La pandémie de COVID-19 a bouleversé bien des vies, mais son impact est encore plus douloureux pour certaines personnes quoi voyaient enfin la lumière au bout du tunnel. Pour les jeunes en rémission du cancer qui s’apprêtaient à partir en expédition avec la fondation Sur la pointe des pieds à l’été 2020, la nouvelle est venue comme un coup de massue. Partir à l’aventure était en quelque sorte une façon de reprendre une vie normale et de sortir de leur zone de confort, après des mois, voire des années de thérapie.
« Les jeunes atteints de cancer ont d’autant plus besoin de notre soutien en temps de pandémie », estime Jean-Charles Fortin, directeur général de la fondation.
Avec son équipe, il a évalué toutes sortes d’options pour tenter d’organiser des expéditions, tout en respectant le concept de distanciation physique. Mais il était impossible d’assurer la sécurité des jeunes, qui sont souvent immunosupprimés, pendant l’expédition et lors de leurs déplacements.
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Cette pause forcée a tout de même permis de réaliser à quel point les jeunes avaient besoin de se retrouver, pendant cette période anxiogène. C’est ainsi qu’est venue l’idée de faire des expéditions en boîte et de les livrer aux participants aux quatre coins du pays. « Étant donné qu’on ne sait pas combien de temps vont durer les mesures sanitaires, on voulait tenter de remplir nos objectifs autrement, en offrant des occasions pour se rencontrer, échanger, faire de nouvelles expériences et découvrir le milieu naturel », explique Marie-Michelle Paradis, chargée de projet.
À la découverte de la culture inuite
Dans un premier temps, le groupe qui devait se rendre au Nunavik a testé le concept en recevant « Le Nord en boîte », un colis livré par la poste pour inciter à l’aventure. Pendant cette expédition prévue à Kuujjuaq, les participants devaient parcourir de longues distances en ski de fond, en faisant du camping hivernal. Pour tenter de recréer en partie l’ambiance, ils ont reçu un livre sur le Nord-du-Québec, une recette de bannique inuite, des propositions de films à écouter sur le Nord et sur la culture inuite, une tisane inuite ainsi que plusieurs contes et légendes. « Ça nous a permis de faire découvrir la culture et le territoire autrement », remarque Mme Paradis.
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Même à distance, la dynamique de groupe a fonctionné. La plupart des participants ont fait toutes les activités, dont la méditation, les recettes et une activité physique qui sortait de l’ordinaire. « La même journée où l’on devait faire notre plus grosse journée de l’expédition, on a demandé aux participants de relever un défi physique spécial, qui les amènerait à se dépasser, explique la chargée de projet. On invitait ensuite les participants à partager leur activité avec une photo sur un groupe Facebook pour faciliter les interactions. »
Pour l’occasion, Karine, une des participantes, est allée monter les marches de l’oratoire Saint-Joseph pour la première fois depuis la fin de ses traitements. « L’oratoire est l’un de mes endroits préférés à Montréal, puisque c’est là qu’on trouve les plus beaux couchers de soleil. C’est la première fois depuis ma chimio que j’y retourne. La vue est encore plus magique que dans mes souvenirs », a-t-elle publié.
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Un participant de Toronto y est plutôt allé sur une note humoristique, chaussant ses skis et tirant un traîneau sur le gazon.
Outre l’aventure, les rencontres et les partages entre participants font partie intégrante du processus thérapeutique des participants, car ces échanges permettent aux jeunes de voir qu’ils ne sont pas les seuls à avoir vécu des moments pénibles. « On a organisé des rencontres en ligne et ce sont les jeunes qui ont amené la question des traitements dès le départ », soutient Marie-Michelle Paradis.
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Ce moment de partage a soudé le groupe et les participants ont demandé de faire plus de rencontres du genre.
