Documentaire La vie devant moi: la nature pour guérir l’âme

Cancer et adolescence ne devraient jamais rimer ensemble. C’est pourtant bien le sujet du documentaire La vie devant moi, réalisé par Simon C. Vaillancourt des Productions Nova Média, dans lequel le comédien et animateur André Robitaille accompagne des adolescents atteints de cancer au cours d’expéditions dans la nature afin de donner la parole à ces jeunes isolés qui ont vu leur adolescence volée par la maladie tout en gardant une épée de Damoclès au-dessus de la tête.


Présenté pour la première fois au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue de Rouyn-Noranda, La vie devant moi est un projet qui s’est déroulé sur plus de trois ans en collaboration avec la Fondation Sur la pointe des pieds, qui organise des aventures thérapeutiques dans la nature avec des jeunes atteints de cancer ou en rémission.

«Je suis fier parce que c’est un beau documentaire, il est lumineux et vrai et on a le goût d’être amis avec ces jeunes, de les connaître. Ça remplit de beau, ce film-là, alors qu’on parle de laid», a commenté André Robitaille lors d’une entrevue avec Le Quotidien, qui estime que ce projet a donné un sens à son métier et à l’homme qu’il est dans la vie.

Les aventures thérapeutiques de la Fondation Sur la pointe des pieds permettent à des jeunes atteints de cancer de revivre un peu leur adolescence volée par la maladie.

Animateur pendant quatre ans de la célèbre émission jeunesse Vazimolo et porte-parole pour le Québec de la Société de recherche sur le cancer, André Robitaille semblait tout trouvé pour aller rencontrer ces jeunes et créer un lien particulier avec eux. Ainsi, il les a suivis dans leur quotidien, à la maison avec leur famille, à l’école, lors des traitements et lors d’expéditions en nature. Ces dernières représentent des moments clés de partage où des jeunes atteints de cancers rencontrent d’autres jeunes capables de comprendre ce qu’ils vivent.

Une aventure humaine
À travers ce documentaire, le spectateur part à la rencontre de Loryanne, Vincent, Mélorie, Aidan, Arielle, Mégane, Rania et Valérie, huit adolescents qui participent aux expéditions de la Fondation et qui se livrent sans tabous sur leur condition.

Ces expéditions sont l’occasion pour les jeunes de rencontrer des adolescents qui vivent la même situation qu’eux et de partager leur histoire.

Grâce aux expéditions, ces jeunes peuvent sortir de l’isolement dans lequel les enferme le cancer, se faire de nouveaux amis et découvrir des activités qu’ils ne connaissaient pas. Mais surtout, elles permettent à ces adolescents de retrouver, pour un temps, leur adolescence volée par la maladie.

«Lorsqu’on fait des expéditions avec des jeunes, on met vraiment l’accent sur le fait que c’est avant tout une sortie avec des ados, justement pour leur redonner leur adolescence», a mentionné le cofondateur et guide de la Fondation Sur la pointe des pieds, Mario Bilodeau.

Le documentaire est d’ailleurs dédié à Arielle, une jeune fille de 13 ans, très malade, qui est décédée peu de temps après le tournage. Elle avait changé son sang au complet la veille du départ pour pouvoir participer au documentaire.

André Robitaille pagaie avec Loryanne et Rania.

«Ça m’a touché de voir la volonté de cette jeune fille-là, a confié André Robitaille. Elle était pleine d’humour aussi, c’est charmant quelqu’un qui te fait rire, et puis sa fragilité était touchante. Pour toutes ces raisons, il y avait une belle complicité avec Arielle.»

«Ce sont des jeunes tellement extraordinaires, tellement courageux face à la maladie et avec de la résilience, c’est un cadeau du ciel d’être avec eux», de renchérir Mario Bilodeau.

Processus de guérison
Pour Mario Bilodeau, aller dans la nature, faire de l’exercice dans la nature et s’engager dans une aventure fait partie d’un processus de guérison, au même titre que la chimiothérapie.

Mario Bilodeau, cofondateur et guide pour la Fondation Sur la pointe des pieds depuis 1996.

«Les milieux hospitaliers vont travailler beaucoup sur la guérison physique et la guérison du cancer, mais c’est tout ton être qui est affecté, l’émotionnel, le psychologique, le social, le spirituel... pour une grosse maladie comme ça, la guérison doit aussi être holistique», a indiqué celui qui a guéri d’un cancer de Schwannome, une forme rare de tumeur.

Mario Bilodeau, qui fait des expéditions thérapeutiques depuis 1980 avec des personnes handicapées, des jeunes en difficulté, avec des problèmes de toxicomanie ou bien atteints d’un cancer, s’est rendu compte que «la nature avait le pouvoir de guérir l’âme et l’aventure de faire sourire le cœur».

Un processus de guérison constaté par André Robitaille, qui a pu voir l’évolution de ces jeunes entre leur arrivée dans l’aventure thérapeutique et leur départ.

«On les a accueillis dans un hôtel à Montréal, puis on a pris l’autobus pour aller dans le bois, et certains ne disaient pas un mot, d’autres “babounaient”, certains étaient vraiment le cliché de l’ado qui ne veut pas sortir de son lit, a-t-il relaté. Deux jours plus tard, c’était les plus loquaces et les plus épanouis.»

André Robitaille pense aussi qu’il faut oser parler à ces jeunes et les écouter pour les aider à surmonter l’isolement, la maladie et la perte d’amis.

«Il faut voir au-delà du cancer et ne pas les prendre avec de la pitié, ça les énerve, a-t-il précisé. Ils assument leur condition, ils la nomment, la connaissent et la comprennent aussi, et ça me fascine de voir à quel point ils connaissent leur corps.»

Dans l'une des aventures, les adolescents ont pu descendre la rivière Magpie en rabaska, un grand canot d’écorce.

Encore aujourd’hui, André Robitaille garde contact avec les jeunes qu’il a rencontrés, comme de vieux amis.

Le documentaire sera visible le 27 novembre sur les ondes d’ICI Radio-Canada et est déjà disponible sur ICI TOU.TV.