«Ça faisait longtemps que je rêvais de voir la Vallée des Fantômes. Quand j’avais l’usage de mes jambes, j’essayais de “crinquer” du monde. Mais c’était toujours compliqué. C’est donc assez formidable que j’aie pu le faire, alors que je suis en fauteuil roulant. On a rendu l’impossible, possible», résume la jeune femme de Saint-Honoré, au lendemain de son aventure sur l’un des plus hauts sommets de la province.
Elle ainsi que William Maltais, un Jeannois à mobilité réduite, ont sillonné la Vallée des fantômes à l’aide d’une douzaine de personnes, membres du gym l’Engrenage, situé sur la rue d’Alma, à Chicoutimi. L’expédition a été organisée par Virginie Gargano, professeure adjointe en travail social à l’Université Laval, spécialisée en intervention en contexte de nature et d’aventure. L’initiative est née à la suite d’une demande d’un proche effectuée avant la pandémie. Deux ans plus tard, il était temps de passer à l’action.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/4EKF7KOUMZBITMZE2OZHWAIQDU.jpg)
«Je fais plusieurs expéditions et une personne m’avait approchée pour faire une sortie pour sa belle-mère, en fauteuil roulant. Elle voulait qu’elle fasse du plein air, qu’elle sorte dehors davantage. C’était une demande spontanée. Pour une raison personnelle, elle n’a pas pu le faire, mais on a réussi à partir avec deux personnes, dont Claudia qui est aussi membre du gym Engrenage. Je savais que ça serait exigeant. On parle de traîner, pousser, deux personnes sur plusieurs kilomètres. Ça prend des gens en forme pour le faire, j’ai donc demandé aux membres du gym et 12 personnes ont levé la main», détaille Virginie Gargano.
«Les membres, ils appliquaient leur forme physique à quelque chose qui a du sens, soit de permettre à ces gens de voir le paysage. Dans le contexte actuel, c’était le fun de donner, de sentir qu’on peut faire une différence», détaille-t-elle.
Parce que les bienfaits de la nature doivent profiter à tous, selon la professeure et experte en plein air. «On voit avec la pandémie des problématiques qui émergent de l’isolement. La nature et l’aventure ont des bénéfices sur la santé globale. Tous les groupes doivent avoir accès à ces bénéfices. Que ça soit une virée dans un parc périurbain ou une montagne», croit la Saguenéenne.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/TRASBRU5XFAJNIALXNC4MQNOW4.jpg)
Partir à l’aventure avec les membres de son gym revêt un caractère particulier pour Claudia Duchesne. En fauteuil roulant depuis plus de 5 ans, elle a repris confiance en son physique et surtout en son mental depuis qu’elle a intégré ce gym qui se distingue par sa mission.
Je n’ai pas eu un beau parcours en réadaptation, donc j’ai cherché un gym pour me permettre de gagner en autonomie. Par exemple, être capable de me lever toute seule si je tombe. C’est là que je suis tombée dans l’univers d’Engrenage. Quand je suis arrivée là, tout était possible, alors qu’ailleurs, j’entendais plutôt “tu ne seras pas capable”. J’ai eu un gain physique, mais surtout un gros gain de confiance mentale.
«Même si une randonnée en montagne pouvait rendre nerveux n’importe qui dans ma situation, je savais que j’étais entre bonnes mains avec ces gens-là», ajoute-t-elle.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/EU4DHZKCTNDUBNS332HID7EOQU.jpg)
Organiser une telle randonnée, sur les monts Valin, prend en effet plus qu’une bonne forme physique de la part des guides. Une fine préparation est nécessaire pour transporter deux personnes à mobilité réduite sur un sommet de près de 1000 mètres, bondé de neige.
«Il fallait noliser des minibus, trouver les traîneaux hippocampe. Ça prenait aussi des compétences pour s’assurer que nos deux personnes soient habillées convenablement, car à -30 degrés il y a des risques. Une personne paraplégique ne sent pas si elle a froid sur certains de ses membres et il peut avoir des risques d’engelure. Mais on a réussi grâce à une approche collaborative. La Ville de Saguenay nous a prêté un traîneau hippocampe, la Sépaq a aussi collaboré», remercie au passage Virignie Gargano.