Tous les deux sont des travailleurs sociaux. Simon pratique au Groupe de médecine de famille (GMF) d’Alma ; Samuel oeuvrait au Bureau régional d’action sida de la région de Gatineau. « Je me suis dit que si le suicide peut arriver à un travailleur social, ça peut amener les gens à se dire que c’est un phénomène beaucoup plus complexe qu’on ne le croit. »
Ce départ précipité est survenu le 3 juillet 2021. On comprend aisément que toute la famille a été bouleversée. Simon a alors eu accès aux journaux intimes de son frère et c’est à ce moment qu’il a pris conscience à quel point il a lutté jusqu’à la toute fin et qu’il était ambivalent face à son ultime décision. « Il luttait contre différents problèmes, qu’il avait toujours tenté de gérer, mais à force de les répéter, c’est devenu des pensées rigides. »
Les souvenirs se mêlent à la conversation et, par moments, Simon redevient le petit frère de Samuel, expliquant qu’il l’a toujours épaulé. « Il m’a fait sortir de ma coquille. Il me présentait à ses amis. Au début, j’étais le frère de Samuel, puis je suis devenu Simon », raconte-t-il.
Mais revenons à ce désir d’écrire. « C’est aussi une motivation extrême d’aller dans quelque chose de plus vrai. J’ai fait mon mémoire de maîtrise sur la résilience, mais c’est très théorique comme démarche. Avec ce livre, c’est plus concret. »
Le travailleur social est un intervenant de première ligne pour le GMF d’Alma. Il rencontre les patients qui doivent gérer une crise à court terme, en cinq ou six rencontres. « J’ai construit un programme d’action et je le présente dans le livre. Il y a plusieurs volets, dont un sur les dépendances et un autre sur l’anxiété. »
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On le perçoit immédiatement, c’est un professionnel qui sait comment aider les autres. Il a toutefois vécu la crise de l’autre côté avec le suicide de son frère. « Les trois premières semaines, je n’avais aucun accès à mes émotions. Ç’a été très intense. »
Par la suite, il a demandé de l’aide. « La première fois que j’ai consulté, ce n’était vraiment pas facile. C’était un peu comme un aveu d’incompétence. »
Aujourd’hui, il voit cela comme une force pour son travail.
L’ouvrage se veut utile pour les personnes qui ont perdu un être cher, mais aussi pour « aider avant d’en arriver au suicide ». Il souhaite que les personnes qui n’osent pas aller chercher de l’aide y trouvent un réconfort. « Dans le suicide, le pourquoi peut rester là pour toujours. La résilience, ce que j’ai compris, c’est de réussir à trouver un sens même à l’insensé. »
Je me suis dit que si le suicide peut arriver à un travailleur social, ça peut amener les gens à se dire que c’est un phénomène beaucoup plus complexe qu’on ne le croit.
Le Cancer de la Terre : laissez vos yeux s’adapter au noir pour distinguer les lumières qui guideront vos pas vers la paix est disponible sur Amazon. L’auteur invite également les gens à lui écrire s’ils en ressentent le besoin (simon.gauthier.csssl@ssss.gouv.qc.ca).
Si vous ou l’un de vos proches êtes en détresse, une ligne d’intervention sans frais est accessible 24 heures sur 24, sept jours sur sept, au 1 866 APPELLE. Une équipe d’intervenants professionnels expérimentés est là pour vous écouter, vous soutenir et vous orienter vers les ressources appropriées.