« Nous devons être fiers des gens qui ont bâti cette ville. Le choix d’Hélène Pedneault est d’autant plus approprié qu’elle a été une artiste multidisciplinaire, ce qui correspond à la vocation des bibliothèques modernes, considérées comme des milieux de vie. C’était une personne importante et son dossier était bien ficelé. Sa nomination constitue une bonne nouvelle pour le milieu culturel », a souligné l’élu jonquiérois au cours d’une entrevue accordée au Quotidien.
Rappelons que le désir de perpétuer la mémoire de l’écrivaine fut d’abord exprimé par un comité dont faisait partie l’homme de théâtre Denis Leclerc, ainsi que bien d’autres personnes et organismes, en plus des membres de la famille Pedneault. Des échanges avec Jonathan Tremblay ont permis de le sensibiliser à la cause, si bien qu’en 2014, il a tenté — en vain — de convaincre l’administration Tremblay du bien-fondé de cette initiative.
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Une deuxième tentative a été effectuée, portant non pas sur la bibliothèque, mais sur la salle polyvalente qui se trouve près de l’entrée principale. Elle a également échoué, sans toutefois porter un coup fatal au projet. Après les dernières élections, le conseiller a relancé la nouvelle mairesse, Josée Néron, et senti une ouverture qui ne s’est pas démentie. Il restait cependant un écueil à contourner, soit l’absence d’une politique de nomination des lieux et bâtiments relevant de la municipalité.
« Il fallait déterminer les critères à partir desquels on pouvait leur donner le nom d’un individu. Comme je présidais les commissions Arts de la culture et du patrimoine, ainsi que Communautaire et vie de quartier, il a suffi de s’entendre avec la commission Sports et loisirs pour procéder à l’adoption de la politique l’année dernière. Entre autres, il faut que la personne soit décédée depuis un an et que l’équipement portant son nom soit lié au secteur d’activité où elle s’est distinguée », décrit Jonathan Tremblay.
S’agissant d’Hélène Pedneault, il était difficile d’imaginer un lieu plus en phase avec ses réalisations. Celles-ci comprennent la pièce de théâtre La Déposition, une biographie de son amie Clémence Desrochers, Notre Clémence, ses chroniques publiées dans la revue La vie en rose, ainsi que différents essais et témoignages, dont Mon enfance et autres tragédies politiques. En prime, elle a grandi au centre-ville de Jonquière, là même où a été érigée la bibliothèque qui portera son nom.
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Décédée le 1er décembre 2008, peu de temps après avoir fait l’objet d’un vibrant hommage dans le cadre du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Hélène Pedneault affichait ses convictions féministes, progressistes et indépendantistes avec une ferveur exemplaire. Il était donc naturel que cette force de la nature exerce une empreinte durable sur la vie sociale, culturelle et politique du Québec, ce que démontre le livre Qui est Hélène Pedneault ? , réunissant des témoignages recueillis par Sylvie Dupont.
Sa nomination sera formalisée lundi, à l’occasion de la prochaine assemblée du conseil municipal de Saguenay. Il restera ensuite à préparer la rencontre de presse pendant laquelle son nom apparaîtra sur la bibliothèque, une activité prévue pour le printemps. « Ce sera la première bibliothèque que nous nommerons sur le territoire et nous ferons le nécessaire pour que les gens sachent qui était Hélène Pedneault », promet Jonathan Tremblay.
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JOSÉE NÉRON D'ACCORD DÈS LE DÉPART
La mairesse de Saguenay, Josée Néron, se souvient du jour où le conseiller municipal Jonathan Tremblay lui a parlé d’Hélène Pedneault pour la première fois. L’élu jonquiérois n’a pas eu besoin d’effectuer un lobby intense pour obtenir un signal positif de sa part. D’emblée, elle a jugé pertinent de donner le nom de l’écrivaine à la bibliothèque municipale de Jonquière.
« Le nom d’Hélène Pedneault ne soulevait aucune équivoque. Cette femme amoureuse des mots, porteuse de convictions, de messages forts, a marqué son milieu. Je la trouve inspirante et aujourd’hui je suis très fière, en tant que mairesse et membre du conseil municipal, de confirmer sa nomination. Il s’agit d’un beau dossier qui trouve sa finalité », a-t-elle mentionné jeudi, à la faveur d’une entrevue accordée au Quotidien.
Outre les mérites de l’écrivaine et militante, elle a été interpellée par le groupe qui a plaidé en faveur de sa nomination dès 2014. Le fait que cette démarche émane de la communauté, qu’elle ait été portée par des gens qui connaissaient Hélène Pedneault, qui ont su mesurer la portée de son action, pourrait même servir de modèle, à ses yeux. « S’il y a d’autres édifices pour lesquels des groupes soumettent des noms, nous étudierons ces demandes », confirme-t-elle.
Le cas échéant, l’administration municipale disposera de balises claires, celles qui viennent d’être définies dans le cadre de la politique de nomination. « Nous voulons reconnaître les gens de chez nous qui ont fait une différence et profiter de l’occasion pour évoquer leurs réalisations, affirme Josée Néron. C’est ainsi que par le biais du choix d’Hélène Pedneault, nous la ferons revivre, en quelque sorte. »