer systématiquement à la clinique ou à l’hôpital et patienter dans une salle d’attente deviendra-t-il l’exception plutôt que la norme ? Chose certaine, la réduction des déplacements profite à tous. Les aînés et les personnes en perte d’autonomie, par exemple, peuvent obtenir des soins appropriés à leur situation. Les enfants en profitent aussi, facilitant ainsi grandement la vie des familles. C’est sans compter les hospitalisations qu’il est possible d’éviter en maintenant le lien avec les équipes de soins et en assurant des suivis particuliers auprès des patients», énumère le plan.
La télémédecine a fait des pas de géant, mais aussi le système de prise de rendez-vous, comme on l’a vu avec la vaccination.
La cueillette et la gestion des données des patients et des médecins devra aussi être facilitée et simplifiée.
Rémunération des médecins
Pour que son guichet d’accès à la première ligne (GAP) fonctionne comme il faut, le gouvernement croit essentielle une «reprise de contrôle de la rémunération des médecins».
On veut passer «du mode de rémunération à l’acte vers un mode de rémunération comportant une plus grande part de capitation», c’est-à-dire au nombre de patients pris en charge. Pour que plus de patients soient vus.
«La croissance importante des dépenses en santé et en services sociaux de 2004 à 2019 a notamment été alimentée par 15 ans d’augmentation importante de l’enveloppe consacrée à la rémunération médicale au Québec. En effet, de 2004-2005 à 2018-2019, la croissance de la rémunération des médecins et des autres professionnels rémunérés par la RAMQ (+6,5 % par année en moyenne) a tiré vers le haut celle de l’ensemble des dépenses de santé et de services sociaux (+4,7 % par année en moyenne)», lit-on dans le plan caquiste.
«Il est impératif de revoir le mode de rémunération des médecins de famille afin qu’il soutienne le modèle souhaité en première ligne. Les médecins de famille seront appelés à assurer en groupe et dans une approche interdisciplinaire une meilleure prise en charge des patients.»
Les négociations avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, qui n’est pas contre, iront bon train dans les prochains mois.