Pas de plongeon haut vol pour Lysanne Richard

Lysanne Richard poursuit son entraînement à la maison au cas où la saison débuterait en août.

La plongeuse de haut vol Lysanne Richard ne s’exécutera pas comme prévu à la mi-mai, à Bali, en Indonésie, ni les semaines suivantes. Les dirigeants du circuit international Red Bull ont repoussé le début de la saison au mois d’août .


« Tant qu’à être dans cette situation, je vois les aspects positifs. Je passe beaucoup de temps avec mes enfants. Mon travail, c’est de faire ce que je peux pour être prête quand ça va recommencer. Si jamais la saison est finalement annulée, ce ne sera pas la fin du monde. On fait seulement que plonger. Il y a quelque chose de plus grave que ça qui se passe mondialement. Il faut prendre du recul par rapport à ça », met en contexte l’athlète originaire de Jonquière qui a reçu une mise à jour vendredi matin de la part des responsables qui espèrent toujours tenir un calendrier de cinq épreuves qui s’étendrait jusqu’en novembre.

Pour le moment, seulement l’épreuve de Poligno a Mare, en Italie, un pays très touché par la propagation de la COVID-19, qui devait avoir lieu à la mi-juillet, a été officiellement remise à 2021 par les organisateurs. Lysanne Richard doit tout de même poursuivre sa préparation malgré l’incertitude.



« Le pire en ce moment, c’est de ne pas savoir », estime celle qui a terminé troisième du classement général l’an dernier, ce qui lui a donné le deuxième rang au classement mondial de la Fédération internationale de natation (FINA).

« Les athlètes des sports olympiques, c’est annoncé qu’il n’y a pas de Jeux olympiques cet été. Ils peuvent être dans une autre phase d’entraînement. C’est sûr qu’ils demeurent actifs, mais ont moins la pression d’avoir à livrer une performance bientôt. Pour moi, le mois d’août, c’est quand même bientôt alors que je devrais être en train de me préparer au maximum, mais en même temps, je n’ai pas les ressources actuellement. C’est aussi difficile de se dire qu’on se prépare, mais qu’il y a de bonnes chances que ce soit simplement annulé. Mentalement, on ne sait plus où mettre l’énergie. Est-ce que je dois me réorganiser ou être optimale. Je fais les deux en même temps et c’est quand même demandant en plus d’aider avec les enfants. Ça fait beaucoup de choses en même temps. J’aimerais savoir sur quel pied danser. En même temps, pour l’instant, la seule chose que je peux contrôler, c’est ce que je fais de mes journées. J’essaie de faire le mieux possible pour être prête à toute éventualité », explique-t-elle.

Lysanne Richard a même ressorti son matériel de cirque, ce qui lui permet de faire des rotations plus facilement et ainsi garder sa bonne orientation spatiale et ses réflexes, même si ce n’est pas tout à fait pareil. « On n’a pas le choix de faire tout ce qu’on peut pour demeurer prêt pour avoir une bonne saison de compétition, malgré qu’on n’a plus accès à la piscine ni au gym. Ce ne sont pas des journées typiques de préparation de saison, mais on s’organise comme on peut », mentionne Lysanne Richard qui a des contacts réguliers avec ses entraîneurs.

Parmi les autres éléments positifs à cette pause forcée, l’athlète de 38 ans épargne présentement son cou qui lui a causé sa part de problèmes au cours des dernières années, la forçant à rater une partie de la dernière saison, dont les Championnats du monde.



« Je me dis que tous les athlètes sont dans cette situation. Même les Jeux olympiques ont été repoussés. Ce n’est pas si grave que ça en ce moment. Pendant que je ne plonge pas, mon cou récupère. Je dois toujours penser à mon cou. En ce moment, on n’est pas en train de le maganer. J’en profite pour pouvoir continuer de le solliciter plus tard », de souligner Lysanne Richard qui, avant que tout soit mis sur pause, a eu le temps de faire des démonstrations de plongeon haut vol à la fin février dans le cadre de l’événement Montréal en Lumière et sur la nouvelle plateforme de 20 mètres du Stade olympique en marge des Séries mondiales de plongeon.

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UNE PAUSE FORCÉE POUR SES 39 ANS

Personnellement, cette pause survient à un mauvais moment dans la carrière de Lysanne Richard. Comme elle aura 39 ans en août, elle ne peut pas compter sur le temps comme allié.

« Dans le fond, si on n’a pas de saison, au cours de la prochaine, je vais avoir 40 ans », fait remarquer en riant à l’autre bout du fil la Jonquiéroise qui, depuis quelques années, a adopté une approche différente à l’entraînement basée sur la stabilité afin de maintenir son niveau parmi les meilleures au monde de sa discipline. 

« Je suis encore dans la “game”, mais plus le temps passe, le sport va s’améliorer et ça va devenir de plus en plus difficile de suivre. J’améliore mes aptitudes mentales et ma constance. Je sais que je ne pourrai pas faire des compétitions pendant encore 20 ans. Des spectacles peut-être, parce que c’est plus facile physiquement », concède Lysanne Richard, qui se demande également ce qui se produira avec les Championnats du monde de la FINA en 2021, dans la même période que les Jeux olympiques. 

En plus du report des compétitions, cette crise a également forcé Lysanne Richard à annuler des conférences et des spectacles, ce qui lui a fait perdre d’importantes sources de revenus. Elle est également sur le qui-vive avec ses commanditaires. 

« Il y a un peu d’inquiétude, mais on est tellement de personnes dans cette situation », rappelle la plongeuse de haut vol qui a toutefois été approchée par une entreprise partenaire pour organiser des entraînements et des conférences en ligne pour les employés afin de leur permettre de garder le moral avec le confinement et le télétravail. 

« Je suis super occupée. Je ne cherche pas quoi faire. Ce n’est pas ce qui était prévu, mais ç’a quand même des avantages, note-t-elle. Un des défis présentement, c’est de briser l’isolement. Il y a beaucoup de gens qui se sentent seuls. C’est bien que la technologie soit assez avancée pour nous permettre ça. »

Au cours des dernières semaines, elle a également utilisé les réseaux sociaux, où elle profite d’une grande visibilité, pour encourager les gens à respecter les consignes de confinement.

« J’ai embarqué à fond », s’exclame Lysanne Richard, très touchée par le côté humain de la crise et de ses nombreuses répercussions.