La guerre fait exploser le prix des grains et des fertilisants

En raison de la guerre en Ukraine, les agriculteurs devront payer plus cher les engrais qu’ils utiliseront dans leurs champs.

La guerre qui fait rage en Ukraine provoque une explosion du prix des grains et des fertilisants. Cette situation hors de contrôle risque de créer une pression financière chez nos agriculteurs à quelques semaines des semis.


La flambée des prix de ces intrants aura des répercussions non seulement sur le milieu agricole, mais aussi chez le consommateur qui pourrait voir le montant de sa facture d’épicerie encore grimper. 

«Pour la première fois, le monde fait face à une réelle pénurie de grains», prévient Ramzy Yelda, analyste principal des marchés à la fédération des Producteurs de grains du Québec (PGQ), en entrevue à La Voix de l’Est. Cet expert croit que cette situation inédite aura un impact sur le prix du pain, des céréales et de la viande.

La Russie et l’Ukraine sont des producteurs de premier plan de blé et de maïs destinés à la consommation humaine et animale. Ces deux pays détiennent 25 % de la production mondiale de blé. 

«L’Ukraine est le 4e exportateur de maïs à l’échelle planétaire. Les terres y sont très fertiles. Sur le marché mondial, cette guerre a pour conséquence que des dizaines de millions de tonnes se sont volatilisées», indique Ramzy Yelda. 

Effet de la sécheresse

Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, le portrait du secteur du grain n’était déjà guère florissant. 

«L’été dernier, la récolte fut désastreuse dans l’Ouest canadien en raison de la sécheresse. Cet automne (printemps dans l’hémisphère sud), la sécheresse a également décimé la récolte de maïs au Brésil», décrit l’analyste.

Ramzy Yelda, analyste principal des marchés à la fédération des Producteurs de grains du Québec (PGQ).

Au Québec, les cultures prédominantes sont le maïs et le soya. Selon des données compilées par les PGQ, le prix moyen mensuel du maïs sur le marché local en février 2021 était de 269 $ la tonne métrique. En raison du conflit ukrainien, la semaine du 7 mars 2022, ce même prix est passé à 395 $ la tonne métrique.

Une augmentation fulgurante qui s’observe aussi pour le soya. En février 2021, le prix moyen pour le marché local était de 603 $ la tonne comparativement à 794 $ la tonne la semaine du 7 mars 2022.

Affiliés à l’Union des producteurs agricoles (UPA), les PGQ représentent les intérêts de quelque 9 500 productrices et producteurs de grains au Québec.

Embargo sur l’engrais

Le marché des fertilisants est également touché par l’engagement militaire de la Russie en territoire ukrainien. 

«Dès le début de la guerre, les importations de fertilisants ont été bouleversées en raison des sanctions internationales. Pour couronner le tout, la Russie a décrété récemment un embargo sur ses exportations d’engrais», souligne Ramzy Yelda.



La Russie et l’Ukraine détiennent 25 % de la production mondiale de blé.

La Russie et la Biélorussie sont d’importants exportateurs d’azote, de potasse et de phosphore. «De janvier 2021 à janvier 2022, le prix des engrais a plus que doublé en moyenne aux États-Unis. L’Ouest canadien produit une partie des engrais nécessaire au Québec. Mais il y a un risque que l’on puisse en manquer ce printemps», n’exclut pas cet expert.

Sur le marché local, le prix à la tonne du DAP (phosphate de diammonium) était de 840 $ en février 2021 comparativement à 1228 $ en février 2022. La hausse de prix s’observe aussi pour la potasse dont le prix de la tonne métrique était de 565 $ en février 2021 versus 1142 $ un an plus tard. (sources PGQ).

La culture du maïs est plus exigeante en engrais que d’autres cultures. 

Vendeur inquiet

Au niveau régional, ces hausses inquiètent Stéphane Chaume, président d’Agrocentre Technova, une entreprise de Saint-Pie, en Montérégie, spécialisée dans la vente au détail d’intrants et dans le conseil agronomique aux agriculteurs. 

«Nos clients sont les agriculteurs. Nous allons avoir notre stock, mais à quel prix?», se questionne Stéphane Chaume, président d’Agrocentre Technova.

«Depuis un an, le prix des fertilisants a doublé et celui des semences a augmenté de l’ordre de 50 %. Nos clients sont les agriculteurs. Nous étions avancés dans nos achats. Nous allons avoir notre stock, mais à quel prix?», se questionne Stéphane Chaume qui est agronome de métier.

La période des semis qui commencera fin avril fait craindre le pire concernant le prix à la hausse des semences et des fertilisants. 

«Nous n’avons aucun contrôle sur l’inflation des prix. Cela va mettre énormément de pression sur toute la chaîne d’approvisionnement», considère ce dirigeant.

Agrocentre Technova offre une gamme complète d’engrais ainsi que plusieurs variétés de semences de maïs et de soya.