Lysanne Richard: rebondir toujours plus haut

Même la pandémie n’a pas réussi à freiner la Saguenéenne d’origine Lysanne Richard, qui, en plus de participer à de nombreux projets pour développer le sport de plongeon de haut vol au Québec et au Canada, publie sa biographie <em>Toujours plus haut,</em> écrite par Myriam Jézéquel.

Ne se hisse pas parmi les meilleures plongeuses de haut vol au monde qui le veut. Il faut non seulement beaucoup de talent, de travail et de détermination pour jouer les trompe-la-mort avec autant de succès, mais dans le cas de Lysanne Richard, il y a aussi une remarquable résilience aux différentes embûches qui ont jalonné l’impressionnant parcours de cette battante.


C’est l’un des aspects de la vie pas banale de cette artiste-athlète d’origine saguenéenne que l’on découvre dans sa biographie, Toujours plus haut, disponible en librairie depuis jeudi. Un «beau cadeau» que lui a offert l’auteure Myriam Jézéquel, assure-t-elle en entrevue téléphonique, précisant qu’elle se «trouve juste chanceuse d’avoir cette opportunité.»

Le duo a donc plongé dans cette première aventure avec l’idée de mettre de l’avant des valeurs communes, comme le dépassement de soi, la résilience et la confiance en soi, qui fait que tout devient moins compliqué, dans l’espoir d’inspirer positivement les lecteurs. Mais aussi pour mettre en valeur le plongeon de haut vol, dont Lysanne Richard est devenue une ambassadrice par excellence de par son parcours et les nombreux projets qui continuent de l’animer. « Ça, c’est vraiment ma mission. Je veux que mon sport soit de plus en plus connu pour qu’il se rende aux Jeux olympiques.»

Cadette d’une famille de trois, Lysanne Richard démontre très jeune son caractère fonceur. Elle ne craint pas les hauteurs. Son père, Paul-Émile, surnommé Paulo, travaille pour la multinationale Alcan, aujourd’hui Rio Tinto, tandis que sa mère, designer graphique, est travailleuse autonome. De maman Marcia Léger, qu’elle admire, elle a hérité cette résilience qui lui permet de s’adapter et de trouver des solutions.

«La rigueur et de vouloir être performants dans ce qu’on fait, on tient ça de nos deux parents. Mais ma mère avait besoin de s’adapter encore plus avec les transferts [de mon père]. Elle se réorganisait tout le temps. Ça n’avait jamais l’air difficile. Ma mère, encore aujourd’hui, est toujours en train de trouver des solutions. C’est sûr que c’est inspirant», explique la sympathique athlète, qui affirme que cette aptitude l’a aidée dans sa carrière au cirque et en haut vol.

D’ailleurs, son premier contact avec le plongeon n’était pas planifié. Le cours de natation où voulait l’inscrire sa mère affichait complet et comme il restait des places dans le plongeon, elle a joint le club almatois. Douée, la petite blondinette a poursuivi sa route en sport-études à Québec, jusqu’à ce qu’une labyrinthite la force à changer ses plans. Qu’importe, tout aussi douée pour le trampoline que pour l’improvisation et la communication, l’enjouée jeune fille fait son entrée à l’École nationale de cirque (ENC) de Montréal. Elle avait aussi été acceptée en Art et technologie des médias (ATM) au Cégep de Jonquière, mais l’appel du cirque a été plus fort.

Malgré ses doutes, la jeune Lysanne continuera ainsi de s’élancer dans la vie tout en ayant à coeur de constamment s’améliorer. Après un été 2000 mémorable en France, elle est de retour à l’ENC, où elle rencontre Stéphane Roy, qui allait devenir son conjoint, complice et pilier de vie d’une belle famille de trois enfants. Et ce, tout en poursuivant une carrière d’artiste et d’acrobate, entre autres, avec le Cirque du Soleil.

Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille, surtout dans le cas de Lysanne Richard, qui, en 2015, se lance dans sa nouvelle carrière de plongeuse de haut vol sur le circuit mondial Red Bull. C’était le début d’une autre belle aventure, avec ses doutes et ses victoires, petites et grandes. Mais voilà qu’en 2017, une blessure majeure au cou la touche pendant une bonne année et l’amène à se questionner sur la suite des choses.

Peut-être grâce à son passé de clown, l’athlète trouve un moyen de faire un nouveau pied de nez à ce coup du sort. Grâce à sa détermination et à des alliés, elle remonte la pente pour briller à nouveau. Si bien qu’en 2019, elle termine au 2e rang mondial et au 3e rang au classement du circuit Red Bull.

Cette année, nouvelle tuile en raison de la pandémie, mais encore une fois, elle met cette pause forcée à profit pour concrétiser des projets et s’ouvrir à de nouveaux horizons pour promouvoir et développer son sport.

« Il y a eu des moments pas faciles, mais en même temps, je suis chanceuse. Il y a eu beaucoup de choses que je vis ici qui fonctionnent et ça me donne énormément d’énergie aussi. Je pédale beaucoup, mais je ne pédale pas seule! J’ai beaucoup d’alliés qui embarquent avec moi. Alors, je sens que ça vaut la peine de faire ce que je fais et je sais que ça va redonner à la future génération », fait-elle valoir, nourrie par sa passion et son entourage.

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BIEN DES PROJETS À DÉVELOPPER

Lysanne Richard n’est pas peu fière d’avoir réussi, avec l’appui de Plongeon Canada, à faire aménager une plateforme de 20 mètres, inaugurée en février dernier, au Centre sportif du Parc olympique. Cet été, elle a travaillé au projet d’un centre d’entraînement dans un environnement naturel en Beauce. Et en septembre dernier, avec Pierre Lavoie et Germain Thibault, elle a fait des tests à partir de la paroi de Tableau pour un site potentiel de compétitions où les athlètes plongeraient dans le fjord du Saguenay si le projet d’y présenter des Championnats canadiens de plongeon haute voltige se concrétise.

La généreuse athlète souhaite ainsi contribuer à favoriser le développement de « la belle relève » en marche au Canada, avec les Aimee Harrison, Molly Carlson et Michaël Foisy, notamment. « Ça va vraiment bien et je suis optimiste que le Canada sera une puissance en haut vol, tout comme en plongeon régulier. On a tout ce qu’il faut pour être parmi les pays dominants dès l’entrée de la discipline aux Jeux », assure celle qui, si ce rêve ne se réalise pas en 2024, à Paris, sera présente comme analyste ou autres si la discipline ne devient officielle qu’aux Jeux suivants.

D’ici là, les projets ne manquent pas. « Je rêve de plonger d’un hélicoptère. On travaille vraiment fort sur un projet de court-métrage pour arriver à le faire éventuellement, souligne-t-elle. Les médias m’intéressent beaucoup et il y a un projet télé dont je serais l’animatrice qu’on est en train de développer et ça regarde très bien. Quand je quitterai la compétition, j’ai le goût de continuer à faire des sauts et à être impliquée dans les projets qu’on a au Saguenay. Et il y a aussi le milieu du cirque dont je m’ennuie un peu », avoue-t-elle.

« Je me sens plus comme une artiste que comme une athlète dans la vie. Quand ça parle du coeur et des relations humaines, ça me touche beaucoup. C’est ça que je trouve vraiment bien dans mon parcours et c’est ça qui m’a alimentée. C’est devenu une histoire, une aventure humaine beaucoup plus que sportive, et c’est ce qui me stimule à continuer. [...] Peu importe ce qui va arriver, ça va donner de belles options et on va suivre le courant!»