Ils demandent aussi aux gestionnaires du réseau de la santé de ne pas imposer des quarts de travail supplémentaires samedi et dimanche.
Des membres d’une douzaine de syndicats répartis un peu partout au Québec ont voté pour ce moyen d’action, qui s’inscrit dans une campagne de mobilisation de la FIQ sous le thème «Le TSO, c’est un assassinat professionnel».
Le recours au TSO dure depuis trop longtemps, a souligné Nancy Hogan, présidente du Syndicat interprofessionnel du CHU de Québec, qui représente 4500 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes.
Suite à la troisième vague, c’est épouvantable. C’est constant qu’il y ait du temps supplémentaire obligatoire. Les professionnelles en soins sont épuisées, elles n’ont plus de vie personnelle.
À la suite de l’appel à cette mobilisation, «énormément» de ses membres ont refusé de faire du temps supplémentaire obligatoire, a-t-elle mentionné. Un réaménagement des horaires a notamment été prévu ce week-end en vue de la tenue du moyen d’action.
Le recours au TSO pourrait être possible «compte tenu de plusieurs facteurs» et «lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions», a indiqué le service des communications du CHU de Québec - Université Laval. Il mentionne aussi la possibilité de devoir «diminuer le nombre de lits utilisés pour s’assurer d’avoir la main-d’oeuvre requise», en tenant compte des lits occupés et des potentiels cas urgents et non planifiés.
Également touché par cette mobilisation, le CIUSSS de la Capitale-Nationale dit avoir fait appel à du personnel-cadre pour pallier toute pénurie de personnel dans ses établissements au cours de la fin de semaine. Aucune rupture de soins n’est pour le moment rapportée sur son territoire.
Le CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec mentionne aussi n’avoir jusqu’à présent aucun bris de service. «De manière préventive, une présence intensifiée des gestionnaires sur le terrain est réalisée cette fin de semaine afin de suivre attentivement la situation, mobiliser les équipes et faciliter la transition entre les différents quarts de travail», a expliqué l’organisation qui affirme utiliser le TSO en dernier recours.
Le recours répétitif au TSO est considéré par les syndicats comme «un mode de gestion abusif» et une pratique qui «anéantit toutes les chances de recruter des milliers de professionnelles en soins», en plus d’être «inacceptable» pour la sécurité des patients.
Les organisations syndicales demandent d’endiguer le TSO à court terme. Vendredi, la FIQ a d’ailleurs envoyé une mise en demeure exhortant le ministre de la Santé, Christian Dubé, à mettre fin à «l’utilisation abusive» du TSO d’ici le 15 novembre.
Pour la FIQ, la solution à long terme pour abolir le TSO est d’avoir des ratios professionnels/patients. Elle souhaite aussi un ajustement de l’offre des services au lieu «d’imposer une charge démesurée aux équipes de travail réduites et épuisées», s’il manque de personnel.
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M. Dubé a assuré vouloir éliminer le TSO, mais a soutenu en mêlée de presse vendredi, qu’une des solutions pour y arriver de recruter du personnel.
Selon lui, des gestionnaires doivent pour le moment réorganiser les services. Il appelle aussi chacune des parties concernées à «mettre de l’eau dans son vin» pour tenter de trouver d’autres solutions innovantes.
«Comme un plaster»
Bien que Québec promet de verser des primes de plusieurs milliers de dollars pour ramener des infirmières et permettre des horaires plus stables, le réseau a déjà frappé un mur, selon Mme Hogan.
«Les professionnelles en soins quittent, certaines qui sont près de leur retraite quittent plus vite. Peut-être que les moyens annoncés par le gouvernement vont faire en sorte que certaines vont rester ou revenir, mais le manque est tellement grand que c’est comme un «plaster» sur le bobo à l’heure actuelle», fait-elle valoir.
Dans les établissements du CHU de Québec, il manque 500 infirmières, 200 infirmières auxiliaires et 75 inhalothérapeutes, détaille Mme Hogan, qui propose aussi comme solution de rémunérer les stages pour attirer de nouvelles recrues.