Pilote de drone forestier pour Produits forestiers Résolu

Luc Duval à l’oeuvre.

C’est d’abord par intérêt personnel que Luc Duval s’est acheté un premier drone, pour prendre de belles photos de paysage, en 2019. Son intérêt personnel a eu un impact sur son travail de technicien forestier, car il a su voir tout le potentiel de la technologie en foresterie. Deux ans plus tard, il pilote l’équipe en efficacité opérationnelle de Produits forestiers Résolu (PFR) qui vient de faire l’acquisition de plusieurs drones pour ses opérations.


Sur le bord du chemin forestier, Luc Duval sort son drone pour aller explorer un parterre de coupe. Du haut des airs, il inspecte le terrain pour prendre plusieurs photos afin de déterminer où se termine la zone de protection de la bande riveraine, d’une largeur de 20 mètres. Une opération a été réalisée l’été dernier, dans le nord du Lac-Saint-Jean, pour tester le potentiel des drones, dans le cadre d’une étude de préfaisabilité.

La vue d’un bloc de récolte du haut du ciel. 

« Ces photos m’ont permis de créer une orthophoto précise avec les données GPS. Les données ont été transférées dans l’abatteuse qui reçoit une alerte lorsqu’elle atteint la limite de la zone à récolter », dit-il, en ajoutant que les cartes disponibles n’étaient pas assez précises.

Au cours de l’été, le pilote de drone de 33 ans a réalisé plusieurs essais, notamment pour faire des inventaires après coupe et pour évaluer la superficie des chemins sur un secteur de coupe. L’objectif : sauver du temps et être plus efficace en réalisant des tâches en une fraction du temps qu’il faudrait pour parcourir le terrain à la marche, note Luc Duval, en plus de rendre les opérations plus sécuritaires.

La vues des aires permet d’optimiser certaines opérations. 

« Les gens ont parfois l’impression que les métiers forestiers n’ont pas évolué, alors que c’est tout le contraire, dit-il. On implante les technologies dans toutes nos opérations, de la forêt à l’usine, et il existe un énorme potentiel pour travailler de manière plus efficace avec les drones. »

Les tests réalisés en 2020 ont par ailleurs convaincu la direction de PFR de faire l’acquisition de quelques drones pour faciliter les inventaires forestiers, en plus de lancer un projet pilote à l’été 2021, pour détecter la sévérité de l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette.

Un parterre de récolte avec un îlot de rétention.

« On veut analyser la défoliation du haut des airs pour déterminer où se trouvent les arbres déjà morts, qui ne peuvent être utilisés pour le sciage, explique Luc Duval. Ça nous permettrait de faire des gains de production appréciable », dit-il, ajoutant que le projet sera réalisé en partenariat avec FPInnovations, un institut de recherche en foresterie, et le MFFP, probablement à compter du mois de juillet.

FPInnovations et le MFFP travaillent aussi sur la mise au point d’un protocole pour évaluer la quantité de matière ligneuse résiduelle après coupe, car les entreprises doivent transmettre ces données au MFFP après la récolte. Au lieu de faire une évaluation sur une seule parcelle, ce qui prend environ deux heures, un drone serait en mesure de parcourir tout le parterre de coupe pour ainsi produire des données plus précises, en seulement 30 minutes.

PFR travaille avec FPInnovations et le MFFP pour développer un système d’optimisation de la récolte dans les secteurs infestés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. 

Le potentiel d’utilisation des drones est énorme, car il pourrait être utilisé pour calculer les volumes à récolter et pour évaluer la qualité du bois dans un secteur mis aux enchères, par exemple. Les drones peuvent aussi calculer la quantité de matériaux disponibles dans une gravière ou encore calculer l’inventaire dans une cour à bois.

C’est en 2012 que Luc Duval, un français d’origine, a décidé d’émigrer au Québec, car il ne trouvait pas d’emploi à son goût en France. Quelques jours à peine après avoir complété sa technique en aménagement forestier au Cégep de Chicoutimi, il s’est déniché un emploi dans l’industrie forestière, puis en 2015, il a été embauché par PFR.

Luc Duval démontre les applications des drones en foresterie. 

Le photographe amateur a toujours été attiré par les drones, qu’il voyait comme « un appareil photo volant ». Après s’être acheté un premier drone par intérêt personnel, il a suivi un cours pour avoir son certificat de pilote de drone de base en 2019, avant de faire la formation avancée en 2020.

« Ça me permet d’utiliser de plus gros drones plus souvent et avec une plus grande portée », dit-il. En plus de lui permettre de faire des vols hors de portée de la vue, la formation a aussi permis d’approfondir ses connaissances de différents logiciels de traitement des images pour faire de la photogrammétrie, c’est-à-dire l’utilisation de plusieurs images géolocalisées pour créer des cartes précises.

Luc Duvalpilote l’équipe en efficacité opérationnelle de Produits forestiers Résolu (PFR) . 

D’ici quelques années, Luc Duval croit que les drones feront partie intégrante des opérations forestières, alors que de nouvelles technologies permettront de voler sur de plus longues distances, plus longtemps. De plus, l’intégration de telles technologies pourrait séduire davantage de travailleurs à opter pour une carrière en foresterie. « C’est vraiment stimulant de savoir que certaines de mes idées pourront améliorer les opérations en forêt », conclut le passionné.