[MATIÈRE À RÉFLEXION] Dépendante au dépassement de soi

Lysanne Richard, plongeuse de haut vol, ne laisse personne indifférent avec ses performances uniques et impressionnantes. Il y a quelques jours, elle a retenu l’attention en plongeant du haut d’une nacelle de 22 mètres à la Dam-en-Terre d’Alma. Femme passionnée, athlète hors pair, artiste dans l’âme, maman, Lysanne Richard promet qu’elle n’a pas fini de nous étonner. Le Progrès lui a adressé une liste de questions afin de mieux comprendre ce qui l’anime.


[Q] Tout d’abord, décrivez votre carrière en quelques phrases.

[R] Je suis plongeuse de haut vol. Depuis 2015, je parcours la planète sur les circuits de compétitions Red Bull Cliff Diving et FINA (Fédération internationale de natation). Je suis la plongeuse de haut vol canadienne la plus décorée, ayant notamment été nommée athlète féminine de l’année par la FINA et l’association La Voix des sportifs. J’ai terminé la dernière saison complète de compétitions, en 2019, au 2e rang mondial. En plus d’être la seule athlète parmi les plongeuses régulières dans ce domaine à être maman, je suis très impliquée pour le développement de mon sport au pays et à l’international.

Je suis également blogueuse et conférencière, puis j’ai été artiste de cirque, notamment avec le Cirque du Soleil et Les 7 Doigts de la main durant une dizaine d’années.

Lysanne Richard est la plongeuse de haut vol canadienne la plus décorée.

[Q] Comment est née cette passion ? Et pourquoi le plongeon de haut vol plutôt que le plongeon en piscine?

[R] C’est par hasard que j’ai commencé le plongeon, au CREPS d’Alma, alors que j’étais enfant. Mes parents souhaitaient m’inscrire en natation, mais il n’y avait plus de place. Dès le premier cours, je suis tombée en amour avec ce sport. Cette passion ne m’a jamais quittée.

J’ai toujours aimé les hauteurs, j’aime ça avoir peur et braver cette peur. J’aime aussi le feeling de voler, de créer du vent. Ces deux raisons font que le haut vol est nettement plus satisfaisant pour moi que le plongeon régulier.

[Q] Vous repoussez vos limites et vous aimez augmenter le niveau de difficulté des défis. Bref, vous donnez l’impression que le mot «impossible» n’existe pas pour vous. Comment expliquez-vous cette volonté d’aller toujours plus loin? Est-ce que l’adrénaline est le carburant qui vous amène à vous dépasser? Et d’où vous viennent ces traits de caractère ?

[R] Je suis dépendante au sentiment de dépassement de soi. Une fois une mission accomplie, j’ai tout de suite le réflexe de me jeter sur la prochaine. J’aime défier l’impossible. Je crois qu’avec la bonne équipe, on peut accomplir de très grandes choses. Je crois en la magie du potentiel de chacun, une fois les gens rassemblés. J’aime que mes défis soient des défis d’équipe et que tous ressentent une fierté à la suite de nos réussites.

Lysanne Richard a effectué un plongeon de haut vol, mardi, à partir de la plateforme d’une nacelle haussée à 22 mètres au-dessus des eaux de la baie de la Dam-en-Terre. Pour sa prestation, elle a accompli un double saut avant avec une vrille et demie.

[Q] Vous êtes une maman. Comment conjuguez-vous votre carrière et votre vie de famille? Est-ce que la peur qu’il vous arrive quelque chose vous habite?

[R] Le fait que je sois maman me permet de garder les deux pieds sur terre et d’avoir une approche très sécuritaire de mon sport. Je ne néglige aucune étape de préparation. Ce sont tous ces efforts, entraînements, exercices, apprentissages combinés qui me permettent de faire ce que je fais. Je ne prends aucun risque non calculé. Que je sois encore en mesure de performer à ce haut niveau à mon âge et de continuer de m’améliorer est certainement dû au fait que je suis maman, car je me dois de m’assurer que tous les détails sont finement peaufinés pour pouvoir pratiquer mon sport extrême.

[Q] Parlez-nous de votre discipline de vie. À quoi ressemble une journée dans la vie de Lysanne Richard?

[R] Ouf, comme je suis travailleuse autonome et mère de trois enfants, aucune de mes journées ni de mes semaines ne se ressemble. Chose certaine, il y a des incontournables, dont beaucoup d’entraînements cardiovasculaires, de la musculation et du plongeon, qui font partie de chacune de mes semaines, quitte à être au gym dès l’ouverture un peu avant 6h pour m’être entraînée avant une journée d’activités en famille ou une trop grosse journée de travail.

Je pratique aussi la visualisation chaque jour, en plus de mes exercices visuels et cognitifs, de mes étirements, de mes rendez-vous avec des spécialistes, tels que mon acupunctrice Valérie Truong, mon physio Dominic Labelle ou ma clinique de massothérapie sportive.

Mon alimentation aussi est importante. Je reçois les bons conseils de ma nutritionniste Alexia de Macar.

J’accorde aussi beaucoup de temps au développement du sport. Je suis toujours à la recherche de nouveaux lieux d’entraînement et je m’implique auprès des autres athlètes afin de les soutenir et de les conseiller. Je suis très impliquée dans la société comme ambassadrice et porte-parole pour bon nombre de causes liées à la santé mentale et physique, à l’environnement et aux familles. Mes réseaux sociaux, les médias et les conférences me tiennent aussi très occupée, en plus du développement de projets.

[Q] Quels sont vos prochains défis, vos projets?

[R] J’ai trois tournages dans les prochaines semaines, dont un avec Dominic Arpin pour Van aventure. Je suis aussi dans les derniers préparatifs pour mon plongeon de la montgolfière, avec l’International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui aura lieu au mois d’août. D’autres idées sont en développement pour le reste de l’année. Je suis aussi en discussion avec des équipes de télévision. J’aimerais beaucoup avoir la chance d’animer une série télé et de travailler de plus en plus dans les médias.

[Q] Et plus largement, comment voyez-vous l’avenir de votre discipline?

[R] Le plongeon de haut vol gagne de plus en plus en popularité et deviendra éventuellement un sport olympique. À mon avis, ce sera un des sports les plus regardés des grands Jeux. Par contre, pour ma part, je me sens davantage comme une artiste qu’une athlète et je souhaite amener mon sport à un autre niveau, relevant des défis plus extrêmes et créatifs, dans des contextes plus inusités. Je désire développer davantage le côté artistique dans mes présentations. Je souhaite continuer à surprendre. J’aime la nouvelle vibe qu’on est en train d’établir. Je trouve ça génial que les gens se demandent: « Qu’est-ce que Lysanne va nous préparer encore?»

Je ne me reconnais pas dans le fait de plonger pour être meilleure que les autres, dans la philosophie de la compétition. Je veux plonger pour les bonnes raisons. Je veux partager, faire vivre des émotions, inspirer, apporter de la lumière sur de belles organisations ou causes. Je veux faire briller les entreprises qui me soutiennent, telles que Solem et KB Cosmétiques. Je veux avoir la chance de donner au suivant par mes plongeons. Je développe un plan stratégique à ce sujet.

Chose certaine, je suis encore en pleine forme et passionnée, et je n’ai pas fini de vous étonner!