Initiation à la pêche
À l’été 2020, la fondation devait aussi lancer le projet pilote « En attendant que ça morde », avec dix participantes âgées de 30 à 39 ans. Faute de pouvoir partir à la pêche en groupe, ces dernières ont reçu de la documentation et du matériel pour apprendre à faire certains noeuds de manière autonome, un livre de recettes sur la cuisine des espèces de poisson du Québec et une carte annuelle d’accès au réseau de la Sépaq. Elles ont aussi participé à une soirée discussion sur le thème de la nature et de l’aventure.
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« Le projet est arrivé à un moment difficile pour moi, avec la fin des traitements et le début du déconfinement, explique Catherine, qui a participé au projet remodelé. Il m’a permis de me mettre en action et de me concentrer sur autre chose, ce qui m’a fait beaucoup de bien. Je ne connais rien à la pêche, mais j’ai eu un réel plaisir à essayer de nouvelles activités, à acquérir de nouvelles connaissances et à échanger sur le sujet. Un gros merci à Mario [Bilodeau] pour sa participation ! Je l’aurais écouté raconter ses aventures durant des heures ! J’avais déjà si hâte au projet, mais je ne suis vraiment pas déçue du projet de remplacement. J’ai maintenant tellement hâte de passer de la théorie à la pratique ! »
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Si les normes sanitaires le permettent, le projet de pêche devrait avoir lieu à l’été 2021.
Rallye-photo en nature
Le dernier projet de la fondation devait permettra à 13 jeunes de faire une randonnée grandiose dans l’Ouest canadien. Le projet de remplacement s’est fait sur six semaines, cet été. Les participants ont notamment été conviés à faire un rallye-photo en nature, à participer à des discussions de groupe, à accomplir un défi physique de groupe (250 km à pied) et à prendre part à une soirée d’information sur les perséides.
« On s’est beaucoup attardés à ce que la pandémie nous empêchait de faire, mais il faut surtout regarder ce que la pandémie nous permet de faire », lance Jean-Charles Fortin, avec sagesse.
En plus d’offrir des aventures « créatives » en cette période spéciale, l’équipe de la fondation en a aussi profité pour réviser ses outils de gestion et ses plans d’intervention, afin de finaliser le programme de reconnaissance des bénévoles et de trouver des manières d’améliorer son écoresponsabilité.
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REPENSER LE FINANCEMENT
En 2020, la fondation Sur la pointe des pieds a été en mesure de réaliser deux de ses quatre événements annuels avant l’imposition des mesures sanitaires, en mars. Pour l’avenir, l’organisation souhaite développer de nouveaux créneaux philanthropiques afin d’assurer son financement pour offrir des aventures thérapeutiques à un maximum de jeunes atteints du cancer.
« On a eu la chance de pouvoir faire le Double Défi des deux Mario et la Course CRYO en février », soutient M. Fortin.
Ces deux événements ont assuré une bonne entrée d’argent avant la pause imposée par la COVID-19. Même si le Rase-O-Thon Marie-Hélène Côté n’a pas pu être tenu en personne, les participants ont tout de même réalisé la collecte de fonds virtuelle, laquelle a permis d’amasser plus de 78 000 $.
Pour le moment, la fondation s’en tire sans trop de soucis financiers, mais comme il sera difficile de tenir des activités de financement au cours des prochains mois, de nouveaux outils devront être développés. « On misait jusqu’à maintenant sur les événements, mais on souhaite développer des programmes de philanthropie plus conventionnels et faire une campagne de financement avec des donateurs majeurs », confie le directeur général.
L’événement de levée de fond qui devait se tenir à l’automne sera repensé. La fondation réfléchit aussi à différentes formules pour permettre la tenue du Double Défi des deux Mario et la Course CRYO l’hiver prochain.
En ce qui a trait aux événements, l’équipe planche sur plusieurs scénarios, mais comme les transports risquent d’être plus compliqués à court terme, les aventures au Québec devraient être privilégiées.