Le manque d'approvisionnement mine la Coop forestière de Petit Paris

Le directeur général de la Coopérative forestière de Petit Paris, Alain Paradis, juge que l’avenir de l’entreprise passe par une solution à la problématique historique des garanties d’approvisionnement de la scierie qui sont à 60 % de la capacité de transformation alors que toutes les autres entreprises de la région ont droit à 75 % de garantie d’approvisionnement.

La coopérative Boisaco n’est pas la seule à vivre une grande insécurité face aux problèmes liés aux approvisionnements forestiers alors que celle de Produits forestiers Petit Paris (PFPP), qui doit se contenter d’approvisionnements inférieurs à ce qu’elle aurait droit normalement depuis des années, appréhende les prochains mois.


Le directeur général de la coopérative de Saint-Ludger-de-Milot précise d’entrée de jeu que la coopérative n’a aucunement l’intention de réclamer des approvisionnements. Il n’est pas question non plus d’ajouter un quart de travail additionnel afin de profiter du prix du bois. Elle souhaite simplement être traitée comme les autres entreprises forestières de la région et est consciente que les choses vont devenir de plus en plus difficiles en prévision de la distribution des garanties d’approvisionnement en 2023.

« Nous avons une situation problématique historique pour les approvisionnements forestiers. Notre usine a une capacité de transformation reconnue de 500 000 mètres cubes par année. Notre approvisionnement est de 300 000 mètres cubes ou 60 % de notre capacité reconnue par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, alors que toutes les autres entreprises ont une garantie d’approvisionnement de base de 75 % », explique le patron de la coopérative qui compte 350 travailleurs.

PFPP a des inquiétudes puisque le paysage est sombre pour les prochaines années. L’entreprise s’approvisionne dans l’unité d’aménagement 024-71 qui a été le théâtre d’un feu de 60 000 hectares, au début de l’été dernier. La tordeuse des bourgeons de l’épinette fait des ravages et il y a toujours la grande inconnue du caribou forestier. Ce sont trois éléments sur lesquels il est difficile pour l’entreprise de trouver des solutions.

« On a toujours réussi à s’organiser malgré que nous avions seulement 60 % des approvisionnements contrairement aux autres. Il est impossible d’envisager une nouvelle baisse de nos garanties. Nous achetons 40 % de nos approvisionnements au Bureau de mise en marché des bois (BMMB) et les prix sont très élevés. Nous sommes à risque puisque nous achetons des lots pour l’an prochain à 80 $ le mètre cube alors que personne ne sait quel sera le prix du bois dans 18 mois. Nous sommes obligés de nous mettre encore plus à risque que les entreprises », insiste l’ingénieur forestier.

La coopérative a participé il y a un an au processus de consultation avec le ministère en préparation de la stratégie caribou. Le gouvernement est au fait du problème structurel de PFPP. Les fonctionnaires ont déjà proposé à la coop d’aller s’approvisionner sur la Côte-Nord. Selon Alain Paradis, il est impossible de rentabiliser une telle solution en raison des coûts de transport par camion et surtout des différentes étapes de transbordement du bois.

« Je sais que ce n’est pas facile à résoudre comme problème, mais nous demandons un traitement équitable. La solution se trouve dans nos unités d’aménagement et consiste à ce que l’on puisse avoir notre juste part d’approvisionnement à partir des volumes disponibles. Nous ne demandons pas de dépasser la possibilité forestière, mais bien de faire un partage équitable de la ressource comme ça devrait être le cas. Il n’y a rien qui justifie que PFPP n’ait pas droit au même traitement que les autres entreprises », ajoute le patron de la Coopérative forestière de Petit Paris, qui est toujours en attente d’une réponse du ministère.

La coopérative ne peut pas plus se tourner vers le Syndicat des producteurs de bois du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour l’achat des producteurs privés. Le syndicat a déjà des ententes à long terme avec Arbec et Résolu. Il n’y a plus vraiment d’autre solution pour la coopérative de Saint-Ludger-de-Milot que d’avoir des approvisionnements dans ce qui existe en ce moment à une distance réaliste de son usine.

« Nous avons investi 15 M$ dans notre usine au cours des huit dernières années. C’est vrai que le prix du bois est élevé en ce moment. Mais on oublie que le prix a été plus que moyen pendant sept ans avant de connaître la remontée que nous avons en ce moment. Nos approvisionnements sont nécessaires pour être en mesure de justifier les investissements futurs et de planifier notre développement. C’est la base de notre entreprise et on ne peut pas subir pour toujours un traitement inéquitable par rapport aux autres détenteurs de garantie d’approvisionnement sur notre territoire. »

André Paradis a encore de travers la décision du ministère d’accorder un volume de 25 000 mètres cubes dans l’unité d’aménagement des Monts-Valin. Il ne critique pas Boisaco qui a obtenu ce volume et qui est aussi dans une situation difficile au chapitre des approvisionnements forestiers.