Le président de la nouvelle société, Louis Bergeron, estime que l’échéancier fixé à 2022 est agressif. Par contre, il explique que l’annonce du début de la vaste consultation a pour objectif d’accélérer la définition d’un tracé tout en évitant les affrontements comme c’est souvent le cas pour les projets de transport de produits pétroliers.
« Nous voulons intervenir en amont pour consulter les communautés autochtones et les municipalités. Nous avons identifié un corridor qui varie de 30 à 60 kilomètres de large entre le nord-est de l’Ontario (région de Ramore, frontalière de Rouyn-Noranda), l’Abitibi et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Nous comptons sur la consultation des communautés pour déterminer le meilleur tracé », insiste M. Bergeron.
Gazoduq a du pain sur la planche pour cette consultation puisque le gazoduc doit traverser les territoires de 40 municipalités et huit communautés autochtones. Selon Louis Bergeron, au moins 90 % du tracé est sur des terres publiques. Certains tronçons se retrouvent toutefois dans des territoires revendiqués par certaines nations. Les communautés autochtones sont regroupées dans les nations atikamekw, algonquine et innue.
Dans un communiqué, la société souligne que « le corridor est éloigné volontairement des zones densément peuplées et prend en considération de nombreux milieux sensibles, tels que le lac Saint-Jean, le réservoir Gouin, le lac Abitibi, les aires de répartition du caribou forestier ainsi que les aires protégées et les secteurs d’intérêt récréatifs (zecs, pourvoiries, etc.). Par conséquent, le tracé final qui sera retenu évitera notamment les aires protégées et les parcs nationaux inclus dans le corridor d’étude ».
Le projet consiste en une conduite qui sera enfouie un mètre sous terre. Le promoteur doit être en mesure d’obtenir des communautés autochtones, des propriétaires privés et du gouvernement du Québec une emprise de 30 mètres de large sur tout le tracé où il est interdit de réaliser des travaux d’excavation et de construire des immeubles. Les agriculteurs qui acceptent le passage de la conduite ont toutefois la possibilité de poursuivre l’exploitation agricole.
La stratégie consiste donc à présenter aux instances réglementaires, soit le BAPE et l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, un projet qui bénéficie déjà d’une forme d’acceptabilité sociale. Gazoduq « a appris des erreurs » des autres promoteurs d’infrastructures de transport pétrolier. À chaque question, le président débute sa réponse par « contrairement aux autres projets ».
M. Bergeron explique qu’il y a une différence importante entre le transport de gaz naturel par conduite et celui de pétrole lourd. En cas de rupture, le gaz s’échappe et ne contamine pas l’environnement. Le pétrole peut créer des dommages beaucoup plus importants pour les terres et l’eau.
Il enchaîne en répétant que le projet de gazoduc a pour objectif d’alimenter une usine de liquéfaction qui utilisera de l’hydroélectricité dans son procédé. Il s’agit d’un projet offrant une valeur environnementale dans le contexte de la transition vers des énergies propres. Le marché de l’exportation est visé par GNL Québec.
Le projet soumis à la consultation aura une capacité de transport de gaz naturel de 1,2 milliard de pieds cubes par jour. Louis Bergeron confirme que l’infrastructure a une capacité excédentaire et que la porte n’est pas fermée pour offrir cette capacité au principal distributeur de gaz, la société Énergir.
Quant à la nouvelle société, le président Louis Bergeron affirme qu’il pourrait y avoir du mouvement au chapitre de l’actionnariat dans les prochains mois. Il s’agit d’un projet financé exclusivement par des intérêts privés et Gazoduq est disposée à ouvrir son actionnariat à d’autres partenaires privés pour la réalisation de cet ambitieux projet.