« Le projet prévoit que l’on devra transporter le minerai sur des centaines de kilomètres avant de le transformer véritablement. Pourquoi ne pourrions-nous pas le transformer plus près de la mine? Je pense que l’on peut se questionner là-dessus. [...] J’ai toujours eu de la misère à comprendre comment on pouvait justifier sur le plan environnemental et financier le fait de déplacer autant de minerais sur une longue distance avant de le transformer de façon adéquate », avance l’élue.

Le projet que la société minière à capital privé souhaite développer depuis quelques années nécessiterait des investissements de départ de 1,1 G$ US. Depuis 2018, la société a sollicité 150 investisseurs institutionnels, incluant le Fonds de solidarité FTQ et la caisse de retraite Teachers, mais sans succès. Elle a aussi pris contact avec une cinquantaine de gestionnaires de fortunes familiales et une dizaine de fonds de capitaux européens.

Deux jours avant Noël, Métaux BlackRock a annoncé s’être placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). L’entreprise n’a pas été en mesure de respecter les termes d’une entente de financement de l’ordre de 90 M$ intervenue avec Investissement Québec et le fonds spécialisé dans les projets miniers Orion. Cette entente venait à échéance le 1er décembre dernier. « Je pense que c’était prévisible. Ça ne pouvait pas faire autrement. C’est préoccupant, mais en même temps, cette procédure-là nous permet de garantir le maintien des activités au minimum et de continuer à développer le projet », souligne la mairesse de Chibougamau.

Québec et Orion ont d’ailleurs présenté une offre pour acheter 100% de la compagnie en contrepartie des sommes garanties qui leur sont dues. Selon Manon Cyr, le gouvernement devrait profiter de cette situation pour revoir et réévaluer le plan d’affaires de Métaux BlackRock.

« Je crois qu’il s’agit d’une opportunité pour le gouvernement du Québec de se questionner et d’évaluer comment on pourrait rendre le projet encore plus attrayant. On comprend que c’est difficile à financer comme projet. Est-ce que ça pourrait être une opportunité d’envisager de construire l’usine à proximité de la mine pour éviter de transporter du minerai non transformé? Je ne dis pas qu’il faut le faire, mais je pense que c’est une opportunité qu’il faut regarder attentivement », poursuit la mairesse Cyr.

Le contrôleur Deloitte prévoit lancer le processus de vente de la société vers le 9 février. Il souhaite un dénouement d’ici le mois de mai 2022. La convention d’achat d’Investissement Québec et d’Orion servira d’offre-paravent de départ dans le cadre de la mise en vente de Métaux BlackRock. « Est-ce que je vois d’un bon œil que le gouvernement du Québec investisse? La réponse est oui. Je crois profondément qu’il faut développer l’industrie minière au Québec, mais il faut aussi avoir les moyens de nos ambitions et réaliser des projets qui ont des chances de réussite. Peut-être que le fait d’avoir l’usine à proximité de la mine serait plus facile », termine Mme Cyr.

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