Il y a 31 ans cette année, j’ai accepté d’accompagner Yvon dans sa démarche de discernement vocationnel en vue du diaconat permanent. C’est avec joie que je l’ai accompagné dans cette nouvelle démarche. Pour être plus aidante, j’ai suivi une formation à l’Université du Québec à Chicoutimi et quatre années de formation pastorale avec des personnes-ressources compétentes. Le 18 mai 1990, lorsque Mgr Jean-Guy Couture m’a demandé, au cours de la cérémonie d’ordination d’Yvon, « Lise, acceptes-tu tout ce que cette ordination implique concrètement dans ta vie de femme, d’épouse et de mère ? », j’ai pu répondre le plus sincèrement possible « oui je l’accepte ». Ce oui, comme celui du mariage, je l’ai dit sans trop savoir à quoi je disais oui…
Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord, des temps d’échange entre nous deux, beaucoup d’amour et de respect de ce que l’on est et de ce que l’on fait individuellement, mais surtout ne jamais perdre de vue que ce qui est prioritaire pour nous, c’est notre sacrement de mariage. Depuis l’ordination d’Yvon, je ne m’implique pas toujours de façon visible ; mais il sait que je suis toujours là pour l’écouter et pour lui exprimer ma vision des choses. Que ce soit pour l’inviter à s’impliquer dans une action sociale ou, au contraire, lui rappeler que même si les besoins sont nombreux, il est d’abord un époux, un père, un grand-père, et que le sacrement de l’Ordre reçu ne vient pas ternir, mais teinter notre vie de la couleur du service de façon permanente. Lorsque se présentent des situations particulières, je réagis en me disant : « Eh bien aujourd’hui le “oui je l’accepte” dit à l’Évêque au moment de l’ordination diaconale d’Yvon prend cette forme ! » Et la journée se passe dans le calme.
Après l’ordination, j’ai dû vivre une nouvelle réalité : mon mari n’était plus un laïc, il était un clerc et moi, comme épouse, une laïque engagée dans l’Église, où je fais du bénévolat. Il ne faut pas oublier que dans le diaconat, l’épouse garde ses valeurs et ses expériences. Elle ne devient pas quelqu’une parce que son mari est diacre. Elle était et demeure autonome.
Si parfois la situation de la femme dans l’Église n’est pas évidente, celle de l’épouse d’un ministre ordonné n’a, elle, aucune référence. J’ai dû me faire une place selon mes charismes. C’est là que j’ai découvert qu’il faut beaucoup de créativité, d’imagination, d’improvisation et parfois de l’audace, car on doit parfois s’aventurer sur des chemins pas très défrichés.
Je peux témoigner que je me sens bien comme partenaire d’un ministre ordonné, que répondre à ma mission d’accompagnement du ministère de mon mari est pour moi très dynamisant. Cette complicité est une force dans notre couple et cela nous aide à garder un équilibre que je trouve important de protéger. Le diaconat est pour moi une source nourrissante qui me stimule.
Que nous soyons diacres ou laïques, si nous unissons nos charismes, nos espérances et notre prière, nous pouvons répondre à l’invitation que Jésus nous fait de s’associer à son projet en étant des porteuses et porteurs de Bonne Nouvelle de paix. Toutes et tous, nous en sommes capables, il suffit d’aimer et de vouloir. Cela en vaut la peine, vous pouvez me croire, je le vis chaque jour !
Lise Dumont Brousseau