J’ai eu la chance d’être le premier participant au projet de course d’intégration en duo, lequel entend jumeler un usager du CRDP et un coureur pour 12 courses de la Coupe Autocar Jeannois. Cette initiative est possible grâce à L’Autre Défi, dont les profits ont permis l’achat d’un fauteuil spécialisé de course Kartus MKII, conçu à Sherbrooke. La septième édition, le 7 juin, pourrait déboucher sur une seconde acquisition, si la demande le justifie.
C’est France Potvin, du CRDP, qui a eu cette brillante idée après avoir lu, dans Le Quotidien, le reportage sur la participation de Marie-Michelle Fortin au Marathon de Montréal, avec ce même fauteuil. D’ailleurs, la Chicoutimienne sera du Marathon de Boston, lundi, avec l’ultramarathonien de Sherbrooke Sébastien Roulier.
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Et c’est Sandra Lévesque, directrice générale du Fonds de dotation santé Jonquière, qui a eu l’amabilité de m’inviter, moi, pour cette première.
J’ai donc écrit, propulsé par mon tandem de coureurs père-fils Gilles et Marc-Antoine Plourde, du club Jakours, le premier chapitre d’un partenariat très prometteur, à l’occasion de La Jakours Sports Experts Davis, tenue à Kénogami. Ensemble, nous avons parcouru cinq kilomètres en 25 minutes et 27 secondes, portés par la fougue – et les muscles – du fiston. Mais nous avons surtout vécu un moment unique, une communion particulière et de grande valeur. L’exemple parfait d’une inclusion positive.
Je me dois de remercier mes deux acolytes pour leur générosité. Ce sont eux qui ont fait tout le boulot ; l’usager n’ayant qu’à encourager. Rapidement, ils m’ont mis à l’aise et ont fait disparaître ma crainte d’être un boulet – surtout que je ne suis pas le plus léger. Cette fois-ci, ils n’étaient pas là pour battre leur record ; ils étaient venus, armés de leur empathie, partager leur passion avec moi.
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Impressionné par le fauteuil
Le Kartus MKII est né de la volonté du neurologue Marc Therrien de partager les sensations vécues lors d’activités sportives avec des personnes n’ayant pas la chance d’y prendre part. Un groupe d’étudiants a d’abord conçu un prototype, puis l’ingénieur Philip Oligny a produit une version améliorée dans le but de commercialiser la chaise Kartus. Il a ensuite lancé l’entreprise du même nom, et les Courses partagées de Sherbrooke ont vu le jour. Maintenant, M. Oligny travaille à étendre la portée du fauteuil.
« Un de ses buts est d’exporter le Kartus dans toutes les régions du Québec, pour qu’il y ait des courses en duo partout. Il était donc hyper content quand on l’a approché. En quelque sorte, on a devancé son intention », raconte France Potvin.
J’ai été impressionné par cet équipement, qui peut être emprunté au CRDP. Que ce soit en dévalant une pente à toute allure, en tournant de façon brusque ou en visitant un nid-de-poule, mon corps n’a jamais été déporté, et les secousses étaient très limitées. J’étais très confortable et avais pleine confiance en Gilles et en Marc-Antoine, qui ont « trouvé ça vraiment moins pire » qu’ils ne le pensaient, et ce, même dans les montées. La chaise répond très bien au mouvement du coureur.
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Il n’y a pas si longtemps
Les effets de ma maladie ne s’étant présentés qu’à l’âge de 23 ans, il n’y a pas si longtemps, je participais à ce genre de courses, sur mes deux pieds. Et j’adorais l’euphorie de la course sur route, que ce soit en solo ou lors d’événements comme celui de dimanche, qui a réuni quelque 200 coureurs. En 2011, à mon meilleur, je parcourrais 16 kilomètres en maintenant une cadence moyenne de 4min18s75 par kilomètre. À l’école secondaire, j’ai terminé deuxième au 1200 mètres, un souvenir de fierté immense. Même résultat à une course en 2012 à Jonquière.
La course à pied a été un des grands deuils accompagnant la maladie. Encore aujourd’hui, il m’arrive de ressentir l’envie d’aller courir, pour faire le vide et m’offrir de l’adrénaline. Mais mes jambes sont dans l’impossibilité de me répondre.
J’appréhendais donc le fait de m’y replonger, mais au final, je pense que ça m’a fait du bien. Comme si j’avais pu boucler ce chapitre et me réconcilier avec la course, troquant l’arrière-goût de deuil par un nouveau souvenir positif.
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À vivre
Pour les personnes qui vivent avec un handicap depuis leur naissance et qui sont plus lourdement atteintes, ça doit être toute une sensation de vivre une première course. Je suis donc convaincu que cette initiative comblera bien d’autres « co-coureurs » et est appelée à grandir.
« Je vois très bien des familles s’inscrire ou emprunter le Kartus, pour courir ensemble. C’est vraiment dans une optique d’intégration. Peut-être que des tandems vont poursuivre en s’entraînant et en faisant des courses un peu partout, comme Marie-Michelle et Sébastien », fait valoir France Potvin.
C’était une expérience à vivre. Une bouffée d’air frais ! J’ai eu le sourire fendu jusqu’aux oreilles toute la course, et l’arrivée a été sensationnelle, avec les artisans de ce partenariat qui nous attendaient pour capter nos premières réactions.
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Les autres coureurs nous ont encouragés, nous ont souri. Sans le savoir, Gilles, Marc-Antoine, France, Sandra et moi venions de les sensibiliser à la réalité des personnes handicapées. Et ça, ça vaut plus que n’importe lequel chrono !
Pour avoir de plus amples informations ou pour s’inscrire afin de bénéficier de cette initiative, il suffit de communiquer avec France Potvin au 418 595-7700, poste 2862.