«Cette mouvance qu’on a faite en 2014 était nécessaire», avance d’entrée de jeu Daniel Boyer, vice-président du conseil d’administration du Fonds de solidarité FTQ et président de la Fédération des travailleurs et travailleuse du Québec.
«En 1983, quand la Fédération a créé le Fonds de solidarité, il appartenait à la FTQ parce qu’il n’y avait que des actionnaires membres de la FTQ, poursuit-il. Mais aujourd’hui, le Fonds appartient à ses actionnaires. Il y en a 667 000 et ce ne sont pas tous des membres de la FTQ; ce sont des Québécois et des Québécoises qui mettent des sous au Fonds. Il a donc fallu adapter notre gouvernance en conséquence.»
Des changements structurels
Divers changements structurels ont été apportés à la gouvernance du Fonds de solidarité au cours des dernières années. La composition de son conseil d’administration a notamment été revisitée afin de favoriser son indépendance.
Aujourd’hui, le conseil d’administration est constitué de 19 administrateurs, dont le président et chef de la direction du Fonds. Depuis mai 2014, c’est Robert Parizeau, homme d’affaires réputé et expert en gouvernance d’entreprise, qui assume cette fonction.
«C’est un aspect très important, signale M. Boyer. Le président de la FTQ n’est plus le président du conseil d’administration; c’est une personne indépendante du Fonds et de la FTQ.»
Onze des administrateurs sont désormais élus par les actionnaires alors que par le passé, ils n’étaient que six. Quatre d’entre eux le sont à la suite d’un appel public de candidatures. Les sept autres sont des gestionnaires indépendants recommandés par le comité de gouvernance et d’éthique.
Sept administrateurs désignés par le conseil général de la FTQ s’ajoutent au groupe. Avant la réforme, ils étaient au nombre de dix.
D’après M. Parizeau, la centrale syndicale a fait preuve «de sagesse et de vision» en acceptant que les rangs du conseil d’administration du Fonds de solidarité FTQ soient composés de plus d’administrateurs indépendants.
«Le rôle de la FTQ dans le Fonds de solidarité, au début, c’était tout! Mais graduellement, le Fonds est devenu une très grande institution financière. Il a fallu repenser la gouvernance. […] C’est un peu comme dans une entreprise. La première et la deuxième génération bâtissent et quand on arrive à la troisième ou à la quatrième, il faut faire appel à des gestionnaires professionnels. Ça fait partie de l’évolution», commente-t-il.
De nouveaux comités
Outre la refonte du conseil d’administration du Fonds, trois nouveaux comités ont aussi été créés et se sont ajoutés à ceux existants. Il s’agit des comités de ressources humaines, gestion de risque ainsi que gouvernance et éthique. Ceux-ci ont chacun à leur tête un président indépendant du Fonds, de la FTQ et de ses syndicats affiliés et sont tous composés d’une majorité d’administrateurs indépendants. Les membres de la centrale syndicale y occupent tout de même une place significative.
«La vice-présidence de tous les comités est assumée par un représentant de la FTQ, souligne M. Parizeau. La FTQ est présente dans toutes les instances, et c’est absolument fondamental, mais c’est un rôle peut-être différent de celui qui a existé par le passé.»
«Dans chaque comité, il y a deux représentants FTQ et une grande majorité d’indépendants, précise M. Boyer. Notre rôle [comme représentant de la FTQ], c’est d’être le gardien des valeurs et de la mission du Fonds.»
Certains de ces comités comptent parmi leurs rangs des experts indépendants qui ne sont pas membres du conseil d’administration. C’est par exemple le cas dans les secteurs de la gestion intégrée des risques et de la gestion des actifs financiers.
D’après Robert Parizeau, le conseil d’administration du Fonds de solidarité FTQ est l’un des plus diligents qu’il ait connus au cours de sa longue carrière. «Le conseil exerce vraiment un rôle de supervision très actif, assure-t-il. L’année dernière, il y a eu entre 115 et 120 réunions de toutes les instances. C’est beaucoup!»
L’approbation des grandes orientations, politiques et stratégies d’affaires du Fonds occupe une part importante de son agenda. Jusqu’à ce qu’ait lieu la réforme, le conseil d’administration consacrait toutefois presque autant de temps à l’autorisation des dossiers d’investissement.
«On a donné beaucoup plus de pouvoirs aux comités d’investissement pour qu’on ait du temps au conseil pour s’intéresser à la planification stratégique et aux grands enjeux de l’entreprise», relève M. Parizeau.
Selon M. Boyer, cette mesure s’est avérée très bénéfique pour le conseil d’administration. «Depuis, on a beaucoup réfléchi à où on s’en allait, révèle-t-il. On a aussi beaucoup réfléchi à comment on pouvait impliquer davantage les actionnaires dans cette démocratie qu’est le Fonds de solidarité.»
Car intéresser les 667 000 actionnaires du Fonds de solidarité à ses processus de gouvernance demeure un défi de taille pour la société de capital de développement.
C’est notamment pour cette raison que depuis l’an dernier, l’assemblée générale annuelle des actionnaires est diffusée en ligne et que depuis septembre 2015, les actionnaires du Fonds ont la possibilité de voter par Internet pour participer à l’élection des quatre administrateurs issus d’un appel public.
Même si ces mesures ont permis d’augmenter le taux de participation électorale de 27,6 %, ces dernières sont loin de constituer une panacée. À titre d’exemple, l’an dernier, seuls 6130 actionnaires ont exercé leur droit de vote.
C’est pourquoi le conseil d’administration travaille à l’heure actuelle au développement d’une initiative pour mobiliser l’électorat. «Nous voulons aller chercher le maximum de participation de nos actionnaires et faciliter le vote de ces gens-là», confie M. Boyer.
Selon M. Parizeau, une annonce devrait être faite à ce sujet au cours de la prochaine année.