Dans le cas de l’artiste connue sous le nom de Corno, des mesures ont été prises rapidement. Sa galerie du Vieux-Montréal demeure ouverte et multiplie les événements. L’un d’eux a pris la forme d’une exposition temporaire, laquelle a permis de découvrir des toiles réalisées par Kristine Girard. Rappelons qu’elles ont été produites à l’aide du matériel de création de Corno, un legs dont a également profité le département d’arts visuels du Cégep de Chicoutimi.
Ajoutons l’exposition Corno & Warhol qui, l’an dernier, a témoigné de l’admiration de l’artiste pour son illustre devancier. S’appuyant en partie sur la collection d’affiches montée par l’historien d’art Paul Maréchal (maintenant propriété de la galerie), elle poursuit sa carrière au-delà du Québec. Une exposition a eu lieu l’été dernier, à Toronto, et d’autres pourraient suivre.
En parallèle, un ouvrage posthume de Guy Corneau, Mieux s’aimer pour aimer mieux, a été lancé récemment (voir autre texte). On voit donc que la disparition physique de la peintre et de l’auteur, si cruelle, si prématurée fût-elle, ne les a pas soustraits à l’oeil du public. Ils demeurent présents d’une manière différente, une nouvelle forme d’existence à laquelle leur soeur n’est pas étrangère.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/JDDCFGDYPRBETH4O745MMNXNAU.jpg)
« C’est rare qu’au sein d’une même famille, on retrouve deux personnes ayant connu une carrière internationale. Mon objectif consiste à leur rendre hommage, à faire tout en mon pouvoir afin de garder leur oeuvre vivante. Je veux qu’elle demeure dans la conscience collective, même quand je ne serai plus là », a-t-elle confié au cours d’une entrevue accordée au Progrès.
Une belle dernière année
Si le monde du livre et celui des arts visuels possèdent chacun leur respiration, il existe des points de convergence entre le frère et la soeur. L’un d’eux se rapporte aux documents qui ont jalonné leurs parcours respectifs. Des textes, des photographies, des contrats, toutes sortes de choses qu’il convient de mettre à l’abri pour assurer leur postérité.
« J’ai pris contact avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec afin de déposer les documents de Joanne dans leurs locaux situés à Montréal. Je veux faire la même chose avec les archives de Guy », raconte Line Corneau. Un autre moyen de perpétuer l’oeuvre de Joanne consiste en la confection d’un catalogue raisonné. Ce sera l’occasion de jeter un regard neuf sur son travail.
La liste des projets comprend aussi le tournage d’un documentaire consacré à Guy Corneau. « Des gens m’ont approchée à ce sujet », confirme sa soeur, qui réalise à quel point cet homme, tout comme Joanne, était apprécié du public. Elle doit également mettre à jour le site Web de Corno et renouveler la collection de tableaux que possède la galerie. Chaque fois qu’une oeuvre apparaît sur le marché, une réflexion est engagée. On se demande s’il serait opportun de l’acquérir.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/GMVI3MQTSVEUPOMFFIUVS7MRGI.jpg)
Mises ensemble, ces tâches représentent un défi auquel s’ajoute celui de la succession, une démarche complexe qui embrasse trois pays. À la retraite depuis quelques années, après avoir longtemps oeuvré au Cégep de Chicoutimi, Line Corneau possède l’énergie et la motivation nécessaires pour assumer cette responsabilité. Elle le fait en ayant une pensée émue pour eux, de même que pour sa mère, toujours alerte à 90 ans passés.
« Ça m’aide dans mon deuil, le fait que la dernière année de Guy et Joanne ait été belle. Guy avait retrouvé la paix, l’unité, le bonheur. Parce qu’il avait mis ses passions en avant, dont le théâtre, quelque chose de majeur lui était arrivé. Quant à Joanne, je sais qu’elle se voyait ailleurs, plus près de la nature, peut-être dans un autre lieu que New York. Jusqu’à la dernière minute, elle a été heureuse », se réjouit Line Corneau.