L’enseignement innovant d'une professeure de l’UQAC récompensé

La professeure de l’Université du Québec à Chicoutimi, Eve Pouliot

Professeure à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Eve Pouliot a vu sa contribution à un programme novateur d’enseignement hybride être soulignée. Elle a su se démarquer parmi les enseignants de tout le réseau de l’UQ (Université du Québec) et a reçu le Prix d’excellence en enseignement, volet réalisation 2021.


Chaque année, les dix universités constituantes du Réseau UQ, dont fait partie l’établissement de Chicoutimi, choisissent dans leurs rangs des chercheurs et des enseignants qui se sont démarqués afin de les mettre en lice pour différents prix. C’est le directeur de programme Dominic Bizot qui a souhaité appuyer la candidature de Mme Pouliot.

Retenue par l’UQAC, cette candidature a ensuite été choisie parmi tout le réseau. Celle qui est professeure-chercheure à l’UQAC depuis 2006 admet en riant n’avoir jamais pensé gagner un tel prix.

« J’étais très émue. Une carrière universitaire, c’est souvent basé sur la recherche. L’enseignement est moins valorisé, donc j’étais très émue de remporter ce prix-là. C’est une belle reconnaissance », assure-t-elle, lors d’un entretien par visioconférence avec Le Quotidien.

Depuis quelques années, la lauréate travaille sur différentes méthodes d’enseignement innovantes pour les étudiants. Par exemple, elle avait été approchée par le Centre des Premières Nations Nikanite de l’UQAC en vue de la création de cours à distance pour un programme court qui répondrait aux besoins des communautés autochtones en manque de personnel psychosocial.

La maman de trois enfants a été choisie puisque le Centre s’intéressait à deux cours qu’elle donnait déjà au campus de Chicoutimi. Elle note d’ailleurs la chance inouïe qu’elle a eue de pouvoir développer ce projet avec la designer pédagogique Johanne Rocheleau. Eve Pouliot a suivi des formations pour mieux comprendre la réalité des personnes des Premières Nations et leurs façons d’apprendre.

Les cours développés ont été un succès. La professeure utilisait différentes approches et outils pédagogiques, voyant rapidement le potentiel que ces nouvelles méthodes pouvaient avoir auprès de tous ses étudiants.

Des méthodes utiles pour tous

L’enseignante a donc mis sur pied une formule hybride pour ses groupes, alors qu’une partie du travail s’effectuait en classe et l’autre à la maison. Cette formule était encore très nouvelle en 2016 et peu d’enseignants l’utilisaient. Mme Pouliot pratiquait aussi l’enseignement inversé, où les étudiants doivent consulter par eux-mêmes des documents, des vidéos, ou des notes à la maison avant de venir en classe, pour qu’ils puissent en parler tous ensemble par la suite. Cette façon de faire les éloignait un peu plus du cours traditionnel magistral.

Par ailleurs, certains cours donnés par Mme Pouliot étaient auparavant très théoriques, comme celui appelé Déviances sociales et dépendances. Intéresser les étudiants à ces théories explicatives représentait un gros défi. « Ce que nous avons développé comme approche est que tout s’inscrivait dans une métaphore, dans un milieu de vie urbain fictif appelé l’Avenue des Pulsions. Chaque semaine, les étudiants rencontrent un nouveau personnage, parfois des vrais cas », précise-t-elle.

Par exemple, les étudiants ont pu explorer le cas du meurtrier en série canadien Paul Bernardo: un bel homme, qui avait une femme et un bon emploi, mais qui est également connu pour avoir violé et tué de nombreuses femmes. Pour favoriser une meilleure compréhension, l’enseignante invitait d’abord les étudiants à réfléchir sur le cas présenté, pour ensuite regarder avec eux les théories qui s’y rattachaient.

Cette formule hybride et plus participative aide une panoplie d’étudiants. Certains d’entre eux qui ont un déficit d’attention aiment pouvoir revenir consulter des contenus en ligne, et d’autres qui travaillent ou qui ont des familles apprécient pouvoir voir certains aspects du cours lorsqu’ils le peuvent. De plus, cette façon de présenter l’information pique davantage la curiosité des étudiants.

« Ce que je constate, c’est que cette méthode a des effets positifs sur, oui, les étudiants des Premières Nations, mais aussi sur les autres étudiants. L’idée derrière cette méthode était de faire du storytelling, donc d’enseigner par la transmission orale de connaissances, ce qui les rejoignait. Mais maintenant, on voit que ça fonctionne bien avec une diversité d’apprenants. »

Eve Pouliot veut continuer d’ajouter des nouveautés dans ses cours et d’innover pour la suite.