C’est normal. Ils se sont tous les deux retrouvés sous le plus grand projecteur sur la planète, au Championnat mondial junior. Et ils ont tous les deux brillé.
Bernard-Docker a été le défenseur le plus utilisé au sein de l’équipe qui a fini le tournoi sur la plus haute marche du podium.
Thomson n’a pas rapporté de médaille. À 18 ans, il a quand même été le capitaine d’une coriace petite équipe scandinave qui s’est bien battue.
Avec ces deux jeunes hommes, croit-on, l’avenir est radieux à Ottawa. La relève semble assurée, du côté droit, en défensive.
Et le pire, c’est que ça ne s’arrête même pas là.
Cette chronique sera un petit rayon de soleil, en ce samedi de blizzard. Les Sénateurs ont subi neuf revers consécutifs. Ils vont tout faire pour ne pas en subir un 10e, quand les Flames passeront par le Centre Canadian Tire.
La relève est vraiment solide, défensivement, du côté droit.
Les Sénateurs ont Maxence Guénette. On l’oublie vite, lui, parce qu’il n’a pas joué des matches devant des centaines de milliers de téléspectateurs, au temps des Fêtes.
On a perdu Guénette de vue, à la fin du mois de septembre, quand il a quitté le camp d’entraînement des Sénateurs.
Il était de retour dans le coin, vendredi soir. Il était là pour affronter les Olympiques de Gatineau, avec ses coéquipiers des Foreurs de Val-d’Or.
Je suis allé à sa rencontre. J’ai parlé à son entraîneur.
Il connaît une très bonne saison.
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Guénette a surpris bien des gens, en septembre. Personne ne s’attendait à ce qu’un adolescent de 18 ans, choix de septième ronde au repêchage, passe plus de quelques jours au camp.
Il est tombé dans l’œil des nouveaux entraîneurs. Ces derniers lui ont même permis de participer à un match préparatoire.
Guénette a surpris bien des gens. Il s’est probablement surpris lui-même.
On m’a dit un truc très intéressant à son sujet, à ce moment-là. « Maxence doit prendre conscience de certaines choses. Il devrait d’abord prendre conscience de son propre talent. »
J’en parlais notamment avec Mathieu Turcotte, un entraîneur qui connaît Guénette depuis longtemps. Ils ont commencé à travailler ensemble à l’époque où le gamin donnait ses premiers coups de patin dans le MAHG. Une dizaine d’années plus tard, ils ont travaillé ensemble avec les Chevaliers de Lévis, dans la Ligue midget AAA du Québec.
« Souvent, les gars qui ont autant de talent ont trop confiance en leurs moyens. Avec Maxence, c’est le contraire », me dit-il.
Guénette sourit, quand on lui parle de cela.
« Tu n’es pas le premier à m’en parler », réagit-il.
Les yeux de Pascal Rhéaume s’écarquillent quand le sujet tombe sur la table.
Entraîneur-chef des Foreurs depuis bientôt deux ans, il commence à bien connaître son protégé. Selon lui, les choses ont commencé à changer, pour le mieux, lorsque le joueur est rentré en Abitibi. « Ça lui a fait réaliser certaines choses, son séjour à Ottawa. Il est revenu avec une attitude A-1, un désir de s’améliorer chaque jour. »
Pas que son attitude faisait défaut, dans le passé.
Avec son humilité caractéristique, il a toujours été un joueur assez facile à diriger.
Les Sénateurs lui ont simplement fait comprendre qu’il avait tout ce qu’il fallait pour connaître une belle et longue carrière... À condition de continuer à mettre toutes les chances de son côté.
« Les forces que les Sénateurs ont identifiées, il trouve des façons de les mettre en valeur », estime Rhéaume.
« Ses principales forces, c’est son coup de patin et l’exécution des passes. Quand il utilise ses forces, dans le feu de l’action, il devient un défenseur très dangereux, pour nous. Il devient pratiquement un quatrième attaquant. »
Contrairement à Bernard-Docker et Thomson, Guénette n’évoluera pas dans les rangs professionnels, l’an prochain. Il aura besoin d’un peu plus de temps.
Combien ? C’est dur à prédire.
Vous savez, cette séquence de cinq années de « succès sans précédent » promise par Eugene Melnyk aux partisans ? Il devrait être en mesure d’y contribuer.