«Les médecins les plus âgés sont souvent regroupés dans les mêmes secteurs. Comme à [Dolbeau-Mistassini], Roberval et La Baie, on sait que dans les cinq prochaines années, il y aura de très nombreux départs à la retraite de médecins avec de grosses clientèles. On parle donc ici de plusieurs milliers de patients», affirme le président de l’Association des médecins omnipraticiens du Saguenay-Lac-Saint-Jean (AMOSL), Dr Olivier Gagnon.
Alors que le premier ministre François Legault continue d’exercer des pressions auprès des omnipraticiens pour que ceux-ci prennent en charge davantage de patients, Dr Gagnon craint que cette situation ne fasse fuir la relève, déjà peu nombreuse. Loin de mousser l’attractivité de la profession, ces conditions nuiraient aux chances de recruter suffisamment de médecins pour remplacer les départs à la retraite prévus à l’échelle de la province, alors que le quart des médecins actuels ont plus de 60 ans.
« Là nous ne sommes pas dans une campagne d’organisation de soins. Nous sommes dans une campagne de salissage politique et de stratégies de négociations vraiment de mauvais goût. Faire ces annonces-là, en regardant simplement des chiffres de façon bête, sans savoir tout ce qu’on sait des gens sur le terrain, ce n’est pas efficace», estime le Dr Gagnon.
Peu de statistiques concrètes sont disponibles pour refléter la situation précise des omnipraticiens au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le porte-parole de l’AMOSL explique cependant que plusieurs profils de médecins sont rencontrés sur le terrain, allant du jeune médecin avec une lourde tâche en établissement, au médecin à clientèle plus réduite en raison des particularités de celle-ci (toxicomanie, santé mentale, etc.), au médecin en fin de carrière qui pratique essentiellement en cabinet.
Des gens qui travaillent à temps partiel, il y en a sûrement, mais je n’en côtoie pas. Et j’ai l’impression que c’est très minoritaire.
Pour Olivier Gagnon, la solution passera par une approche constructive et innovante afin de répondre à la clientèle malgré le manque d’effectifs. Un projet est d’ailleurs en élaboration, où des infirmières pourraient assurer un suivi auprès des personnes sans médecin, afin de les diriger vers la ressource appropriée.
Quoi qu’il en soit, le président de l’AMOSL espère que Québec adoptera des attentes plus réalistes envers ses médecins.
«Nous sommes la région la plus performante avec 93% et malgré tout, nous avons un peu plus de 12 000 personnes qui sont sans médecin de famille et nous éprouvons des difficultés. Il faut trouver des solutions, mais il faut être réaliste», conclut-il.
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