La beauté du travail forestier

Les deux premiers tomes de Forest Gardeners documente le quotidien des travailleurs forestiers

Alors que la forêt boréale et ses travailleurs ont toujours été envisagés sous l’angle du développement économique, le photographe montréalais Sébastien Michaud y a vu du potentiel artistique. Il lance deux recueils à propos de ceux qu’il appelle les jardiniers de la forêt (Forest Gardeners 1 et 2), des petits livres qui sont à la fois des objets d’art et des documents avec une approche journalistique.


Sébastien Michaud est venu vivre quelque temps au Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2005. Il a imaginé sa façon de travailler lors d’un projet photographique réalisé dans un des endroits qui a fait connaître le village de Saint-Ambroise à l’extérieur du Saguenay.

« J’ai développé ma démarche au camping La Florida. C’est un mélange de rencontres avec les gens et de description d’un environnement, d’un milieu de vie », explique-t-il.

Sébastien Michaud (à droite) est accompagné de Thibaut Ketterer, avec qui il a fondé Les Éditions Bourrasques.
Les deux premiers tomes de Forest Gardeners documentent le quotidien des travailleurs forestiers
Sébastien Michaud a photographié les travailleurs des pépinières de conifères.

À Saint-Ambroise, il aperçoit des pépinières et des serres. Son oeil de photographe reconnaît les possibilités artistiques. Il applique donc la démarche artistique développée au camping aux employés sylvicoles, en documentant leur travail de début à la fin.

Les recueils Forest Gardeners sont en vente à la librairie Point de suspension.

Le projet Forest Gardeners commence avec la culture de pousses de conifère dans les serres, à la Pépinière Boucher. Elle se poursuit en forêt, où les travailleurs reboisent les terres, alors que l’on suit les employés de la Coopérative forestière de Petit Paris, à Saint-Ludger-de-Milot. Elle se terminera au moment de la récolte, dans un recueil à paraître probablement en 2020.

« J’ai vu qu’il était possible de faire des reportages, avec une teneur artistique, mais qui sont quand même accessibles à tout le monde. Même si je n’ai pas beaucoup de copies de mes livres, je veux que la région soit au courant, l’apprécie et me donne un retour. Je veux m’adresser tant au milieu de l’art qu’à la population », ajoute le photographe.

Dureté du quotidien

Les deux tomes, en vente à la librairie Point de suspension, sont semblables visuellement, mais se distinguent par le texte qui y est écrit.

Le premier est plus informatif. On y montre les différentes tâches que les employés de serres accomplissent. « Je suis moins entré en contact avec les travailleurs. Je les ai pris en photo à distance. Il y avait beaucoup de Mexicains et la barrière de la langue a eu une influence. Je suis allé avec des descriptions plus techniques, qui parlent du processus », précise Sébastien Michaud.

Le deuxième tome, quant à lui, montre le vrai visage des travailleurs. Les photographies ont saisi la dureté de leur quotidien. Pour y arriver, Sébastien Michaud est allé passer du temps avec eux.

« Quand j’ai commencé à travailler avec les reboiseurs, il a fallu que j’aille dans le camp, que je mange et dorme avec eux. Déjà, j’ai vu qu’il y avait un potentiel pour faire des textes avec plus d’émotion. Le deuxième, je voulais qu’on voie un peu plus l’effort, je voulais qu’on rentre un peu plus dans leur quotidien », ajoute-t-il, à propos de ces « jardiniers » qui disent presque tous apprécier le calme de la forêt.

« Les reboiseurs avaient un peu de méfiance au début, mais pas de honte. À force de me voir, d’aller parler avec eux, j’ai pu saisir quelque chose de particulier », relate-t-il.

À suivre

Le sujet du troisième tome est déjà arrêté. Il sera à propos de la récolte forestière et ira dans les scieries. On y mettra les cours à bois en valeur.

« Il va y avoir encore beaucoup de portraits, mais aussi des photos plus graphiques. Au niveau des textes, je ne sais pas encore à quoi ça va ressembler », lance M. Michaud.

Chaque livre est imprimé dans un petit tirage de 100 exemplaires, tous numérotés et signés par l’artiste. Ils ont été publiés par Les Éditions Bourrasques, une maison fondée récemment par Sébastien Michaud et Thibaut Ketterer pour donner de la visibilité à la photographie canadienne émergente.