Une biographie et une exposition à 96 ans pour Clément Gravel

Toujours alerte à 96 ans, Clément Gravel a célébré son anniversaire de naissance en exposant des tableaux sur sa propriété de Lévis. Il a aussi procédé au lancement de sa biographie en compagnie de l’auteur, le journaliste Claude Desjardins.

Clément Gravel vient de célébrer son 96e anniversaire de naissance, mais on dirait qu’il a oublié de compter les années. Ce jour-là, tout bonnement, l’artiste originaire de Chicoutimi, qui vit désormais à Lévis, a lancé sa biographie, tout en exposant une vingtaine de tableaux sur sa propriété.


L’invité d’honneur était l’auteur du livre, le journaliste Claude Desjardins. C’est lui qui a recueilli les confidences du nonagénaire, lesquelles recoupent l’essentiel de son parcours. On fait d’abord connaissance avec son père, Armand, dont les réalisations en tant qu’architecte ont enrichi le paysage urbain de La Baie, Chicoutimi et bien d’autres communautés.

«C’est lui qui a dessiné les plans de l’église Saint-Édouard, à La Baie, et ceux de la chapelle du Très Saint Sacrement, à Chicoutimi. L’église de Tadoussac, c’est aussi lui, a précisé Nicole Gravel au cours d’une entrevue téléphonique accordée au Quotidien. Tout comme mon père, c’est un homme qui aimait la nature. Ensemble, ils allaient à la pêche, ainsi qu’à la chasse.»

Clément Gravel n’a pas emprunté la même voie, cependant, au moment de choisir sa profession. Il a été ingénieur forestier, spécialiste de l’étude des sols et propriétaire d’une entreprise de portes et fenêtres, entre autres choses. Aujourd’hui, cependant, on le connaît davantage pour ses peintures, nées d’une expérience douce-amère.

Son épouse, Pauline Picard, était hospitalisée lorsqu’elle lui a fait cadeau des outils nécessaires pour produire des oeuvres. Voyant arriver l’ultime échéance, elle souhaitait que cette nouvelle occupation allège les tourments de son vieux complice. Dès le premier soir, celui-ci a tenté sa chance. Une toile a pris forme, qu’il lui a montrée le lendemain.

«Elle a souri en la voyant et mon père a répété l’expérience. Chaque jour, une oeuvre arrivait à l’hôpital et avant d’écrire le titre, il lui demandait de deviner à quel événement de leur vie elle référait. En l’espace de deux mois, soit jusqu’à son décès en mars 2016, ma mère a semé l’idée que Clément pouvait faire de la peinture et que moi, je gérerais sa carrière», relate Nicole Gravel.

Toujours en forme et autonome, Clément Gravel, dont le nom d’artiste est Papy, a créé 400 tableaux à ce jour. Chaque année, des expositions sont organisées, un peu partout au Québec. Cette série se poursuivra en 2021, d’abord à Blainville et, si les astres finissent par s’aligner, au Musée national des beaux-arts de Québec.

Le projet consiste à accrocher une vingtaine de tableaux dans le Passage Riopelle. Il a été décalé, puis la crise sanitaire est survenue, entraînant un nouveau délai. Si l’échéancier est devenu flou, l’intérêt du musée a été confirmé lors d’une rencontre avec le directeur général Jean-Luc Murray. Une équipe a également filmé l’artiste à son domicile et pris des photos de ses oeuvres.

«Mon père tient beaucoup à cette exposition et j’espère qu’elle se fera pendant qu’il est encore vivant. C’est derrière le musée que lui et ma mère s’étaient rencontrés pour la première fois. Il y a donc un lien sentimental et juste avant qu’elle décède, il lui a promis d’exposer là», fait observer Nicole Gravel.

Pour revenir à la biographie, mentionnons que la préface a été écrite par la comédienne Marie Tifo, une cousine de Pauline Picard. Publié à compte d’auteur, le livre n’est pas disponible dans les librairies du Saguenay-Lac-Saint-Jean. On peut cependant le commander en écrivant à l’adresse claudedesjardins.com.