«J’ai toujours eu un intérêt pour tout ce qui touche au domaine de la mémoire, de sa maîtrise, de l’oubli, ou des archives, notamment à cause d’une expérience personnelle dans ma famille», a commenté la jeune artiste française.
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Pour l'occasion, un vernissage était prévu mardi à 17h, au sein de La Galerie L’Oeuvre de l’Autre. «On en profite tant qu'on le peut encore», s'est réjoui Nathalie Villeneuve, la responsable de la galerie.
Dorine Goergen détient également une maîtrise en Arts plastiques et Sciences de l’art de l’université d’Aix-Marseille en France et a aussi participé au projet Aires de création entre le Centre Sagamie et La Galerie L’Oeuvre de l’Autre.
Dans une démarche introspective, elle travaille sur des archives personnelles et familiales, et tente de se remémorer des passages importants de son passé auxquels elle est particulièrement attachée.
«L’idée, c’est de voir comment l’oubli peut être créateur d’art et comment, avec l’absence, ils peuvent régénérer un souvenir», d’expliquer Dorine Goergen.
À travers une juxtaposition d’images mémorielles et matérielles exprimée par divers médiums, comme la photographie, le tulle, le papier calque, le tissu, l’impression sur l’acétate ou encore la projection d’une vidéo à partir d’une cassette VHS, des décalages se créent. «Des zones d’absences, mais aussi les éléments prédominants au sein de ma mémoire se dévoilent, malgré leur enfouissement sous les strates du temps», a indiqué l’artiste dans la présentation de son exposition.
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Le sel conserve et détruit
Un élément important revient d’ailleurs dans toutes les oeuvres de Dorine Goergen: le sel. Ainsi, la métaphore prend tout son sens. Dans un souci de faire remonter ses souvenirs enfouis sous les strates du temps et de les faire perdurer, elle exploite le concept de cristallisation par le sel et vient de ce fait figer ses souvenirs les plus chers.
«Quand on enfouit quelque chose dans du sel, ça le conserve, mais il y a aussi l’aspect corrosif du sel, qui détruit, qui érode», a précisé Dorine Goergen. Ainsi, le sel peut transformer la structure de son support, le dégrader, comme le temps peut modifier ou évincer les souvenirs.
Par ces fragments d’archives érodés, l’artiste française veut aussi mettre en avant la fragilité des souvenirs et de la mémoire. «Une archive, ça peut facilement s’oublier ou se ranger soigneusement, c’est quelque chose de fragile, puisque c’est nous qui décidons quand la visionner, c’est nous qui lui donnons son importance», a-t-elle mentionné.
À partir de souvenirs propres à son histoire, Dorine Goergen a réussi à créer un univers qui peut faire écho à la mémoire émotionnelle de chacun. «Oui, ce sont des archives personnelles, mais ce sont aussi des marqueurs du quotidien, et ça donne une proximité sur la fragilité de chacun, et ça montre la fragilité de nos propres souvenirs », a-t-elle laissé entendre.
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Le travail de remémoration n’a pourtant pas été simple pour la finissante qui explique que les souvenirs ressurgissent grâce à l’attachement que l’on porte à certains détails ou au souvenir de nos sens.
La jeune femme aimerait retourner en France après l’obtention de sa maîtrise pour continuer à faire de la création. Son exposition Éroder l’oubli va la suivre dans l’Hexagone et elle aimerait, par la suite, continuer à pouvoir l’exposer dans des galeries.
«Mais j’aime aussi beaucoup voyager. J’ai adoré le Québec et la résidence d’artiste faite avec le Centre Sagamie et La Galerie L’Oeuvre de l’Autre alors je suis tentée de revenir ici également», de conclure Dorine Goergen.