Pourquoi aimons-nous avoir peur?

Pourquoi aimons-nous avons peur? Le professeur et auteur Jim Davies s’est posé la question.

Des portes qui claquent dans une maison abandonnée. Une ombre qui passe. Un bruit qui semble venir de nulle part. Une musique grinçante et une caméra tremblotante ajoutent au suspense. Un enfant qui s’approche avec les membres disloqués et les yeux révulsés. Pourquoi l’être humain aime-t-il écouter des films d’horreur et s’imposer le frisson qui lui parcourt l’échine ?


L’auteur, chercheur et professeur en sciences cognitives à l’Université Carleton, Jim Davies, avance que la peur est essentielle pour apprendre, même si l’humain n’aime pas particulièrement cette émotion.

«Il y a certaines choses que les gens font et qui peuvent nous sembler étrange, comme de s’arrêter pour regarder une bataille dans la rue ou ralentir dans le trafic pour regarder ce qui se passe sur les lieux d’un accident, évoque le professeur de l’université ottavienne. Rien de tout ça ne provoque du plaisir, mais ça nous semble important de regarder, c’est captivant. L’être humain n’apprend pas qu’en agissant, mais aussi en observant les autres. Regarder ce qui arrive est une façon sécuritaire d’apprendre ce qui pourrait arriver dans le futur si quelque chose de similaire nous arrive.»

Avec les films et les séries télévisées, il est maintenant plus facile de faire ces observations de façon sécuritaire.



Même si on se dit que ce n’est qu’un film, on a quand même une réponse émotionnelle.

Inconsciemment, les expériences effrayantes, comme le visionnement d’un film d’horreur, semblent irrésistibles pour plusieurs afin de «comprendre le monde et apprendre des choses.»

Bien que les films d’épouvante mettent souvent en scène des situations improbables, une partie primitive de son esprit y croit et veut apprendre comment réagir devant une telle situation. En plus d’être fasciné par ces histoires fictives.

Jim Davies est auteur, professeur et chercheur en sciences cognitives à l’Université Carleton, à Ottawa.

Mais certains ont horreur des films d’épouvante et ne veulent pas en écouter.

«Si vous demandez aux gens pourquoi ils n’aiment pas les films d’horreur, la raison qu’ils donnent souvent est qu’ils ne peuvent pas dormir le soir, ils font des cauchemars, poursuit l’auteur et professeur. Le processus cognitif agit de la même façon pour eux, c’est juste que ça fonctionne trop bien. Contrairement aux gens qui aiment les films d’horreur, ils décident de s’éviter le stress provoqué par ces films parce qu’il est trop grand.»



La peur versus la phobie

Si on aime avoir peur en écoutant les Projet Blair Witch, L’Exorciste et Chucky de ce monde, pourquoi alors grimper sur une chaise et crier à l’aide pour une inoffensive araignée?

«Les phobies, c’est quelque chose que personne n’apprécie. Ce qui est intéressant avec elles, c’est que les gens ont tendance à avoir des phobies pour des choses qui étaient dangereuses à une autre époque, relève le professeur Davies. Par exemple, les phobies des hauteurs, des araignées ou des serpents. Mais les gens n’ont pas de phobie des armes à feu ou des voitures, qui sont des choses qui peuvent réellement vous tuer. Combien de gens ont été empoisonnés par des araignées? Presque personne.»

Selon lui, ces peurs se sont développées il y a des milliers d’années alors que des êtres humains ont fait face à de réels dangers liés à ces reptiles et insectes. Aujourd’hui, Jim Davies considère que les phobies concernent rarement quelque chose de dangereux.

Quand même, il est peu probable que les arachnophobes écoutent un film mettant en scène des araignées. Et ils ont possiblement fermé les yeux durant une partie du film Harry Potter et la Chambre des secrets, pourtant un film pour tous.