Nélanne Racine: faire parler le sous-sol

Nélanne Racine présente Éons – mémoires sonores tactiles jusqu’au 29 novembre, à l’Espace virtuel.

Avec son dernier projet exposé à l’Espace virtuel, cette moitié du Centre Bang située dans le Cégep de Chicoutimi, l’artiste Nélanne Racine fait parler un objet en apparence inerte, une roche. Éons – mémoires sonores tactiles s’intéresse à ce que peut nous raconter le sous-sol du Saguenay.


Le terme «éons» fait référence à l’âge de la Terre et aux grandes périodes géologiques. «La géologie, c’est une science qui raconte l’histoire», résume l’artiste à propos du sujet d’Éons, une aventure menée en collaboration avec Simone D’Ambrosio et Audiotopie.

Très ancré sur le territoire, ce projet a nécessité de la recherche sur le terrain, au Saguenay, grâce à des cartes disponibles sur le site Web du ministère des Ressources naturelles.



Cette sculpture interactive émet des sons en fonction des gestes posés par celui qui la touche.

«On a retrouvé d’anciennes mines sur ces cartes. Je voulais aller voir de mes yeux parce que je suis très préoccupée par ce qui se passe avec les projets miniers au Saguenay», explique Nélanne Racine.

Installation interactive

Plus précisément, l’artiste expose une sculpture interactive, destinée à être installée dans des espaces publics. Elle est composée d’une roche sise sur un socle hexagonal. L’oeuvre émet des sons quand on la touche.

Le principe derrière la sculpture est simple, mais une mécanique complexe se cache à l’intérieur. La trame sonore d’Éons s’adapte aux gestes de celui qui interagit avec elle.

L’exposition documente tout le travail derrière l’oeuvre.

«La sculpture a un comportement. Notre objectif est d’en faire quatre, que chacune ait son propre comportement et que, peut-être, elles interagissent entre elles », explique Nélanne Racine.



Cette exposition arrive à un moment où le projet n’est pas encore terminé. Pour employer une expression du monde des affaires, on pourrait dire que la phase de recherche et développement est complétée, et qu’il est maintenant le temps de déployer les sculptures sur le territoire.

«On a toujours eu en tête de les exposer à Chicoutimi, ajoute Nélanne Racine. On a fait toutes nos recherches autour du Saguenay. L’aspect sonore, visuel, c’est le sous-sol de la région.»

Si rien n’est encore certain, des discussions ont cependant débuté avec la Ville pour installer les quatre composantes d’Éons dans le centre-ville de Chicoutimi, probablement en 2020.

Le lieu dans lequel est exposé le travail de Nélanne Racine – l’Espace virtuel – n’a pas été choisi aléatoirement. La salle de la galerie, située à l’avant du bâtiment, est ni plus ni moins qu’un corridor passant. Il s’apparente à un espace public, croit Nélanne Racine.

«C’était une opportunité pour nous de l’essayer avec du vrai monde et de voir les réactions qu’on allait obtenir», indique l’artiste.

Processus de création

En dehors de l’objet en tant que tel, Éons – mémoires sonores tactiles est une exposition qui parle du processus de création et du travail de l’artiste.



Tout y est documenté et affiché sans gêne, des premières demandes de subventions refusées aux idées pour installer ces sculptures publiques dans la ville, en passant par les factures de déplacement et les prototypes.Le mur de la galerie montre plus d’un an d’efforts, d’essais et d’erreurs, de manière chronologique. Tout autant que l’oeuvre en elle-même, l’histoire qui est derrière elle fascine.

Éons – mémoires sonores tactiles est présentée jusqu’au 29 novembre.