Comment cultiver la passion chez la relève

L’animateur Jacques Pinard, la directrice Angéline Fourchaud et son président Éric Couture.

TROIS-RIVIÈRES — Même si le thème de la culture forestière avait plutôt une saveur philosophique, la réalité terrain a vite teinté les interventions lors du congrès 2018 de l’Association forestière de la Vallée du Saint-Maurice tenu jeudi à Trois-Rivières. Et la question de la main-d’oeuvre a inévitablement été abordée dans les diverses présentations.


«Il y a un manque de relève», a lancé Érika Blackburn, superviseure Optimisation qualité chez Produits forestiers Résolu, à Rivière-aux-Rats. Celle-ci suggère d’ailleurs «d’impliquer les femmes», ce qui est le cas de plus en plus à son usine.

Des professeurs de l’UQTR ont même soumis certaines idées afin de susciter l’intérêt pour le domaine forestier dès le primaire et le secondaire.



Ainsi, selon Audrey Groleau, on pourrait contextualiser les travaux des jeunes alors que les domaines généraux des programmes de formation pourraient être associés au secteur forestier, que ce soit l’environnement, le vivre-ensemble, les médias, la santé et le bien-être ou, encore, l’entrepreneuriat.

Et celle-ci insiste pour que l’approche dépasse les simples mythes et réalités de la forêt, par la production de ressources adaptées et pertinentes, l’offre de mentorat «le plus tôt possible» et l’organisation d’activités.

Si son collègue Simon Barnabé a proposé de mettre l’accent sur les nouveaux produits afin de séduire les étudiants, Jean-François Audy y est allé de recommandations pour retenir cette précieuse main-d’oeuvre, une fois dénichée: faire appel à des professionnels en ressources humaines, assurer une formation initiale et continue de qualité, faire en sorte que les employés puissent participer aux prises de décision, faciliter la conciliation travail-famille, promouvoir une culture accueillante pour les femmes et les personnes issues de minorités, faire preuve de reconnaissance et valoriser les professions du domaine forestier.

Pour l’entrepreneur forestier, Louis Quintal, qui avait une formation en finances des HEC, mais qui avait payé ses études «en plantant des arbres et en débroussaillant», il n’était pas question de vivre en ville, d’où sa décision d’investir pour acquérir des équipements forestiers et de vivre de sa passion.



Même genre d’appel de la nature du côté de Mathieu Lamy-Bouchard qui a tourné le dos au monde de la santé pour devenir technicien forestier au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs à La Tuque. Quant à Éric Lampron, qui travaille dans le domaine bancaire, il aura acheté la terre de son père. Ce propriétaire forestier ne manque aucune occasion de vanter les vertus de la forêt.

Selon l’animateur du congrès, Jacques Pinard, la culture forestière pourrait être définie comme suit: un ensemble de connaissances, croyances, raisonnements et expériences que l’humain développe et intègre dans sa relation avec l’arbre, la forêt et plus largement le milieu forestier.

Au quotidien, dit-il, la culture forestière s’exprime donc à travers notre attachement à l’arbre et à la forêt ainsi que les connaissances que nous en avons.

Pour sa part, Maude Flamand-Hubert, professeure à l’Université Laval, a fait réfléchir les congressistes sur le fait qu’il n’existe pas une seule et unique culture forestière. Intitulée Un peuple en quête de culture(s) forestière(s), sa conférence a mis de l’avant la diversité des pratiques qui découlent des différents rapports entretenus avec la forêt.

Il a ensuite été question de la perception qu’a le public envers l’aménagement forestier. À cette fin, son collègue Étienne Berthold a présenté les premiers résultats de deux études en cours menées à la forêt Montmorency située à Québec. Les promeneurs étaient donc amenés à donner leur avis sur ce qu’ils voyaient dans le paysage. Il se trouve que les perceptions sont plus nuancées et moins négatives que ce à quoi on pourrait s’attendre.

«Ce congrès était une occasion de réfléchir sur les défis à relever pour mieux faire connaître et apprécier la forêt québécoise et s’assurer de susciter la relève dans les nombreux domaines d’emplois en relation avec le milieu forestier», a conclu la directrice de l’Association forestière de la Vallée du Saint-Maurice, Angéline Fourchaud.