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Si on a réglementé pour réduire les impacts de l’enfouissement ou de l’incinération et encouragé la diversion par le recyclage et la valorisation, personne n’a jamais osé s’attaquer à la source du problème. Le récent rapport du BAPE sur les résidus ultimes en fait clairement la démonstration : la gestion des matières résiduelles est bien mal barrée.

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Le problème est multiforme, donc il n’existe pas de solution magique, malgré le mantra des 3RVE (Réduction à la source, Réemploi, Recyclage, Valorisation, Élimination), dont on prône la hiérarchisation sur toutes les tribunes. Cette formule magique, malgré son côté « gros bon sens », se heurte à d’énormes enjeux quand il s’agit de la mettre en œuvre comme nous l’avons montré dans une étude en 2008. Au Québec, le résultat est déplorable : loin de s’approcher de la cible de 525 kilos par personne et par année de déchets ultimes fixée pour 2023 par le gouvernement, cette quantité atteignait en 2019 une moyenne de 729 kilos. Dans les conditions actuelles, une commission sur la gestion des déchets à l’Assemblée nationale estime que la cible de 2023 ne serait même pas atteinte en 2041.

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Comment trouver une solution ? La commission recommande 11 orientations stratégiques qui permettraient une réduction significative de la quantité de déchets à éliminer. Ces orientations se déclinent en trois thèmes : 1) choisir une approche structurelle basée sur l’économie circulaire, 2) prendre des moyens efficaces de mise en œuvre et 3) redresser la gouvernance. Compte tenu de la multiplicité des acteurs, des moyens insuffisants et de l’indifférence généralisée des citoyens quant au devenir du contenu de leurs bacs, un grand ménage s’impose. Si au moins le gouvernement arrivait à se doter d’indicateurs clairs documentés avec rigueur, transparence et disponibles en temps utile…

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Les incohérences sont en effet nombreuses. Par exemple, l’enveloppe globale associée au Programme d’aide financière visant l’optimisation du réseau d’écocentres québécois de Recyc-Québec pour l’ensemble de la province totalise actuellement 14,3 millions de dollars. Ce n’est pas sérieux ! La construction d’un seul écocentre moderne peut coûter de 5 à 10 M$. Et les écocentres ne sont qu’un élément mineur dans la diversion du flux de matières résiduelles. Quant à la qualité du matériel envoyé au recyclage par les centres de tri, un récent reportage d’Enquête nous montre que c’est pour le moins discutable.

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Pour réduire l’élimination des déchets, il faut une vision globale et une responsabilisation des acteurs à tous les niveaux. Mettre en œuvre l’économie circulaire… Mais encore ?

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Quel pouvoir ont les gouvernements, les municipalités, les consommateurs sur l’économie circulaire ? Où se trouvent les leviers d’action les plus efficaces dans une économie mondialisée régie par des règles du commerce international qui protègent la liberté des échanges pour alimenter une société de consommation sans entraves ?

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Les clés de l’économie circulaire se déclinent en trois temps : l’écoconception, la traçabilité et la responsabilisation des générateurs de déchets. Les opérateurs de sites d’enfouissement n’ont rien à craindre dans un futur proche !

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L’écoconception signifie qu’il faut dès l’origine penser le cycle de vie du produit et prévoir qu’à chacune des étapes, y compris la fin de vie, il existe des voies efficaces pour réintégrer les déchets dans la chaîne de valeurs. La traçabilité, c’est-à-dire la possibilité de suivre le produit sur l’ensemble de son cycle de vie pour le récupérer, le réparer ou le recycler permet à chacun des acteurs de la chaîne d’agir efficacement.

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Reste la responsabilisation… Dans la société de consommation, ce n’est pas gagné ! Chacun se décharge sur les autres de la responsabilité. Le gouvernement délègue la gestion aux municipalités qui se retrouvent avec les déchets générés par tout le monde et le plus souvent vont au moins cher pour s’en débarrasser. Cela n’est pas évident. Nous avons aidé la Ville de Québec à cheminer dans cette réflexion. Elle a présenté cinq mémoires qui résument bien la problématique et les solutions. Cela vaut la peine de les lire.

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Le rapport du BAPE « Déchets d’hier, ressources de demain » est paru en 1997. Depuis, l’emphase a été mise sur le recyclage pour réduire la quantité de déchets ultimes. Cela a produit quelques beaux résultats, par exemple avec les pneus, les peintures et les huiles usées. Mais la solution n’est de toute évidence pas au bout du tuyau. C’est en amont qu’il faut agir.

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