La Chambre de commerce de Chibougamau-Chapais (CCCC) doute qu’une usine au Saguenay soit le choix le plus viable économiquement et environnementalement. Selon elle, l’implantation de cette infrastructure non loin de la mine de fer serait l’avenue la plus plausible.
« Le transport étant un enjeu monétaire et environnemental important, nous croyons que le transport d’extrants d’une première transformation vers une usine au Saguenay serait beaucoup plus coûteux et surtout plus néfaste pour l’environnement (gaz à effet de serre et rejets miniers transportés entre régions) que le transport d’un produit dont la deuxième transformation serait exécutée à proximité de la ressource », indique Sébastien Valdal, président de cette organisation.
La mairesse de Chibougamau Manon Cyr avait aussi proposé la semaine dernière que le complexe intégré soit érigé à Chibougamau. «Le projet prévoit que l’on devra transporter le minerai sur des centaines de kilomètres avant de le transformer véritablement. Pourquoi ne pourrions-nous pas le transformer plus près de la mine? Je pense que l’on peut se questionner là-dessus. […] J’ai toujours eu de la misère à comprendre comment on pouvait justifier sur le plan environnemental et financier le fait de déplacer autant de minerai sur une longue distance avant de le transformer de façon adéquate», avait-elle déclaré, en entrevue avec Le Quotidien.
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Le projet de mine et d’usine de transformation que BlackRock souhaite développer nécessiterait des investissements de départ de 1,1 GM$. Or, la compagnie s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) juste avant Noël puisqu’elle n’a pas été en mesure de respecter les termes d’une entente de financement de l’ordre de 90 M$ intervenue avec Investissement Québec (IQ) et le fonds spécialisé dans les projets miniers Orion.
Depuis, IQ et Orion, les deux créanciers garantis de l’entreprise, ont proposé de racheter la société pour la valeur de la dette garantie qui s’établit à 100 M$, incluant les dépenses encourues pour la restructuration et le financement intérimaire. Le plan de restructuration de l’entreprise a d’ailleurs été présenté en Cour supérieure, au Palais de justice de Montréal, vendredi. Cette restructuration devrait être complétée d’ici trois mois.
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Malgré cette situation, le milieu des affaires de Chibougamau-Chapais demeure favorable à la réalisation du projet minier de Métaux BlackRock, dans un contexte où les conditions économiques et sociales sont favorables au développement de cette région minière.
« Considérant que le potentiel du camp minier de Chibougamau-Chapais démontre un potentiel de fer-titane-vanadium, nous croyons que développer une expertise locale serait un apport important au développement économique de la région et un positionnement essentiel dans la course à l’électrification des transports et au développement d’une économie plus verte », pointe M. Vandal.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean réagit
Le Regroupement des chambres de commerce du Saguenay-Lac-Saint-Jean n’a pas tardé à assurer la réplique, lundi, réitérant son appui au projet sous sa forme initiale, qui prévoit la construction d’une usine de traitement du minerai sur le site de la zone industrialo-portuaire du Port de Saguenay.
«Sous cette forme, le projet permet aux régions du Nord-du-Québec et du Saguenay-Lac-Saint-Jean de développer leur économie respective, tout en mettant en valeur leurs expertises. Le projet représente en ce sens un modèle de collaboration constructive entre les régions», a déclaré le Regroupement par voie de communiqué.
La vice-présidente exécutive et directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord, Sandra Rossignol, rappelle d’ailleurs que «la décision de construire l’usine à Saguenay repose sur des fondamentaux solides, dont l’approvisionnement en gaz naturel et la proximité d’un port en eau profonde accessible à l’année, et que le projet a obtenu, à la suite d’un processus d’évaluation environnementale rigoureux, les autorisations requises, assurant un démarrage rapide du chantier une fois le financement complété».