Juste l’an dernier, celui qui assume les rôles de chanteur, guitariste et batteur sur scène, simultanément, a donné 80 spectacles sur le vieux continent. Plus d’une trentaine ont eu lieu dans la patrie des Stones et de John Mayall, un nombre équivalent au nombre de fois où le Québécois a joué dans des villes allemandes. À cet élan initial se sont ajoutés d’autres rendez-vous, si bien qu’en 2018, il sera plus facile de le voir ailleurs que chez lui.
« J’avais un plan. Dès le troisième volume de ma série Solo Recordings, je pensais aller à l’international, sauf que ça se passe plus vite que je l’avais anticipé, notamment en Angleterre. Après mon premier spectacle là-bas, trois agents m’ont soumis une offre et j’y retournerai pendant tout le mois de mai », a raconté Steve Hill il y a quelques jours, à la faveur d’une entrevue téléphonique accordée au Progrès.
Tournée reportée
L’une des conséquences de la forte demande en Angleterre tient au report de la tournée provinciale que le musicien comptait effectuer en mai, laquelle comprenait une escale à la Salle Desjardins-Maria-Chapdelaine de Dolbeau-Mistassini (11 mai). « Je m’y rendrai à l’automne », annonce-t-il. En revanche, l’agenda n’a pas bougé en ce qui touche mars et avril. Il jouera donc à la Salle Calypso de Jonquière (8 mars), puis au Théâtre Banque Nationale de Chicoutimi (20 avril).
« En Europe, j’ai le même agent que Joe Bonamassa, le bluesman qui attire les plus grosses foules ces temps-ci. J’ai signé avec une compagnie de disques en Angleterre, ainsi qu’un nouveau promoteur en Allemagne. En plus, je jouis d’une bonne visibilité dans les médias », mentionne Steve Hill. À ces atouts, il faut ajouter l’expérience acquise en solo, le fait que l’artiste maîtrise pleinement le créneau qui est devenu le sien.
C’est devenu sa marque de commerce, un élément distinctif qui l’a incité à renoncer temporairement à son projet de former un groupe. « Je pensais à le faire, mais ils veulent que je continue seul parce que ça va bien en Europe », confie-t-il. C’est donc en mode one-man-band qu’il se produira aussi en Italie, en France et en Espagne, tout en apparaissant en juin, en Allemagne, au Crossroads Music Festival.
Cet événement rassemble 12 000 personnes et la prochaine édition sera marquée, justement, par la présence de Joe Bonamassa, que le Québécois n’a jamais rencontré. « Le fait de me ramasser là après 18 mois, c’est extraordinaire. Comme l’Angleterre, l’Allemagne constitue un super bon marché pour le blues-rock », fait-il observer.
Un rythme exigeant
D’ordinaire, les tournées européennes de Steve Hill épousent la forme d’un blitz, genre 28 spectacles en 30 jours. Lui et ses deux techniciens passent tout ce temps dans une camionnette, avalent les kilomètres avant d’installer leur équipement dans une salle toujours différente, dans une ville dont ils ne connaîtront que les voies d’accès, un restaurant et un hôtel.
« Ça devient une réalité alternative et tourner de cette manière représente énormément de travail. T’es pas là en touriste et à la fin de la soirée, t’es tranquille. Dans ce contexte, tu ne peux pas mener une vie d’excès, le cliché qu’on associe aux rock stars », souligne le bluesman, qui a quand même eu la chance de jouer dans une salle deux fois centenaire à Hull, en Angleterre, et de retrouver une partie de ses racines lors de son passage dans le Yorkshire.
« Je viens de là du côté de mon père. J’ai vu l’église où mon arrière-arrière-arrière-grand-père a été baptisé », rapporte le musicien d’un ton enjoué. Il précise que le premier Hill qui s’est installé au Québec a marié la fille d’un missionnaire allemand, comme quoi ses tournées européennes le ramènent un peu chez lui, dans des régions où flotte une part de son ADN.
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Un premier album live enregistré
Steve Hill sortira son dixième album au début de mai, lequel possédera un caractère unique, tout en s’inscrivant dans le prolongement de la série Solo Recordings. Il s’agira de son premier live, en effet, le fruit d’un spectacle donné à Vanier à la toute fin de 2017. Seul sur scène, l’artiste avait livré une performance qui, pour une rare fois, l’a pleinement satisfait.
«Ça fait 20 ans que j’en enregistre, des live, et que je ne sortais jamais rien. Je n’étais pas content, alors que ce soir-là, j’ai joué dans des conditions idéales. Je n’étais pas stressé, la salle était bien et j’avais donné 130 spectacles depuis le début de l’année. Pour que ce soit à mon goût pendant 70 minutes, c’est ce que ça prenait», a confié le guitariste au Progrès.
Il invoque également les 800 sorties effectuées en mode one-man-band, insistant sur la différence entre ses premiers efforts et le produit livré de nos jours. Même en studio, on la sent, laisse entendre le musicien. «À l’époque du premier volume des Solo Recordings, mon son était basic, rudimentaire. Aujourd’hui, par contre, je sonne comme un groupe. Je commence à savoir ce que je fais», lance-t-il avec humour.
Le nouvel enregistrement - le titre n’était pas encore déterminé, le jour où l’entrevue a été réalisée - sera disponible ici, mais également en Europe. «Il me servira de carte de visite là-bas, de même qu’en Asie», anticipe Steve Hill. Il ajoute que les fans qui le verront dans les salles du Québec, en avril, auront l’occasion de se procurer un exemplaire avant tout le monde. Ils ne seront pas dépaysés en l’écoutant, puisque le programme de cette tournée se moulera étroitement au contenu du disque.
On y trouvera des extraits tirés des trois volumes de ses Solo Recordings, ainsi que des classiques du répertoire blues-rock. «C’est mon meilleur album», estime le musicien, qui traîne aussi dans sa besace un projet acoustique. Cet enregistrement réunira des compositions qui seront exécutées soit en solo, soit en groupe. La décision n’est pas encore prise. Daniel Côté