« Il a été l’un des fondateurs de l’Assemblée des Premières Nations. Son grand rêve était que les peuples autochtones récupèrent leurs territoires et il voulait que ça se fasse tout de suite parce que lui savait que des gens mouraient dans les réserves. C’était un activiste, quelqu’un qui était en avant de son temps », a raconté l’auteur, comédien et metteur en scène, à l’occasion d’une entrevue téléphonique accordée au Quotidien.
Mononk Jules constitue son premier one-man-show. Lorsqu’il se pointera dans la région afin de donner trois représentations, à compter du 29 septembre, le spectacle n’aura été présenté que trois fois. Pendant près de deux heures, il relate l’histoire de Jules Sioui en s’appuyant sur différents modes d’expression. On le voit manipuler des maquettes et des marionnettes, tout en laissant parler les images projetées sur des écrans.
« Comme je ne voulais pas que ce soit un cours d’histoire, le visuel est beau. Il y a des moments qui sont drôles, d’autres tragiques, et la forme emprunte à celle du conte. Dès le premier soir, à Ottawa, le spectacle a été reçu avec enthousiasme. Beaucoup de questions ont été posées parce ça interpelle les gens », rapporte Jocelyn Sioui, qui est attendu au Vieux Couvent de Saint-Prime (29 septembre), à la Salle Michel-Côté d’Alma (30 septembre) et à la Salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière (1er octobre), toujours à 20h.
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Un événement marquant
L’un des temps forts de la vie de son grand-oncle fut la Conscription imposée par le gouvernement fédéral pendant la Deuxième Guerre mondiale. Un vote avait permis aux citoyens de s’exprimer à ce sujet, contrairement aux membres des Premières nations. « Cet événement coïncide avec son éveil. Les gens comme lui n’avaient pas le droit de se prononcer, alors qu’on les envoyait se battre. Comme il a refusé de le faire, on lui a imposé des amendes, en plus de le mettre en prison », souligne Jocelyn Sioui.
Ce décalage entre les droits (inexistants) et les obligations (courir le risque de se faire tuer) est à l’origine des combats menés par Jules Sioui. Pendant toute sa vie, qui fut longue, il a lutté contre le projet d’assimilation du gouvernement canadien, dont fait partie la tragédie des pensionnats. « Peu de gens sont au courant de ces choses parce que les historiens avaient décidé de ne pas en parler. C’est pour ça que plusieurs sont surpris quand il y a des revendications », avance Jocelyn Sioui.
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Dans un monde idéal, le cursus scolaire tiendrait compte de ces réalités, mais en attendant, il y a le livre et maintenant la pièce, qui aident à briser le silence. Il faut croire que le moment était bien choisi pour amener ce projet sur la route, eut égard aux 30 représentations qui seront données d’ici les Fêtes. L’une d’elles aura lieu à Wendake, là même où Jules Sioui a vécu, mais pas son petit-neveu. Originaire de Montréal, celui-ci fait tout de même partie de la Nation huronne-wendat.
« Montréal, c’est mon monde, mais je suis rattaché à ma nation par l’histoire. C’est pourquoi je me pose des questions sur mes propres traces et sur ce qui est arrivé aux peuples autochtones, à l’intérieur de la pièce. Il y a constamment des allers et retours entre Mononk Jules et le présent. Ça dure deux heures, mais ça passe vite », assure Jocelyn Sioui.