MATANE – Jérôme Dupras alterne entre sa guitare basse et son crayon de professeur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée de l’Université du Québec en Outaouais. Le bassiste des Cowboys fringants manie aussi bien l’un que l’autre. Il trouve même son équilibre entre les deux.
«Ça a toujours été fait en parallèle, raconte le fondateur du populaire groupe au style folk-country et rock alternatif qui est titulaire d’un doctorat en géographie. J’ai un appétit pour la science et j’ai un plaisir fou à faire de la musique avec des amis. Il y a quelques années, entre mon bac et ma maîtrise, de 2002 à 2007, j’ai uniquement fait de la tournée parce que le groupe était vraiment en développement. Les études m’ont beaucoup manqué au terme de ces cinq ans.»
«J’ai repris les études graduées et, de fil en aiguille, ça m’a mené vers une profession qui a beaucoup de flexibilité, continue Jérôme Dupras. La carrière de professeur me permet de faire beaucoup de choses hors du bureau, sur la route. Donc, c’est compatible avec ma vie de musicien. Ça me comble totalement de pouvoir continuer à être créatif en art et en science!»
Fondation Cowboys fringants
Comme s’il n’en avait pas assez, le père de trois jeunes enfants préside la Fondation Cowboys fringants. «Cette fondation-là, c’est mon heureux mariage, estime-t-il. On fait des projets qui sont portés par nous et par d’autres artistes […] qui ont un ancrage dans la science. On développe des réseaux très structurés de scientifiques partout au Québec, qui nous aident à améliorer les projets qu’on fait, notamment sur le plan du reboisement. On a des programmes de plantation d’arbres qui sont en cours depuis le milieu des années 2000. Il y a des centaines de milliers d’arbres qu’on a mis en terre grâce à la Fondation. Il y a aussi […] cette idée d’accompagnement scientifique dans des projets […] qu’on veut se servir comme facteurs d’émulation pour les autres planteurs d’arbres, que ce soit l’industrie ou les pouvoirs publics.»
La Fondation Cowboys fringants mène de front un autre chantier: elle fait de l’initiation à la chanson dans les écoles secondaires du Québec, tout en donnant des ateliers de vulgarisation scientifique. «On fait un cycle de deux ans pendant lequel on choisit une thématique environnementale», explique le président de l’organisme. Ainsi, cette initiative a mené à la sortie, il y a deux ans, de l’album «Nos forêts chantées».
«On va dans les écoles, on fait des conférences sur la thématique […], décrit Jérôme Dupras. Un parolier s’en va dans les classes et fait émerger un texte collectif des élèves […] qu’on remet à des collègues artistes qui le mettent en musique et l’interprètent. Au final, on a un album collectif qui est vendu et tous les profits vont à la cause qu’on porte. […] Pour nous, c’est un processus très fort parce que les élèves partent d’une page blanche, d’une méconnaissance du processus créatif en musique, puis leurs mots deviennent une chanson qui joue à la radio.»