En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Nouveaux pères a vu le jour en juin dernier, quelques semaines avant l’arrivée des poupons, qui font évidemment le bonheur de leurs parents. Lorsqu’ils ont appris que leurs conjointes Marie-Noëlle (Samuel) et Marie-Claude (Maxime) étaient enceintes, les vieux chums ont vu poindre l’opportunité de s’inviter dans l’univers du blogage parental, en y déposant un peu de leur couleur.
Pour mieux comprendre, il faut savoir que les deux papas de 29 ans nés, comme les bébés, à trois semaines d’intervalle, ont la plume facile. Ancien collègue du Progrès, Samuel Tremblay, devenu conseiller en relations publiques et gouvernementales chez TACT Intelligence-conseil, et l’enseignant et humoriste de fins de semaine Maxime Pearson manient le crayon avec agilité depuis des années.
Ils ont choisi de mettre en commun leurs compétences, leur créativité et leur vision de la paternité pour alimenter une nouvelle plateforme où sont régulièrement diffusés chroniques, blagues, clins d’oeil et vidéos. Tout le contenu est lié à leur nouveau rôle de père. Les textes sont agrémentés d’illustrations humoristiques et d’éléments infographiques issus du trait créatif de leur ami Guillaume Boivin.
Certes, Nouveaux pères n’est pas le premier blogue de papas à se tailler une place dans la webosphère et les auteurs ne sont pas débarqués avec la prétention de pouvoir réinventer la roue. Mais ce qui donne au projet un caractère unique est le fait que le contenu est à tout coup léger, positif et, il faut l’admettre, franchement très drôle.
«Ça faisait des années qu’on se cherchait un projet créatif. Par un beau hasard de la vie, on a appris qu’on allait devenir papa à peu près en même temps. En fouillant sur le Web, on s’est vite rendu compte qu’il y avait très peu de blogues qui nous rejoignaient. On voulait arriver avec quelque chose qui nous ressemblait, une plateforme de divertissement pour tous les parents et pour tous ceux et celles qui sont intéressés par la parentalité», a illustré Maxime Pearson, au cours d’une entrevue téléphonique réalisée en trio.
L’enseignant travaille et vit dans le Haut-du-Lac, tandis que son copain évolue dans le bureau de Québec de son agence. L’éloignement des comparses n’empêche en rien le travail de création et le développement du blogue, dont la popularité ne cesse de croître. Au contraire, affirme Maxime Pearson, cette nouvelle source de motivation et d’inspiration a rapproché les deux camarades et a dissipé cette barrière souvent dressée par la distance et qui, dans de nombreux cas, porte ombrage à l’amitié.
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CULTIVER LE POSITIF
En visitant Nouveaux pères, il ne faut pas s’attendre à recevoir des conseils sérieux sur la parentalité ni à lire du contenu rédactionnel pondu par des parents exaspérés.
«Il y a des dizaines et des dizaines de parents experts sur le Net. Nous ne sommes ni des experts ni des parents à bout. On crée du contenu humoristique au sujet de la parentalité, qui peut être un sujet très intense. Notre réalité, dans nos maisons et avec nos familles, c’est un peu la réalité de tout le monde. C’est universel comme sujet. On est des pères ordinaires, on n’est pas des vedettes, et c’est ce qui fait qu’on arrive à rejoindre les papas et les mamans avec ces anecdotes qui racontent notre quotidien de parents. Notre but n’est pas d’aborder des sujets polarisants ou de créer des controverses», explique Samuel Tremblay, qui insiste sur le fait que le duo n’a pas de visées moralisatrices.
«Notre plus belle paie, c’est quand les gens nous accrochent pour nous dire : ‘‘Vous êtes drôles, vous êtes cons!’’. Faire rire, c’est notre mission. On cultive le positif», poursuit celui qui a aussi campé le rôle d’attaché politique de l’ancien député péquiste Alexandre Cloutier.
Plusieurs adeptes
La page Facebook de Nouveaux pères compte 3000 adeptes. Même s’il s’agit d’un labo créatif masculin, les femmes aiment le blogue, s’y identifient et sont nombreuses à suivre les péripéties des Dolmissois. Ils ont récemment provoqué l’amusement généralisé au sein de leur communauté d’internautes avec une séance de déballage (unboxing) d’un paquet que leur a fait parvenir un fabricant de chocolat. Dans la vidéo, les papas blogueurs s’improvisent influenceurs, non sans quelques heurts, suscitant à la fois le rire et l’envie irrésistible de les suivre.
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DES MAMANS COMPLICES
S’exprimer avec légèreté et humour sur les travers de la vie de parent implique bien sûr le partage d’anecdotes et d’éléments réels tirés du quotidien de chaque famille.
On ne voit jamais les minois de Victor et de Marguerite, mais on peut lire des tranches de vie cocasses les impliquant et des chroniques qui dépeignent de façon décapante les hauts et les bas de la vie de parent. Par exemple, la page Facebook de Nouveaux pères a récemment publié des captures d’écran relatant le contenu d’une conversation par texto entre Samuel et sa conjointe, partie prendre l’apéro. Maman prend des nouvelles de « chouchoune » et, sur fond de mauvaise blague, Papa prétend que tout est sous contrôle, même si le duo père-fille a dû se rendre à l’urgence parce que bébé avait « de drôles de symptômes ».
Les mamans sont parties prenantes du projet, dans le sens où rien n’est publié sans leur aval.
« Elles sont notre premier public. Il y a un haut degré d’introspection dans ce projet et il fallait qu’elles soient d’accord. On évite d’aller sur des terrains assez minés et on teste toutes nos blagues sur elles avant de les mettre en ligne. Elles contribuent beaucoup au contenu parce que les gens aiment beaucoup les blagues », fait valoir Samuel Tremblay.
Vers d’autres projets
ENCADRE-texte: Le moment présent est beau et riche pour Maxime Pearson et Samuel Tremblay. En plus de les combler et les épanouir, leur rôle de père leur fournit l’inspiration nécessaire à l’écriture, une pratique essentielle à leur bonheur.
« Cette vie-là, je l’avais prévue, je l’avais planifiée. J’ai espéré être père toute ma vie et ce que je vis présentement cadre avec la réalité que je m’étais imaginée. Il y a des gens qui disent ‘‘Tu peux pas comprendre, t’as pas d’enfants.’’ Ce n’est pas vrai parce que même avant de devenir père, je savais que ce rôle-là venait avec de grandes doses d’amour », maintient Maxime Pearson.
Samuel Tremblay confie qu’il plane encore sur le nuage gonflé par l’émerveillement du premier bébé.
« Quand t’es rendu là, il y a beaucoup plus de positif que de négatif », constate celui qui croit qu’un jour, la famille s’élargira. Idem pour son acolyte.
Les auteurs veulent faire grandir le blogue. Ils ont récemment lancé un appel aux collaborations, destiné à des papas qui partagent leur ligne directrice, et qui aiment et savent écrire. Un projet de livre pourrait aussi suivre, confient les auteurs, qui ne veulent cependant pas faire preuve de trop d’empressement.