La sécurisation culturelle : une question de rencontre et de dialogue entre les cultures

Francis Verreault-Paul

À l’aube du 21 juin, journée nationale des Peuples Autochtones, nous souhaitions souligner l’importance de travailler dans une perspective de rencontre et de dialogue entre les cultures, propres à la sécurisation culturelle, dans un contexte universitaire.


Francis Verreault-Paul, chef des relations avec les Premières Nations

Julie Rock, chargée de gestion au CPNN et doctorante en éducation

Christine Couture, professeure au département des sciences de l’éducation

«Après plusieurs coupures avec notre culture au cours de l’histoire, nous voulons la rebâtir et retrouver notre place dans un monde moderne, où l’on se doit de ne pas oublier le passé, mais de regarder vers l’avenir en marchant fièrement dans les pas de nos ancêtres. L’histoire des Premières Nations nous rappelle notre vie nomade, celle où nos pratiques culturelles et traditionnelles étaient basées sur les besoins immédiats, le sens profond que nous accordions aux expériences et aux évènements de la vie, les liens que nous entretenions avec l’environnement et la faune, les aspects organisationnels et relationnels entourant notre vie collective. C’est à partir de ces valeurs que nous voulons affirmer notre identité dans la société.

«Cette affirmation identitaire fait écho au rapport de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (2015) qui soutient que les mesures coercitives adoptées par le gouvernement, visant à éliminer les peuples autochtones et à les assimiler à la société canadienne, n’ont pas atteint leur objectif. Même si les cultures des peuples autochtones ont subi de graves préjudices, elles continuent d’exister. Les Autochtones ont refusé de renoncer à leur identité. Encore aujourd’hui, nous ressentons vibrer notre culture en chacun de nous et elle cherche à s’affirmer à travers notre identité. De plus en plus, nous visons notre autodétermination et nous nous mettons en action afin de nous réapproprier nos pratiques culturelles à travers les programmes et les services en place. Nos systèmes de transmission des savoirs, notre tradition orale et notre lien profond avec la terre revêtent une grande importance dans cette affirmation identitaire.»

- Francis Verreault-Paul et Julie Rock

Julie Rock

Ce mouvement d’autodétermination invite à la réflexion sur ce qui peut causer préjudice aux membres des Premières Nations dans nos institutions et dans la société en général. Des façons de faire et d’interagir peuvent représenter des obstacles pour celles et ceux qui reçoivent des services publics. Pour en être conscients, encore faut-il prendre le temps d’écouter et de comprendre ce qui entre en contradiction avec les cultures autochtones. Dans la rencontre et le dialogue, et en reconnaissant les cultures distinctes des Premières Nations, il devient plus facile d’identifier ces obstacles et d’envisager des pistes de solutions.

C’est dans cet esprit de rencontre et de partage que le Centre des Premières Nations Nikanite de l’UQAC travaille à chercher des points de rencontre entre les cultures, pour améliorer la formation et le soutien offert. Ce travail se fait en collaboration avec des professeurs et chargés de cours et professionnels engagés dans des projets de formation et de recherche avec des partenaires autochtones. Depuis trente ans déjà, l’UQAC développe des programmes et des services «par et avec» les Premières Nations qui s’insèrent dans l’offre générale. Ce travail conjoint veut faciliter l’accès à la formation universitaire et aux cycles supérieurs, inclure des perspectives autochtones dans les programmes, développer des modalités qui tiennent compte des réalités des étudiantes et étudiants et les soutenir jusqu’à la diplomation. C’est ensemble que nous continuerons d’innover pour améliorer notre offre de formation et d’accompagnement dans un mouvement de sécurisation culturelle. Toute la communauté universitaire est invitée à contribuer à ce défi collectif pour développer des façons d’être et de faire permettant à chacun de réaliser ses rêves, dans le respect de sa langue et sa culture.

Christine Couture