À la découverte de la 11e chute

La 11e Chute de la rivière Mistassini.

CHRONIQUE / Il fait -4° à Notre-Dame-de-Lorette en ce 27 octobre. Nous avons rendez-vous à 9 h pour aller visiter le chantier de la centrale hydroélectrique que l'on appelle «de la onzième chute».


C'est le deuxième projet communautaire de centrale au fil de l'eau dans la région avec Val-Jalbert. Ces installations ne nécessitent pas de noyer un territoire: une partie de l'eau de la rivière est détournée de son lit, le temps de traverser les turbines de la centrale. Elle rejoint le cours d'eau quelques centaines de mètres plus loin. Le comité de suivi, dont je fais partie, est constitué de riverains, de représentants des autochtones et d'organismes de défense de l'environnement, du promoteur et du coordinateur. Les visites de terrain permettent de voir l'avancement des travaux et de constater les précautions prises pour que le projet respecte les règles, les humains et l'environnement. J'apprécie énormément de voir le travail réalisé par ces quelque 70 personnes qui s'affairent sur le site cinq jours par semaine. Chacun sait ce qu'il doit faire pour construire une montagne, là où la nature avait juste placé un cran sans le savoir et sans le vouloir. Dans les conversations de ce matin-là, nous avons appris ce qui avait été mis en place pour faire face aux inondations annoncées de la semaine précédente. Un coup d'eau aurait pu emporter dans la rivière des outils, des infrastructures temporaires, du bois, des conteneurs... Un plan tempête a été exécuté pour mettre tous les équipements à l'abri, une cellule de crise a été constituée et une personne est restée sur place toute la fin de semaine. Quand nous sommes arrivés, bottes avec cap d'acier, dossard et lunettes règlementaires enfilés, nous avons pu voir la rivière démontée, mais aucun dégât n'a été constaté et les mesures plus extrêmes, comme une digue temporaire, n'ont pas dû être mises en place, car les précipitations ont été moins abondantes que prévu.

Pas de dépassements de coûts ni de temps



Lors de la réunion qui a suivi la visite, nous avons appris que les travaux se passent dans les temps et les budgets prévus. Ce sont des entrepreneurs de la région qui bénéficient des contrats de construction. Un des membres du comité, qui n'était pas du tout convaincu par le projet au départ, a constaté à quel point le souci des gestionnaires pour tout ce qui se passe en lien avec la construction est bien pris en considération, combien ses demandes sont suivies rapidement et combien les correctifs apportés sont appropriés.

La 11e chute, c'est un petit projet, communautaire et à échelle humaine pour une production d'électricité qui permet un développement local bienvenu. Les retombées de cette centrale, comme celle de Val-Jalbert d'ailleurs, permettent aux municipalités participantes de bénéficier de revenus qui couvrent largement les sommes empruntées en plus de leur permettre de financer des nouveaux projets. Ainsi la minuscule municipalité de Notre-Dame-de-Lorette va pouvoir aider un entrepreneur qui voudrait venir s'installer là-bas. Si l'éloignement est un plus pour vous, si vous aimez les petites communautés, si vous voulez vous éloigner de la ville et que vous en faites un projet de vie, si vous avez des envies d'agriculture nordique ou que vous souhaitez opérer un petit dépanneur par exemple, vous serez accueillis là-bas les bras ouverts. Si vous avez l'occasion de faire partie du comité de suivi d'un projet de développement, n'hésitez pas. Le promoteur de la 11e chute est exemplaire, il a à coeur de bien faire ce qu'il fait. Mais tous les projets ne se déroulent pas aussi bien. Alors faire partie d'un comité de suivi c'est se donner la chance de contribuer à un développement régional plus vert, plus humain et mieux compris.