Voitures électriques: une région à essence

La faible popularité des VÉ dans la région, selon l’AVÉQ, est relié au faible nombre de bornes de recharge qui est actuellement à 25 bornes de 240 volts sur un vaste territoire.

Le bon vieux moteur à essence à l’origine de l’invention de l’automobile au début des années 1900 est encore loin d’être délogé par le moteur électrique au Saguenay-Lac-Saint-Jean puisque seulement 339 voitures électriques (VÉ) circulaient sur les routes régionales au 31 décembre dernier.


Selon les données publiées par l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ) à partir des immatriculations enregistrées par la Société de l’Assurance Automobile du Québec (SAAQ), la région figure dans le peloton de queue avec 12,2 VÉ par 10 000 habitants, une situation qui se compare avec la Côte-Nord où l’on retrouve 11,07 VÉ/10 000 habitants. En tête de liste figure la région de Lanaudière avec un taux de 46,21 VÉ/10 000 h., soit un parc de 2315 VÉ.

En entrevue, Martin Archambault, porte-parole de l’AVÉQ, observe que toutes sortes de facteurs expliquent la faible popularité des VÉ dans les régions périphériques. Le premier, selon lui, s’explique pour des raisons historiques d’autonomie, une croyance encore bien ancrée chez les automobilistes à l’effet que les voitures mises en marché ne pourront rendre leur conducteur à destination en raison d’une panne énergétique. Dans les faits, un VÉ de modèle Volt peut atteindre une autonomie de 380 km dans des conditions idéales pendant la saison chaude.« Au Saguenay, il se fait beaucoup de publicité pour de gros véhicules. Il y a la perception que les VÉ, ça ne fonctionne pas l’hiver », affirme-t-il.

Le second facteur qui explique la faible popularité des VÉ dans la région, selon l’AVÉQ, est relié au faible nombre de bornes de recharge qui est actuellement à 25 bornes de 240 volts sur un vaste territoire. Trois d’entre elles sont à recharge rapide (400 v.) à Saguenay, Roberval et Lac-Bouchette. « Lorsque je regarde la carte des bornes de recharge dans votre région, on constate que sur la route 172 entre Chicoutimi-Nord et Tadoussac il n’y en a aucune. Entre Tadoussac et La Malbaie, il n’y a rien. À Alma, on en retrouve deux. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean est drôlement organisé en terme d’infrastructures. » M. Archambault constate que la péninsule de Gaspésie, avec 77 VÉ seulement, dispose de bornes de recharge à tous les 50 km parce que des regroupements locaux ont pris les choses en main pour réclamer des bornes de recharge.

Il ajoute que des entreprises privées comme des chaînes de restauration, d’alimentation et de quincailleries ont investi pour installer des bornes à recharge rapide au coût de 50 000 $ l’unité par souci de marketing, sauf qu’il est impensable de compter uniquement sur le secteur privé pour se doter de telles infrastructures. « Les entreprises privées paient la moitié du coût d’installation d’une borne. À 50 000 $ la borne et avec des revenus de 10 $ par heure de recharge, ça prend 40 ans pour rentabiliser une borne. La probabilité de trouver des entreprises intéressées à rentabiliser une borne sur 40 ans diminue », explique-t-il.

L’AVÉQ estime qu’il est nécessaire de modifier le modèle d’affaires pour que le gouvernement du Québec soit cohérent avec son initiative d’inciter les citoyens à acquérir des VÉ avec une aide financière maximale de 8000 $. L’organisme croit que Québec doit subventionner l’aménagement de bornes en puisant dans le Fonds vert du Québec à même les centaines de millions $ qui s’y trouvent. Une pétition de 11 000 noms a été déposée à l’Assemblée nationale en milieu de semaine par le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, réclamant l’ajout de 2000 bornes à recharge rapidesur le territoire québécois.

Rappelons que dans sa stratégie, Québec cible la présence de 10 0000 VÉ sur les routes d’ici 2020. Le 31 décembre dernier, le parc de VÉ était de 21 812, dont 10 054 tout électrique et 11 758 hybrides rechargeables.

La faible popularité des VÉ dans la région, selon l’AVÉQ, est relié au faible nombre de bornes de recharge qui est actuellement à 25 bornes de 240 volts sur un vaste territoire.

Hydro-Québec mise sur la recharge résidentielle

Hydro-Québec n’entend pas traîner de la patte dans l’implantation de bornes de recharge publiques pour véhicules électriques (VÉ), mais mise parallèlement sur l’implantation de bornes résidentielles en offrant de l’aide financière aux propriétaires de ce type d’automobiles.

Simon-Olivier Batti, porte-parole d’Hydro-Québec, affirme que l’intention de la société d’État est d’installer 2 500 bornes de recharge rapide et régulière d’ici 2020 pour répondre à la hausse du nombre de VÉ. De ce total, 1350 sont déjà présentes. L’intention de l’entreprise est d’installer une borne à recharge rapide par tranche de 200 VÉ. « On voit qu’il y a un effet lorsqu’on installe des bornes. Ça rassure les conducteurs et les futurs conducteurs de VÉ.» Hydro-Québec mise sur le fait que 95 % des recharges seront effectuées à la résidence des propriétaires en soirée ou pendant la nuit et c’est pourquoi elle a mis sur pied un programme d’aide financière qui leur est destinée. Le porte-parole mentionne qu’une aide financière de 600 $ est possible pour l’achat et l’installation d’une borne résidentielle dont le coût global est estimé aux environs de 1000 $. 

En entrevue, le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, lui-même propriétaire d’un VÉ, souhaite qu’Hydro-Québec se dirige vers l’atteinte d’un objectif de 2000 bornes à recharge rapide, tel qu’exigé par la pétition de 11 000 noms déposée cette semaine.