La crise sanitaire, une opportunité pour la transition sociale et écologique

Olivier Riffon est professeur en éco-conseil au Département des sciences fondamentales de l’UQAC.

PAGE UQAC  / L’humanité est confrontée à une crise sanitaire majeure. Il s’agit du plus grand bouleversement planétaire à survenir depuis des décennies, après une période de calme relatif. Cette crise aura révélé les vulnérabilités de nos systèmes sociaux, politiques et économiques, tant à l’échelle mondiale que dans la région. On constate la fragilité de nos économies, de nos chaînes d’approvisionnement, de nos systèmes de santé, de notre cohésion sociale, de nos mécanismes démocratiques.


Olivier Riffon est professeur en éco-conseil au Département des sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Sa recherche porte sur les outils et démarches de mise en oeuvre du développement durable et sur les collaborations transdisciplinaires pour la transition sociale et écologique.

La pandémie peut être vue comme un coup de semonce. Sur une planète en évolution rapide, ce n’est pas la dernière crise à laquelle nous serons confrontés. Entre les changements climatiques, la chute de la biodiversité, le vieillissement de la population, la montée des maladies chroniques et des problèmes de santé mentale, la polarisation des débats politiques et la hausse des inégalités, personne ne peut prédire d’où proviendront les prochains grands bouleversements. Nous sommes peu préparés, collectivement, à des chocs pourtant inévitables.



Les crises, peu importe leur nature, sont évidemment des moments de danger. Par contre, elles offrent aussi des occasions de réflexion et de transformation. Dans la région, et partout sur la planète, des voix s’élèvent d’ailleurs pour demander des changements. Peut-on profiter des bouleversements actuels pour changer durablement nos manières de vivre ? Identifier ce que l’on souhaite retrouver – les contacts sociaux, la mobilité et le temps – et ce qu’on souhaite laisser derrière – le stress et la congestion routière ? Tant qu’à devoir s’adapter à un contexte pandémique, peut-on corriger de manière plus fondamentale les sources des inégalités sociales et des dégradations environnementales ?

C’est là l’essence d’une transition sociale et écologique. C’est une démarche globale de transformation de nos systèmes économiques, politiques et culturels. Pilotée de manière collective, elle vise à développer de nouvelles approches de développement qui assurent le bien-être collectif, dans le respect des limites des écosystèmes. La transition se matérialise à travers un ensemble d’innovations sociales, technologiques, économiques, politiques et institutionnelles, mises en oeuvre de manière coordonnée.

L’appel à une transition sociale et écologique est largement partagé. Dans notre région, des milliers d’individus y travaillent déjà. Même avant la pandémie, nous explorions déjà de nouveaux modes de production, d’échange, d’éducation, d’aménagement, d’agriculture, de construction, de vivre ensemble. Ces initiatives donnent des résultats encourageants !

La transition est déjà en action, mais il faut avouer que nous ne sommes pas tout à fait d’accord sur la destination et sur les meilleurs chemins à emprunter. Opter pour une industrialisation durable ? Favoriser l’économie circulaire ? Développer l’économie numérique ? Miser sur l’agriculture durable et le tourisme ? Augmenter l’autonomie régionale ?



Une coordination est également souhaitable entre les initiatives régionales de transition. Les positions sont souvent polarisées et il y a peu de lieux pour en discuter. Comment alors mobiliser la population pour imaginer l’avenir que nous souhaitons et entreprendre collectivement les transformations à opérer pour s’adapter aux différents enjeux du 21e siècle ?

La réponse ne se trouve pas entre les mains d’équipes de recherche, d’expert.e.s ou de décideur.euse.s. Elle est plutôt à coconstruire en mobilisant notre intelligence collective. Nous pouvons penser qu’un dialogue territorial ouvert et respectueux, impliquant des personnes actives dans tous les secteurs d’activité, sur l’ensemble de notre territoire, permettrait de définir collectivement notre vision de la transition, d’élaborer notre feuille de route et d’activer les leviers de sa mise en oeuvre.

Un collectif propose d’animer ce Grand dialogue régional pour une transition socioécologique. Mené dans une approche de recherche citoyenne, éclairé par les connaissances scientifiques, par les meilleures pratiques et par notre intelligence collective, le Grand dialogue pour la transition pourrait permettre la mise en commun de nos idées, de nos aspirations et de nos moyens d’action.

Dans un monde en profonde mutation, la région n’aura pas le choix de s’adapter et de développer sa résilience. Notre territoire et notre population nous offrent tout ce qu’il faut pour le faire. Il est possible de profiter de la crise actuelle pour entamer le dialogue, pour définir nos choix collectifs, pour accélérer cette transition, et être ainsi mieux préparés pour les changements à venir.

Poursuivez la discussion en clavardage le lundi 9 novembre, dès 19 h, sur Zoom : https://uqac.zoom.us/my/quotidien