La violence, c’est plus qu’un coup de poing

Roxanne Gervais, travailleuse de rue au Service de travail de rue Chicoutimi, et Andréanne Nolin, policière au Service de police de Saguenay.

Pour faire de la violence, faut-il frapper? Non, pas nécessairement. Bouder l’autre, crier, insister pour avoir une relation sexuelle ou harceler via les médias sociaux, c’est aussi de la violence. Et c’est un problème de comportement et non de consommation. La Table locale de concertation en matière de violence faite aux femmes et aux adolescentes de Chicoutimi lance une campagne sur les violences quotidiennes afin «d’allumer des lumières» et d’amorcer un cheminement.


«La violence ne commence pas avec le premier coup de poing. Il faut montrer toutes ces formes, l’escalade avant d’y arriver», explique Roxanne Gervais, travailleuse de rue au Service de travail de rue Chicoutimi.

«Les violences quotidiennes ne sont pas nécessairement criminelles. Et cette campagne, c’est pour que les gens aient le réflexe de dire: «Ah! c’est de la violence»», renchérit Andréanne Nolin, policière au Service de police de Saguenay.

Donc, pour sensibiliser la population avec des situations concrètes, six cartes postales avec des bandes dessinées ont été créées. Les 10 000 exemplaires seront distribués au hasard dans le Public-Sac au cours des prochains jours. Des affiches seront également placées à différents endroits et il est déjà possible de voir des panneaux sur les autobus de ville ou dans les abribus. Cinq bandes dessinées, créées par l’entreprise chicoutimienne de graphisme Pomme F, illustrent des situations de violences verbale, psychologique et sexuelle, de harcèlement, et de problèmes de consommation versus les problèmes de comportement. La sixième présente une situation de solution. Cette dernière ne sera pas distribuée dans le Public-Sac, mais plutôt donnée en personne par les organismes de la Table.

«Nous avons choisi la bande dessinée, car ça touche tout le monde. Nous ne voulons pas stigmatiser un groupe, ça touche tant les adultes que les ados. Et ça accroche l’oeil», explique Roxanne Gervais.

Sur chaque carte postale se trouvent les logos d’organismes qui peuvent aider en lien avec la problématique illustrée afin que la population n’ait pas à chercher pour avoir de l’aide. Il s’agit du Service de police de Saguenay, de Femmes Action, de l’Association canadienne pour la santé mentale, du Centre d’amitié autochtone de Saguenay, du CAVAC, du Centre féminin du Saguenay, du Service de travail de rue de Chicoutimi, de la Maison ISA et du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Et au besoin, ces organismes pourront diriger ceux qui en ont besoin à une autre porte, si nécessaire.

Nous savons qu’en situation de violence, il y a parfois un contrôle de la part du conjoint. Donc dans le Public-Sac, ça attire l’oeil facilement, il est possible de déchirer la petite partie avec les numéros, de le mettre sur le frigo, de le glisser subtilement à quelqu’un. Ce n’est pas trop intrusif.

Il n’existe pas de statistiques pour savoir si les jeunes font de plus en plus de violence quotidienne, ou s’ils y sont plus confrontés, mais la carte sur le harcèlement pourra les interpeller en lien avec les réseaux sociaux, souligne Mme Nolin. Même chose pour la violence verbale «qui traverse les murs», car ils entendent peut-être leurs parents crier fort dans la maison.

Aucune carte ne touche la violence physique et c’est voulu.

«C’est clair que cette violence, ce n’est pas correct», conclut Andréanne Nolin.