La complexe relation entre l'humain et l'environnement

Audrey Larouche s’intéresse beaucoup au lien qui unit les gens à leur environnement, à cette « charge émotive » dont finissent par s’imprégner les objets autour d’eux. Elle explore encore un peu plus cette complexe relation à travers sa plus récente exposition, Post Traumatique, accessible virtuellement jusqu’au 17 avril.


En vertu de la collaboration entre le Centre Bang et la Ville de Saguenay, le travail d’artistes de la région comme Audrey Larouche est exposé à l’Espace Partagé de la Bibliothèque Hélène-Pedneault, afin de rejoindre un plus large public. Une fois l’oeuvre décrochée des murs du bâtiment de Jonquière, elle est déplacée vers le Web, accordant quelques semaines supplémentaires à ceux qui n’ont pu en profiter jusque-là.

Le travail de l’enseignante en arts visuels au Cégep de Jonquière vaut certainement le détour virtuel. Comme lors de ses propositions précédentes, elle utilise dans Post Traumatique des objets de son propre environnement, qu’elle modifie, alliant des éléments en deux et trois dimensions.

C’est souvent sur son terrain, dans sa grange ou dans sa maison ancestrale qu’elle trouve ses premiers « flashs de création », quand un morceau de bois, un vieux muffler ou un autre objet quelconque lui rappelle l’une de ses anciennes oeuvres.

« Souvent, j’ai des sculptures qui vont rappeler un mobilier, mais un mobilier qui aurait été modifié par la charge émotive des humains ou par le temps. C’est beaucoup des associations de langage, comme ça, entre des choses que je fais et des éléments bâtis. Je cherche toujours des éléments qui ont la trace du passage de l’humain, comme de vieilles boîtes avec des marques dessus », explique-t-elle.

L’une des oeuvres présentées par Audrey Larouche

La plus récente exposition d’Audrey Larouche est aussi la continuité de la précédente, Invivable, dont elle récupère et modifie certaines pièces. Il s’agit en quelque sorte de « boucler la boucle » pour l’artiste multidisciplinaire qui, après avoir abordé la façon dont peut se comporter une personne devant un environnement invivable, avait envie de parler de l’après.

C’est beaucoup des associations de langage, comme ça, entre des choses que je fais et des éléments bâtis. Je cherche toujours des éléments qui ont la trace du passage de l’humain.

C’est ce qui explique le titre choisi cette fois. « Post Traumatique, c’est un peu ce qu’on fait après le choc, ce qu’on fait pour se réconforter, et le lien avec les objets là-dedans aussi. Post Traumatique, en contexte de pandémie, je trouvais ça particulièrement pertinent, parce que c’est un peu le post-traumatique d’une société. Souvent, on parle de choc post-traumatique pour des affaires très graves, mais il y a aussi des microchocs post-traumatiques que les humains accumulent. »

Si l’oeuvre d’Audrey Larouche est toujours en évolution dans le temps, elle a deux constantes : ses préoccupations féministes et environnementales. Il y a « l’idée de la fusion » entre l’humain et le décor qui teinte le travail de l’artiste. Ce qui explique, par exemple, pourquoi une personne qui crie se substitue à une montagne, dans l’une de ses toiles.

« Au Saguenay, on est très attachés à nos paysages. Nos paysages deviennent un peu nous. J’essaie dans mes oeuvres de rappeler aux gens que l’environnement dans lequel ils sont, c’est un peu eux. C’est comme ça que je me sens aussi. L’écoanxiété, c’est assez répandu aujourd’hui et je pense qu’on en vient à sentir que les blessures qui sont faites à l’environnement, ça vient nous toucher, nous. »

Il est possible de visiter virtuellement l’exposition Post Traumatique d’Audrey Larouche jusqu’au 17 avril.

Pour visiter virtuellement l’exposition : https ://bit.ly/3IPHaWn.