Chronique|

Préservons le mont Fortin

ÉDITORIAL / Saguenay possède une richesse inestimable dans l’arrondissement de Jonquière : le mont Fortin, avec sa station de ski accessible à tous, en plein coeur de la ville. Des générations d’athlètes y ont effectué leurs premiers slaloms ; des milliers de jeunes y ont passé leurs fins de semaine, leurs soirées, leur adolescence. Il fait peine à croire que le destin de cette infrastructure municipale soit en péril aujourd’hui, à l’ère des saines habitudes de vie et de la promotion de l’exercice physique chez nos enfants. Saguenay est-elle à ce point dépourvue de ressources qu’elle est incapable de taire, de façon catégorique, les rumeurs de fermeture de ce centre de ski urbain ?


Comme pour le mont Bélu à La Baie, le Tobo-Ski à Saint-Félicien ou le mont Villa-Saguenay à Alma, le mont Fortin est un acquis intouchable et les élus n’ont d’autre choix que de tout faire pour lui garantir un avenir.

Le 4 novembre dernier, en pleine séance publique du conseil de ville, le conseiller Michel Thiffault a énuméré un chapelet d’infrastructures vétustes et vulnérables dans le secteur de Kénogami. Le mont Fortin faisait partie de cette liste.



Ce n’est pas nouveau, la station accumule les déficits année après année. Ses équipements manquent cruellement d’amour et aucune équation économique ne justifie leur remplacement. Il ne faut toutefois pas aborder ce dossier avec l’oeil d’un grand argentier, mais plutôt avec celui d’un gestionnaire accompli, qui sait reconnaître la valeur sociale de ses avoirs.

Outre Michel Thiffault, d’autres élus ont maintes fois réclamé des investissements au mont Fortin, notamment l’ancien conseiller Claude Tremblay, le député Sylvain Gaudreault et la présidente d’arrondissement Julie Dufour. Mais jusqu’ici, les efforts déployés se sont traduits par des interventions ponctuelles, insuffisantes pour garantir la pérennité du site.

Ne serait-il pas temps de régler ce dossier une fois pour toutes, dans la mesure de nos moyens ?

Certes, il y aura des sacrifices à faire. La gestion du mont Bélu pourrait servir d’exemple en ce sens. Contrairement à la station de ski du mont Fortin, qui est administrée par la Ville, celle de La Baie est chapeautée par un organisme à but non lucratif. Il en découle une plus grande souplesse organisationnelle, mais surtout, un accès à des subventions ministérielles et à des programmes de développement.



Il ne fait pas de doute qu’une telle modification entraînerait de difficiles négociations avec les employés municipaux qui travaillent au site de Kénogami, mais le jeu en vaut la chandelle.

Surtout dans la mesure où la piscine extérieure du mont Fortin a atteint sa limite de vie utile. Pourquoi ne pas profiter de cet espace et l’adapter aux nouveaux besoins des citoyens ? Pourquoi ne pas capitaliser sur les parois rocheuses du mont Fortin pour l’escalade, par exemple ? Bref, pourquoi ne pas faire en sorte de multiplier les usages de ce site au potentiel indéniable, dans une optique annuelle plutôt que saisonnière ?

C’est la réflexion à laquelle les élus de Saguenay sont conviés en ce moment. Ces derniers ont certes d’autres chats à fouetter avec le budget qui sera dévoilé en décembre et les nombreux projets qui sont attendus, notamment le centre multisport de Jonquière, l’éventuel amphithéâtre de Chicoutimi, la future bibliothèque de La Baie et l’aménagement du secteur de Nikitoutagan. Mais à travers toutes ces priorités — et bien d’autres — il serait déplorable que soit oublié encore une fois l’avenir du mont Fortin.

En attendant, il appartient aux citoyens de Saguenay d’encourager leur station de ski locale en cette saison hivernale qui s’amorce prématurément. Ce sont eux qui, au-delà de toutes volontés politiques, donneront une véritable raison d’être à un projet de modernisation des installations, quel qu’il soit.