«Une belle tape dans le dos.» C'est ainsi que Laurie Caron, Hubert Marceau et Alexis St-Gelais, tous diplômés en chimie de l'Université du Québec à Chicoutimi, ont accueilli cette distinction, reçue le 17 novembre.
«On est encore contents. On est surtout surpris de toute la reconnaissance et de tous les messages que les gens nous envoient. On ne pensait pas que ça ferait autant de bruit», commente Laurie Caron, directrice administrative de PhytoChemia, deux semaines plus tard, lors d'un entretien téléphonique auquel ont aussi participé ses deux partenaires d'affaires.
Selon Hubert Marceau, directeur du développement, cette reconnaissance ouvre des portes à la jeune entreprise. «Ça nous permet d'asseoir notre crédibilité comme expert dans le domaine», ajoute Alexis St-Gelais, directeur scientifique.
L'honneur était également accompagné d'une bourse de 20 000$, un montant que l'entreprise n'a pas tardé à investir. «On a déjà passé des commandes pour acquérir de nouveaux équipements, partage M. St-Gelais. Ce sont des commandes qu'on remettait à plus tard, et ça tombe bien, car on a encore une augmentation des demandes d'analyses. Ça nous permet de surfer sur la vague.»
En effet, le Laboratoire PhytoChemia est sur son erre d'aller. Dans la dernière année, plus de 20 0000$ ont été investis pour développer de nouveaux services et consolider ceux déjà offerts, et le nombre d'emplois a doublé, tout comme le chiffre d'affaires de l'entreprise.
La croissance est telle que les jeunes entrepreneurs doivent se pincer pour y croire. «On regardait les chiffres avant l'entrevue, et ça nous a fait rire de voir tout le chemin fait en trois ou quatre ans. Ç'a été beaucoup plus vite que prévu. Après trois ans et demi, on considère qu'on a dépassé où on pensait être après cinq ans», révèle Alexis St-Gelais. Et sa collègue Laurie Caron ajoute: «Ç'a explosé. On ne pouvait s'attendre à ça.» Au tour du troisième acolyte de renchérir: «Même les prévisions les plus optimistes, on les a dépassées.»
Projets
Pour les trois actionnaires, il n'est pas question de s'arrêter en si bon chemin. Ils étudient plusieurs options pour diversifier leurs services.
«Il y a quelques avenues qu'on analyse, reconnaît Alexis St-Gelais. Un des grands défis qu'on a en chimie naturelle, c'est d'avoir accès à des standards de référence. On aimerait en produire.»
«En 2017, on prévoit déménager dans de nouveaux locaux», ajoute Laurie Caron.
PhytoChemia mise également sur la légalisation du cannabis, promise par le gouvernement fédéral, pour élargir sa part de marché au Canada.
Plusieurs avantages dans la région
Laurie Caron, Hubert Marceau et Alexis St-Gelais ont la région à coeur et voient «beaucoup d'avantages à développer une entreprise au Saguenay-Lac-Saint-Jean».
Le trio espère jouer un rôle d'ambassadeur dans la région. «C'est super important pour nous que notre région soit au courant de ce qu'on fait, parce qu'on veut employer les jeunes d'ici. On a aussi un sentiment d'appartenance assez élevé. Ça, ça n'a pas de prix», lance Laurie Caron.
«On espère aussi inspirer d'autres étudiants en chimie de la région à mettre de l'avant leurs connaissances dans un projet d'entreprise, ajoute Alexis St-Gelais. On est prêts à aider là-dedans. On est dans un secteur assez nouveau qui a un fort potentiel.»
Selon Hubert Marceau, le directeur du développement chez PhytoChemia, les frais de fonctionnement sont moindres en région. «Il ne faut pas négliger les avantages de la région. On est bien ici. On a été élevés ici. On aime l'ambiance, le mixte entre la ville et la campagne. Les coûts fixes d'opération sont plus bas aussi, puisque le coût de la vie est inférieur, notamment les locaux. On est ainsi capables d'offrir des salaires concurrentiels», met-il en relief.
Leurs conseils: ne pas avoir de complexes vis-à-vis les plus grands centres, chercher à percer les marchés internationaux, ne pas sous-estimer l'expertise régionale et utiliser les ressources disponibles.
«Ce n'est pas plus facile, ce n'est pas plus difficile ailleurs. Il suffit d'avoir confiance en nos capacités», résume Hubert Marceau.
«Dans notre cas, on a trouvé notre marché là où on ne s'y attendait pas, aux États-Unis. On n'est pas obligés d'être dans les grands centres pour y avoir accès. Il est possible de faire des affaires avec des acteurs de partout dans le monde à partir du Saguenay-Lac-Saint-Jean», conclut Alexis St-Gelais.