Prélart, jolis portraits et mélancolie à La Corniche

Maude Cournoyer revient à La Corniche avec une nouvelle série de portraits inspirés de sa vie. Ils sont faits à l’encre et à l’aquarelle.

Il y a des moments où un journaliste sent que la brièveté constitue la meilleure option, tant les photographies parlent avec plus d’éloquence que les mots. C’est le cas de ce reportage consacré à l’exposition collective présentée, jusqu’au 30 octobre, à la galerie La Corniche de Chicoutimi. Elle réunit des œuvres de Maude Cournoyer, Sara Létourneau et Magali Baribeau-Marchand, ainsi que de l’Américain Bill Miller.


« Ce sont tous des coups de cœur », souligne la propriétaire de la galerie, Chantale Hudon. Une fois de plus, elle a bénéficié des lumières du sculpteur Kevin Titzer, qui a assumé le rôle de commissaire d’exposition dans les dernières années. Maude Cournoyer, qui a soumis une dizaine de portraits réalisés à l’encre et à l’aquarelle, avait été intégrée à l’un de ses projets. Quatre des cinq œuvres proposées lors de sa première apparition à La Corniche avaient trouvé preneurs.

La Chicoutimienne est inspirée par sa vie, ce que laisse entrevoir un tableau représentant des jumelles. De son côté, Bill Miller affectionne les paysages, mais personne ne les montre de la même façon que lui, à l’aide de morceaux de prélart découpés avec soin. De loin, l’illusion est parfaite. Il faut se rapprocher de ses créations pour percevoir des textures générées par la superposition de plusieurs couches de revêtement.

« C’est la première fois que nous l’accueillons et ses tableaux rappellent les planchers de nos grands-parents en raison de leurs motifs, fait observer Chantale Hudon. Les gens croient qu’ils ont fait l’objet de retouches, mais ce n’est pas le cas. Toutes les couleurs proviennent directement du prélart, des sections assemblées par l’artiste. »

Tout comme Bill Miller, le duo formé par les Saguenéennes Magali Baribeau-Marchand et Sara Létourneau effectue ses débuts à La Corniche. Il occupe une grande partie de la salle d’exposition avec des installations, ainsi que plusieurs tableaux provenant d’une série ayant pour thème la courtepointe. Ceux-ci sont très jolis, avec leurs couleurs vives et leur formes géométriques. On ne dirait pas que la matière première a été prélevée dans des cimetières.

Il s’agit de fleurs artificielles trouvées par les artistes, qui s’abstiennent de recueillir celles qui reposent sur les sépultures. Elles en font des carrés cousus à la manière d’une courtepointe, ce qui génère des tableaux dont le look correspond à ce qui a été récolté sur un territoire donné. Les titres font d’ailleurs référence à leur provenance.

« Ce projet a commencé il y a deux ans et touche un large public. Les gens se rattachent à la représentation de la nature, de la vie, effectuée par l’entremise de la courtepointe. Ils aiment le côté fragile, pas fini, de ces œuvres laissant voir de la saleté, des traces de décoloration. Il y a aussi une charge émotive provenant du fait qu’à l’origine, ces fleurs ont été posées sur une tombe », explique Sara Létourneau.

Elle et Magali Baribeau-Marchand ont ajouté des maisons miniatures à l’intérieur desquelles ont voit pousser de l’herbe de blé. Il y a également un casier truffé de fleurs, une courtepointe géante et une charmante création intitulée L’arbre. Remontez le mécanisme et vous verrez du fil blanc s’enrouler au pied d’un sapin miniature pendant que résonnera la musique de Memory. Cet air mélancolique représente bien l’esprit qui imprègne le travail des deux femmes.