Le visage de l’itinérance change sans arrêt, mais la détresse psychologique demeure une constante, note Michel-Saint-Gelais, directeur général à la Maison des sans-abris de Chicoutimi, qui en dit la grande majorité de sa clientèle affectée.
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Sans avoir la prétention d’être spécialiste, son expérience sur le terrain l’amène à penser qu’il s’agit d’un facteur qui « précipite » les gens vers la rue, où les troubles ne sont pas toujours décelés.
« Souvent, ce que je vois dans la pratique, c’est que la problématique de santé mentale n’est pas identifiée, mais elle est là. [...] Si la personne ne veut pas le savoir qu’elle a un problème, parfois on est mieux de ne pas le savoir tout de suite. [...] Dans le cas d’un trouble bipolaire par exemple, pour bien du monde, un diagnostic, c’est d’enfin mettre un terme sur son mal, de le reconnaître, ça aide à passer au travers. Sauf que des fois, le diagnostic est lourd à porter et la personne ne le voit pas comme un point positif», constate-t-il.
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Les enjeux que soulève Michel Saint-Gelais existent depuis longtemps, mais sont exacerbés depuis un an. Notamment en raison de l’isolement engendré par les restrictions sanitaires, qui commence à « peser lourd », ainsi que du manque de ressources en santé, où les suivis sont plus difficiles.
« Avec l’éloignement des services, le délestage dans les hôpitaux et un peu partout, nos personnes qui avaient des suivis avec des psychiatres ou des médecins, c’est pas mal plus difficile. La télémédecine, c’est bien beau, mais quand tu n’as pas de chez-toi, tu n’as pas plus d’ordinateur», rappelle-t-il.
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Marie-Ève Tremblay, travailleuse de rue à Chicoutimi, en vient sensiblement aux mêmes constats. Des gens « désorganisés », il y en a beaucoup dans les rues, et la mise « sur pause » de nombreux services dans les derniers mois, comme ceux en toxicomanie, n’a pas été sans conséquence, entraînant une hausse des surdoses.
La travailleuse de rue remarque aussi de nouveaux problèmes chez les jeunes. « Ce qu’on constate aussi, c’est qu’ils sont beaucoup plus tournés vers la pharmacodépendance, note-t-elle. C’est dans les médicaments de papa et maman, des opioïdes et du Xanax qui sont sur le marché noir. »
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Sa collègue, Stéphanie Bouchard, qui travaille avec les adolescents par le biais de la Halte, une unité mobile d’intervention, dit aujourd’hui les enjeux de santé mentale plus démystifiés chez les jeunes, même si la capacité à les mettre en mots est différente pour chacun.
La situation des derniers mois est forcément venue en rajouter « une couche » sur leurs épaules, et fait en sorte qu’ils sont plus difficiles à rejoindre, plus « isolés ». Un contexte d’autant plus difficile vu l’approche des travailleuses de rue, qui en est une de proximité.
Stéphanie Bouchard et Marie-Ève Tremblay se considèrent comme un filet de sécurité pour les problèmes en tout genre, mais aussi comme des « intervenantes pivots », puisqu’une partie de leur travail consiste à rediriger leur clientèle vers les bonnes ressources au besoin. À l’instar de Michel-Saint-Gelais, elles parlent d’une belle collaboration entre les différents services et organismes à Saguenay.
« Quand on n’est pas les personnes adéquates pour les aider, on crée le lien avec ces jeunes ou ces adultes-là, on les réfère au bon endroit et on les accompagne là-dedans », conclut Stéphanie Bouchard.