Au lendemain de l’ajustement annuel des contributions au régime public d’assurance médicaments du Québec et d’une rencontre des ministres de la Santé provinciaux où le sujet a été discuté, nous désirons réitérer l’urgence d’agir pour un meilleur contrôle de nos dépenses en médicaments et un accès plus équitable aux thérapies médicamenteuses.
En effet, encore trop de gens au Québec ont des problèmes à se procurer leurs médicaments en pharmacie, faute de moyens financiers (12 % de la population, selon le Commissaire à la santé). De plus, les primes des assurances collectives privées augmentent chaque année plus vite que les hausses de salaire… Et que dire du fait que deux Québécois qui entrent dans la même pharmacie avec la même prescription vont ressortir avec deux factures très différentes, selon que l’un soit assuré au régime public du gouvernement et l’autre avec un régime privé d’assurance médicaments ? Ces situations sont inacceptables, et les conséquences bien réelles sur l’équité dans l’accessibilité aux médicaments et le budget des ménages, du gouvernement et des employeurs. Pour ce qui constitue le deuxième poste budgétaire en santé, nous dépensons 35 % de plus que dans les autres provinces !
La solution est pourtant simple : faire comme tous les autres pays qui ont un système public de santé et y intégrer les médicaments. Les résultats seraient spectaculaires. Un rapport récent du comité permanent de la santé à Ottawa au titre explicite (Un régime d’assurance médicaments universel pour tous les Canadiens : une nécessité) atteste que « les coûts directs que doivent payer les particuliers seraient réduits en moyenne de 90 % ».
Par différentes campagnes en cours, des centaines de milliers de Québécois demandent l’action de leurs élus. À l’aube d’élections provinciales, nous enjoignons les partis à faire de ce dossier une priorité. C’est un enjeu non partisan. La solution est éprouvée, les pressions s’accentuent : ne reste que le pas final à franchir.
François Décary-Gilardeau, président, Union des consommateurs
Sonia Éthier, présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Jacques Létourneau, président, Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Daniel Boyer, président, Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ)
Carolle Dubé, présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Nancy Bédard, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)
Mercédez Roberge, coordonnatrice, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)
Caroline Toupin, coordonnatrice, Regroupement québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
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ÇA SENT LE PROFIT À PLEIN NEZ
Les conseillers en cannabis engagés par la SQDC (filiale de la SAQ) recevront 14 $ l’heure. Ce n’est pas loin du salaire minimum fixé à 12 $ et c’est tout de même assez loin du 19,58 $ que gagne présentement un conseiller en vin de la SAQ.
Qui plus est, on exigera de la part des futurs conseillers qu’ils aient un intérêt professionnel et une compréhension liée à la commercialisation du cannabis. Ils et elles devront aussi faire preuve d’aisance avec les outils technologiques et informatiques. Tout ça pour un salaire dérisoire, du moins si on le compare justement avec celui des conseillers de la SAQ qui font sensiblement le même emploi.
Avec le faible taux de chômage enregistré au Québec, qui remplira ces conditions ou qui voudra changer d’emploi pour gagner 14 $ l’heure ? Voilà la question qu’a soulevée judicieusement l’éditorialiste du Soleil de Québec, Brigitte Breton, dans un texte paru dans l’édition de mercredi du journal.
Il semble bien que la vente légale du cannabis générera de bons profits au Québec. Mais rien en comparaison avec les six producteurs de cannabis (dont 3 de l’Ontario) qui fourniront la SAQ et qui salivent déjà à l’avance devant les profits faramineux qu’ils feront. Ces nouveaux magnats du cannabis feront des affaires en or et n’auront que de bonnes pensées pour le père du pot libre au Canada, Justin Trudeau.
En espérant qu’ils auront aussi une bonne pensée pour nos conseillers en cannabis du Québec, payés 14 $ l’heure. Il y a là matière à vouloir en fumer du bon.
Yvan Giguère
Saguenay