« C'est seulement à mon retour que j'ai réalisé qu'il y avait suffisamment de matière », a-t-elle confié jeudi, à l'occasion d'une entrevue accordée au Quotidien. Comme c'est son habitude, de nombreuses versions ont rendu le texte conforme à ses exigences. Des haïkus, ces poèmes japonais qui tiennent dans une poignée de syllabes, ont été ajoutés à l'ensemble.
D'une certaine manière, ils sont à l'origine de ce projet, puisque Danielle Dubé pratique cet art depuis une quinzaine d'années. C'est d'ailleurs à la suite d'un camp littéraire de haïku tenu à Baie-Comeau qu'elle s'est retrouvée au sein du groupe qui s'est envolé pour le Japon. Pendant trois semaines, il a sillonné le pays pour le plaisir d'apprivoiser une autre culture, de découvrir une société complexe, fascinante et parfois déroutante.
« J'aime voyager en écrivant et c'est ainsi qu'à tous les matins, je revenais sur les événements de la veille. Plus tard dans la journée, il m'arrivait de produire des haïkus. Je les ai intégrés au livre », raconte l'auteure, dont le séjour a commencé à Hiroshima. Ce fut l'occasion d'un premier choc pour cause d'explosion nucléaire. Même si sept décennies nous séparent de l'été 1945, on ne fréquente pas impunément le lieu d'où s'est élevé le sinistre champignon.
« Nous savions que nous marchions sur les cendres des morts en dépit du fait que devant le fameux dôme, là où un parc a été aménagé, rien ne paraît. C'était touchant, aussi, de voir le film de l'explosion qui est projeté au musée », fait observer Danielle Dubé, qui a vécu un autre temps fort dans la mer du Japon, sur l'île de Miyajimi.
Cet espace sacré qui abrite un sanctuaire et des daims sauvages que nul n'est autorisé à toucher est devenu une attraction touristique. Néanmoins, il produit une forte impression sur les visiteurs, d'autant qu'une immense porte de bois marque le passage entre le monde des morts et celui des vivants. « On se sent dans un monde étrange où le sacré existe, où on respecte l'architecture. Cette culture ne refuse pas son identité », mentionne l'auteure.
Elle parle d'un pays « énigmatique et paradoxal », à la fois moderne et insulaire, où la communication est difficile pour qui ne maîtrise pas la langue. Et bien sûr, c'est la patrie du haïku, dont l'origine remonterait au 10e siècle. « C'est un héritage des chants anciens, ceux qu'entonnaient les femmes », précise Danielle Dubé.
Ciel de Tokyo est publié par Lévesque Éditeur et sera en librairie à compter du 20 septembre. Ce jour-là, justement, un triple lancement aura lieu à 17 h, à la Marina de Chicoutimi. Organisé par l'Association professionnelle des écrivains de la Sagamie, cet événement réunira Danielle Dubé, ainsi que Marjolaine Bouchard et Isabelle Larouche, auteures d'Amours empaillées, tome 2, ainsi que de Prophéties. L'animation sera assurée par Cynthia Harvey.