Alors que la pénurie de main-d’œuvre sévit depuis plusieurs années dans plusieurs régions du Québec, elle se fait sentir davantage depuis deux ans au Saguenay, souligne Claudia Fortin, directrice du service aux entreprises de Promotion Saguenay.
C’est notamment le cas pour le Groupe Alfred Boivin, une entreprise spécialisée dans les travaux de génie civil, le transport spécialisé, le service opérationnel en usine et dans le traitement des sous-produits industriels, qui compte 650 employés. Malgré d’intenses efforts de recrutement, elle n’arrive pas à combler ses besoins de main-d’œuvre et, en décembre dernier, elle a décidé de tester le marché du recrutement international en participant à une mission organisée par Québec International. « C’est une des solutions à explorer pour combler nos besoins », a mentionné Stéphane Boivin, vice-président aux opérations.
Pour bien vendre la région aux candidats qui s’engagent dans un énorme projet de vie en venant s’installer au Québec, l’entreprise a demandé à Promotion Saguenay de l’accompagner. Après avoir rencontré une cinquantaine de candidats pour des postes de mécaniciens, l’entreprise a recruté trois nouveaux travailleurs, embauchés aux mêmes conditions de travail que tous les autres. « Outre les compétences des candidats, on cherchait des gens sérieux en ce qui a trait au projet d’immigration, en mettant l’accent sur la capacité d’intégration de tous les membres de la famille », ajoute M. Boivin, qui a accueilli un premier candidat il y a trois mois. Deux autres travailleurs viendront s’ajouter à l’équipe de travail du Groupe Alfred Boivin d’ici le 1er juillet, pour un total de 11 nouveaux arrivants au Saguenay, en comptant les conjointes et les enfants.
« Au-delà de l’expérience administrative et légale, le plus grand défi demeure l’expérience humaine, car ce sont des gens qui ont tout vendu pour refaire leur vie ici, ajoute l’homme qui croit que le succès d’une telle mission se trouve dans la capacité d’accueil. On doit faire en sorte qu’ils soient heureux dans leur nouvelle vie. »
Cette première expérience pour une entreprise saguenéenne et pour Promotion Saguenay a pavé la voie à une deuxième mission, qui s’est déroulée les 1er et 2 juin, encore une fois à Paris. Pour l’occasion, Promotion Saguenay a accompagné le Groupe Fabmec, tout en appuyant cinq autres entreprises régionales, soit Staca, Hydromec, Ubisoft, CGI et Produits forestiers Résolu.
Selon Claudia Fortin, 23 candidatures à fort potentiel ont été sélectionnées par les différentes entreprises. « On espère que les confirmations suivront au cours des prochains mois », note la femme qui souligne au passage que 24 000 emplois seront à combler dans la région d’ici 10 ans.
Ces deux premières expériences de recrutement international ont permis à Promotion Saguenay de se faire la main et l’organisme de développement économique entame maintenant une réflexion sur le rôle qu’il peut jouer pour l’accueil et l’intégration des travailleurs étrangers. « Plusieurs régions présentent un kiosque d’information lors de telles missions de promotion et on veut se positionner pour savoir quel rôle on peut jouer en ce qui a trait à l’immigration d’affaires », soutient Claudia Fortin.
Une chose est certaine, les besoins sont énormes et d’autres missions sont déjà dans la mire pour l’automne prochain, notamment en Tunisie, conclut cette dernière.
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CINQ BONUS BLEUET
En plus du recrutement de main-d’œuvre à l’international, les initiatives pour inciter les travailleurs québécois à s’installer dans le nord du Lac-Saint-Jean se poursuivent. Mercredi soir dernier, cinq nouveaux arrivants ont d’ailleurs reçu le Bonus bleuet, octroyé six mois après leur arrivée dans la région, et trois autres nouveaux arrivants ont aussi profité de l’occasion pour venir agrandir leur réseau social.
Après avoir passé plusieurs années à Vaudreuil, dans la région de Montréal, Lydia Dufour, une native d’Alma de 27 ans, a décidé de revenir au Lac-Saint-Jean avec son conjoint et son garçon d’un an. « On voulait sortir du trafic et améliorer notre qualité de vie », soutient la jeune femme qui s’est établie au bord du lac à Roberval.
C’est pour donner un coup de pouce aux nouveaux arrivants que le Carrefour jeunesse emploi des Bleuets et comté Roberval offre de l’aide aux jeunes de 18 à 35 ans qui viennent s’établir dans la région en offrant un chèque allant jusqu’à 300 dollars, six mois après leur arrivée. De plus, les néo-Bleuets ont aussi reçu un panier cadeau mettant en vedette les produits de Délices du Lac-Saint-Jean.
Lors de la soirée de remise des Bonus bleuet, trois autres nouveaux arrivants étaient aussi sur place pour tisser de nouveaux liens. Du nombre, il y avait Éric Audy, le nouveau directeur général de la coopérative de Chambord, qui a choisi de déménager à Roberval après un séjour de quatre ans à Chibougamau. Il y avait aussi Alicia Brindle Tessier, une femme de 35 ans qui fait un retour en région, avec son mari et ses deux enfants, après avoir passé 15 ans dans la région de Montréal.
Mansour Sogue, un Sénégalais arrivé au Québec en avril dernier, était aussi sur place, deux semaines après avoir décroché un contrat de comptable pour Plomberie R. Morris. L’homme, qui est arrivé à Montréal, a pu bénéficier du programme « Un emploi en sol québécois » pour entrer en contact avec l’entreprise de Dolbeau-Mistassini. « J’ai commencé mes démarches d’immigration en 2011 pour venir m’installer au Québec », a expliqué l’homme qui a hâte de découvrir la région.
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