Ce texte a été écrit par Patrick Giroux et Stéphane Allaire, professeurs au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), et Jacques Cool, consultant en éducation.
Les deux dernières années ont mis à rude épreuve les acteurs scolaires. La pandémie a nécessité des efforts importants pour soutenir la persévérance scolaire. Pour donner un sens au parcours du jeune malgré un contexte exceptionnel, le numérique et les stratégies d’enseignement à distance ont été sollicités. Certes, il y a eu des ratés. Des recherches concluent en ce sens et certains demandent la condamnation du numérique et de l’enseignement à distance. Plutôt que de les passer à la trappe, il est pertinent d’analyser la situation de façon constructive.
Le potentiel du numérique ne peut être réduit à des outils ni à une analyse qui fait fi de son contexte d’usage. Une classe est un écosystème complexe impliquant plusieurs élèves, un enseignant, un CSS… Elle renferme des outils variés, notamment numériques, dont la maîtrise varie d’un acteur à l’autre. Qui plus est, cet écosystème baigne depuis deux ans dans un contexte global d’une mouvance inédite.
Trois éléments s’imposent dans le cadre d’une réflexion sur l’apport du numérique en éducation.
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Il y a d’abord le lien qui unit la société et l’école ainsi que la mission de cette dernière. L’école est un creuset de la société. Elle a la responsabilité d’instruire les jeunes et de les préparer à vivre dans le monde actuel. Quoi qu’on en dise, le numérique transforme la société. L’école ne peut en faire fi, incluant sa responsabilité d’éducation aux possibilités et enjeux qui y sont associés.
En second lieu, on ne peut ignorer le rôle de l’enseignant et des autres intervenants éducatifs. Entre autres, l’enseignant joue le rôle clé d’architecte. Il organise les activités contribuant au développement des élèves. Il les guide avec de la rétroaction précise. Bien que l’enseignement en ligne ait connu ses limites durant la pandémie, on aurait tort de conclure à la nécessité de diminuer, voire bannir l’usage du numérique en classe. Les enseignants avaient peu le choix. Toutefois, en temps normal, comme architecte des situations d’apprentissage, ils choisissent d’utiliser ou non le numérique en fonction de leurs intentions pédagogiques et de nombre d’autres facteurs. Plutôt que de bannir le numérique ou l’enseignement à distance, il est préférable de réfléchir aux moyens de mobiliser judicieusement outils et compétences.
Le troisième élément concerne spécifiquement la recherche. Il est facile de trouver une recherche qui affirme que le numérique ne contribue pas à l’apprentissage. Pourtant, on en trouve aussi d’autres qui concluent que le numérique y concourt positivement. Comment s’y retrouver? En lisant en détail les travaux de recherche. Pourquoi? Parce que la recherche néglige parfois le rôle de l’enseignant. La question n’est pas tant « est-ce que le numérique favorise l’apprentissage? » que « comment le numérique peut-il favoriser l’apprentissage? ». Les recherches qui posent cette dernière question permettent d’exploiter judicieusement le numérique en nous renseignant sur les bonnes pratiques. Il importe aussi de tenir compte du contexte avec lequel l’enseignant doit composer et qui contraint parfois les usages.
Les conclusions à tirer de la pandémie et des difficultés rencontrées en regard du numérique et de l’enseignement à distance appellent la nuance plutôt que la condamnation en bloc. Peut-on admettre que plusieurs intervenants manquaient de préparation et de formation? Nombre de travaux nous ont appris qu’avant de penser à l’usage pédagogique adéquat de la technologie, il importe d’acquérir des compétences techniques de base, et de les intégrer à ses pratiques personnelles. Or, un grand nombre d’enseignants ont dû pallier un retard depuis deux ans et, qui plus est, en catastrophe. Ils ont néanmoins pu accentuer leur maîtrise de l’enseignement à distance et du numérique. Il est donc opportun de les encourager à poursuivre la mobilisation de ces outils.
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Il faut aussi admettre que plusieurs élèves n’ont pas les outils nécessaires (connexion à Internet, ordinateur) pour apprendre à distance de la maison. On ne peut négliger non plus le défi de passer, du jour au lendemain, d’un contexte de “captivité organisée” à un contexte d’autonomie. Cela pose la question du rôle de l’école dans le développement de cette aptitude.
Pour nous, le chemin est tracé. Il s’agit maintenant de poursuivre les actions de développement professionnel en milieu scolaire, la recherche pour comprendre l’utilisation pertinente des outils et d’améliorer les conditions des familles québécoises.
En éducation, la pandémie pourrait bien nous propulser en avant!
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